Ma conscience est à même de dire ce qui l’affecte. Et au vu du spectacle de ce monde, mon humanité et ma planète « saignent », d’autant plus que les remèdes qu’il entend apporter au mal qui le ronge le rapprochent de l’issue fatale.
Dans le déni, c’est-à-dire dans le refus de conscience, l’humanité refuse d’ouvrir les yeux sur la cause réelle, humaine, du mal qui la ronge, elle et le miracle de la Vie. Nous refusons de voir que ce « développement » en contre-sens de la Vie auquel nous consacrons nos existences et dont nous attendons salaire, a endormi la conscience de soi et de l’Autre, la conscience de ce que l’amour responsable, l’amour devoir, seul à même d’unir l’un à l’Autre, fonde notre humanité et notre besoin de reconnaissance. C'est en cet amour que s'enracine notre espérance profonde, l'espérance du monde !
En effet, pour essayer de combler notre vide existentiel nous entretenons, avec notre boulimie consumériste, l’illusion de paraître, l’illusion de vivre selon la conception libérale de l’Homme et de la Vie à laquelle nous adhérons de moins en moins pour l'avoir expérimentée et pour en avoir goûté les fruits. La cohésion de la nation repose en effet sur le consensus suivant lequel nous devons assurer la croissance économique dont dépend notre contrat social. Or le coût réel de ce marché de dupes mondialisé est notre déshumanisation et la désagrégation de ce « vivre ensemble » dont la « pierre angulaire » est la croissance économique ! Car un fait est: nous avons dépassé les limites de ce que la planète peut nous donner. Et puis, nous détruisons l’environnement planétaire pour en tirer quel profit ? L’impasse est donc totale d’autant que la réflexion est paralysée ! Dans ce contexte où priment l'inintelligence, l'ignorance, le mensonge et l'aveuglement, la course à la puissance et à la suprématie mondiale, la conquête du pouvoir sur l'Autre, ont repris de plus belle!
Nous sommes pensés et gouvernés par ce qui, derrière nos écrans, nous manipule ; par ceux qui se gavent de notre abandon de conscience souveraine, par ceux qui, tirant profit de notre paresse à réfléchir par nous-mêmes, la cultivent ! À ceux-là qui ont pris le contrôle quasi total de notre conscience et à qui nous abandonnons les rênes de nos existences, nous payons tribut. Nous payons le prix de notre démission spirituelle individuelle et collective lequel, outre notre asservissement aux contre-parties de notre boulimie consumériste, est notre déshumanisation ! L’engourdissement de la conscience de soi et de l’autre, notre refus de conscience de nos responsabilités vis-à-vis de l’Homme et du Vivant, polluent les esprits et les corps, tout l’environnement planétaire. Pour une vie virtuelle qui nécessite toujours plus d’artifices et de drogues, de dérivatifs qui abrutissent les esprits et empoisonnent les organismes, nous gobons des mensonges et des paradoxes de plus en plus gros. En guise de progrès nous inoculons la mort dans les sols, dans l’eau, dans les océans, dans l’air, dans notre alimentation, dans notre conscience qui s’effondre en entraînant la biodiversité et le miracle de la Vie dans sa chute. Bonnes fées, l’industrie chimique, les banques, les géants de l’agro-alimentaire, de la distribution, du web… se sont penchées sur notre existence qu’elles exploitent de la naissance à la mort !
Aveugles, nous transmutons l’humain et la Vie en or ! Nous avons fait de la croissance économique la condition sine qua non de notre modèle social. Celui-ci ne dépend donc pas de la qualité de notre fond humain, de la conscience de nos responsabilités vis-à-vis de l’humain et de la planète, mais de l’entretien par nos soins de notre obsession socio-économique ! Et ce n’est pas en déplaçant le curseur de la croissance dans un sens ou dans l’autre que nous règlerons le problème de la conscience de soi et de l’Autre posé par notre conception de l’Homme et de la Vie, par notre irréflexion, par notre démission !
Ceux que nous avons élus pour qu’ils nous gouvernent et assurent notre sécurité socio-économique et identitaire, sont comme nous: ils ne s’embarrassent guère de considérations humaines dès lors que le PIB est en jeu. Comme nous ils défendent leurs intérêts en même temps que ceux de la nation dont la puissance repose sur notre seule dimension socio-économique, c’est-à-dire sur la négation de l’humain, sur la négation de sa faculté à évoluer en conscience de soi et de l’Autre ! Pourquoi les puissants contrôlent-ils les médias?
Être humain exige de la part de chacun et de chacune, un effort de chaque instant sur le temps long, celui de notre vie. Être humain demande une conscience toujours en éveil, un cœur toujours aimant. Prendre sur soi, écouter, observer le bavardage intérieur incessant de notre intellect, nos inclinations et nos émotions s’apprend. Être humain c’est apprendre à assumer nos responsabilités vis-à-vis de l’Autre et de nous-mêmes puisque « humains » nous sommes tous et toutes ! Nous sommes tous et toutes « l’Autre » de notre prochain. C’est pourquoi nous nous devons d’aimer l’Autre, non pas comme un ami ou un membre du cercle familial – nous savons les pensées qui peuvent traverser notre esprit même dans ces cercles rapprochés – mais comme nous-mêmes ! Or, dans le paraître où nous évoluons, nous ne nous aimons pas ! Être humain, c’est veiller à ce que nous ne manquions pas à nos responsabilités vis-à-vis de l’humain et de la Vie ! Être humain demande que nous nous libérions de nos conditionnements, de notre culture du pouvoir sur l’Autre !
La Vie reflue de la planète parce que notre déshumanisation progresse, parce que la conscience de soi et de ce qui semble « autre » reflue ; parce que nous restons dans le déni de notre déshumanisation identifiée chez l’Autre mais pas en nous ! Pourquoi la société est-elle en crise permanente, en situation de blocage et d’autodestruction ? Pourquoi laissons-nous des Trump, Poutine, Xi, Netanyahou, Erdogan, Musk et les autres, tous ces paranoïaques, décider du sort de l’humanité dans leur seul intérêt ? Réfléchirons-nous avant qu’il ne soit trop tard ?