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Billet de blog 3 septembre 2025

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Ce que nous léguons à nos enfants et aux générations « avenir »

La dette française est l’occasion pour le premier ministre François Bayrou de rappeler que si nous ne réglons pas le problème de la dette, nous en transmettons la charge aux générations futures.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La dette française est l’occasion pour le premier ministre François Bayrou de rappeler que si nous ne réglons pas le problème de la dette, nous en transmettons la charge aux générations futures. Mais déjà, à Johannesburg, Jacques Chirac déclarait en ouverture du IVème Sommet de la Terre, en septembre 2002 : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». En vain !

De fait et depuis, rien ne s’est réellement amélioré car rien de fondamental n’a changé dans les esprits. Si bien que notre développement en parasite intégral de l’Homme et de la planète a conduit l’humanité dans une impasse existentielle majeure, dans une crise du sens que nous n’avons pas le courage de regarder en face !  

Incapables de réfléchir par nous-mêmes et d’élever notre niveau de conscience, enchaînés par écrans interposés à nos conceptions de l’Homme, du divin et de la Vie, nous en idolâtrons les oracles. Mais nous ne voulons plus payer le coût de notre démission individuelle et collective. Dans le déni, nous refusons de considérer notre œuvre, de regarder les fruits de notre travail pour lesquels le grand nombre sacrifie son existence contre si maigres rémunérations et absence de reconnaissance !

Pour transmuter la Vie en or qui s’accumule dans les poches de quelques individus et dans des paradis fiscaux, nous avons pollué les sols, l’eau, l’air, notre alimentation, les corps et les esprits. Nous avons laissé l’injustice, les discriminations et les inégalités, donc les frustrations, le stress, nos peurs et nos haines proliférer. Tournant le dos à la Vie, dans un coin de notre si peu de conscience, dans ce que nous appelons la boite de Pandore, nous avons alimenté et laissé se multiplier nos démons. En laissant la qualité du fond humain se dégrader chaque jour un peu plus, le nôtre tout autant que celui de l’Autre, nous avons œuvré à notre propre déshumanisation. Et, parce que nous invalidons le credo libéral au vu de ce qu'il produit pour nous-mêmes, la démocratie libérale s’écroule. Mais en l’absence de remise en cause fondamentale et de réflexion digne de ce nom, nous, l’humanité, avons ouvert le couvercle de la boite de Pandore et son contenu se répand dans le monde. Ambiance ! Ukraine, Gaza, Soudan, Iran, USA, Turquie ... "bloquons tout"!

En plaçant notre développement social à la remorque de notre développement économique, nous avons alimenté l’illusion de paraître, grand et puissant ou au contraire déclassé, démuni et faible. Car c’est en piétinant et en abaissant l’Autre que se hiérarchise la pyramide sociale qui se donne le "rêve américain" comme symbole de réussite.  Ainsi, notre conception de l’Homme et de la Vie, conception libérale, matérialiste, individualiste et mercantile nous enferme dans la logique du « toujours plus ». Mais notre boulimie consumériste ne parvient pas à combler notre vide intérieur, ni à tromper notre insatisfaction existentielle, ni à donner sens à nos vies d’esclaves, contrepartie à l’illusion de facilité dans laquelle nous entretient notre adhésion à l’idéologie libérale, à l’illusion de paraître !

Par l’idéologie libérale nous avons mondialisé un marché de dupes. Afin de répondre à nos attentes insatiables, les pouvoirs politiques que nous avons élus, ont poussé et poussent au développement économique dont nous faisons dépendre notre développement social et l’illusion de grandeur et de puissance de la nation. Après la chute de l’URSS, les gouvernements des démocraties ont organisé la ruée vers l’or. Pour établir la raison du plus fort et le bien-fondé de leur « développement », ils ont signé des lettres de courses aux marchands et aux banquiers, aux majors de l’industrie, pour qu’ils se lancent à la conquête du monde et ramènent leurs parts de butin de la mise en coupe réglée de l’humanité et de la planète. Cette collusion du politique et de l’économique établie sur l’exploitation des ressources planétaires et des peuples a permis la montée en puissance et l'ingérence du pouvoir économique dans la gouvernance des peuples. Pouvoirs économiques qui aujourd’hui ont pris ou cherchent à prendre le pouvoir politique afin de renvoyer les peuples à leur fonction d’assurer la toute-puissance à laquelle aspirent ces nouveaux prédateurs.

Portée par les démocraties, la conception libérale de l’Homme et de la Vie a gangrené tous les esprits. Prenant les plus grandes libertés avec l’humain, au nom de la sacro-sainte croissance, la valeur de l’existence humaine s’est effondrée, ponctionnée par l’impératif versement des dividendes de ce marché de dupes mondialisé ! Manipulée avec cette facilité que donne le besoin de consommer pour avoir le sentiment d’exister, empêchée de sortir de l’ornière de la pensée unique creusée et tracée par la raison du plus fort, la réflexion individuelle s’est réduite à sa plus simple expression, supplantée par la consommation effrénée de prêt-à-penser. Alimentée par la mal-bouffe de fake-news, de mensonges et d’incitations à consommer toujours plus, la conscience de soi, de l’Autre et de « ce qui est » réellement s’est effondrée.

Aussi la Vie reflue de la planète parce que la conscience de soi et de nos responsabilités vis-à-vis de l’humain et de la planète, reflue !

La démocratie libérale est un système de pouvoir parmi les autres. C'est l'ultime concession que la raison du plus fort pouvait accorder à l'humain pour garder la main et ne pas se saborder. Qu’elle s’affuble des qualificatifs « humaniste » ou « sociale », la démocratie a pris les plus grandes libertés avec l’humain, avec la conscience de soi et de l’Autre, avec notre raison d’être sur cette planète, avec le sens de la Vie. Pour avoir voulu dominer le monde, elle a créé, nous, l’humanité, avons créé ce qu’il est aujourd’hui. Une conception de la liberté, garantie par un système de pouvoir est-elle la Liberté responsable car consciente ?

Sous la houlette libérale l’humanité fonctionne comme un système de Ponzi, comme une tour de Babel. Chacun n’y parle que la langue de son propre intérêt qui l’oppose à la Vie, à sa propre vie ! Le développement de l’humanité a donc dépassé les limites de ce que peut donner notre planète nourricière dépecée pour faire du profit ! Notre développement a atteint ses limites qui sont celles de nos illusions, celles de notre mensonge sur la réalité de l’Homme et de la Vie. C'est le "Big Crunch", l'effondrement de l'humanité dans l'infra-conscience et l'infra-existence qui en découle.

Et au lieu d’ouvrir les yeux et d’essayer de donner des clés d’avenir aux jeunes et à nos enfants pour qu’ils puissent commencer à remédier à nos démissions individuelles et collectives, nous inscrivons leurs existences dans le système de prédation mondialisé auquel nous participons tous et toutes, chacun et chacune à son échelle, à son niveau de nuisance, à son niveau d’infra-conscience.  Nous voudrions qu’ils prennent notre relève !

Un fait est : une conception de l’Homme, du divin et de la Vie, religieuse ou idéologique, voire scientifique, n’en est pas la réalité mais un ersatz, une illusion, un mensonge, une représentation intellectuelle élaborée par la raison du plus fort, par l'homme hypercérébralisé, dans son seul intérêt ! L’homme, la conscience-existence humaine qui fonde l’individualité, le « Je suis » de chacun et de chacune, n’a pas été créé pour détruire le miracle de la Vie dont il est la quintessence, mais pour l’enchanter en laissant se déployer et se révéler le potentiel de Vie qu'il ou elle recèle en son intériorité, cet inconnu et ce meilleur de soi qu'il appartient à chacun et chacune de laisser s'exprimer et se manifester.

Parce que nous laissons à d’autres que nous-mêmes le soin de tenir les rênes de nos existences, parce que nous démissionnons des responsabilités qui sont les nôtres, individuellement et collectivement, nous complotons tous et toutes contre la Vie, contre nos enfants, contre les générations à venir ! À la suite de faux-prophètes nous sommes tous et toutes à vouloir changer de pouvoir, à vouloir conquérir le pouvoir pour imposer à l’Autre nos conceptions de l’Homme et de la Vie. Ainsi, une fois de plus, l’humanité est passée de la guerre économique à l’économie de guerre alors que le défi de la réalité de l’Homme et de la Vie se pose à elle ! Sur cette planète de l’Univers, nous nous apprêtons à mettre un terme définitif à l’odyssée de la conscience-existence humaine ! Or, qui a vu la justice, l’égalité et la fraternité universelle des humains sourdre d’un système de pouvoir ? Qui a répondu aux questions existentielles qui se pose à tout humain ? Les pouvoirs politiques ? Économiques ? Religieux ? La science?

Le pouvoir s’exerce toujours aux dépens de qui s’y soumet ou y est soumis de force ou par culture, que ce soit au niveau de la nation, de la communauté religieuse ou de la cellule familiale. Le pouvoir n’existe que par le contrôle des consciences ce qui permet l'exploitation de l’ignorance ainsi générée et des existences pour donner semblant de vie à ce qui n'en a pas: la conception de l’Homme, du divin et de la Vie qu’il impose.

Lèguerons-nous cela à nos enfants et aux générations « avenir » si tant est qu’elles en aient un parce que, tournant le dos à la Vie, c’est l’obscurantisme et la mort que nous faisons venir ?

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