Trump et Musk : l’ère post démocratie en marche
Trump, Musk et leurs acolytes veulent faire des États-Unis d’Amérique leur chasse gardée, la recette payante d’un deal de tous les jours dont ils espèrent être les grands gagnants. Par son slogan, « make America great again », Trump acte un fait : le déclin des USA et la perte de son leadership mondial. S’il ne veut pas voir la véritable cause, humaine, de ce processus irréversible, Trump l’a alimenté en exploitant avec brio les peurs, les frustrations et autres altérations de la conscience de soi, induites par la démocratie libérale. Toute la campagne du personnage s’appuie sur l’illusion de grandeur et de puissance, désormais révolues, de ces États autrefois unis qu’il a fortement contribué à désunir en accélérant la décomposition sociale en cours. Il entend mener à bien le come-back de l’Amérique blanche, celle des débuts conquérants et du far West en libérant les initiatives privées de tout contrôle étatique. À travers le vote Trump, une grande partie du peuple américain a voulu conjurer ses désillusions et son angoisse de l’avenir : ces électeurs ont reporté leur choix sur la promesse de ce retour vers le passé, cette fuite en avant en contre-sens de la Vie !
Piétinant les droits humains et la dignité de la personne, les droits et la dignité des femmes, ces avancées si chèrement acquises par l’humanité, Trump a accentué la fracturation d’une population aigrie par les fruits amers du rêve américain. Un cauchemar éveillé pour le grand nombre ! Cet expert en manipulation s’est imposé à un parti républicain dont la force de proposition politique est tarie et qui a fait de la conquête du pouvoir une fin en soi. Trump a fait du mensonge décomplexé et de la haine de « l’Autre » les arguments massue de sa campagne présidentielle. Soutenu et peut-être bientôt doublé par un Musk dévoré par son désir de pouvoir, Trump le revanchard haineux a lancé depuis longtemps la chasse aux sorcières, la chasse à « l’Autre », la chasse aux juges intègres, la chasse à l’information « objective ». Celle de l’establishment démocrate qui reste persuadé de savoir ce qui est bon pour le peuple ! L’ignorance du quotidien des soutiers du système, théorisé par les cols blancs, tout à tour démocrates et républicains, a servi de tremplin à Trump. Par la dérision et l’insulte qui trouvent grâce aux yeux de ses adeptes, soutenu par la puissance des algorithmes des réseaux antisociaux, Trump a su jouer de la lassitude du « déjà vu » et du « déjà entendu », de l’exaspération du peuple américain dont la condition ne cesse de se dégrader ! Il a amusé la galerie en désignant les « méchants » à la vindicte populaire ! Il a gagné son auditoire à qui il a imposé son récit de l’histoire et la mise en scène, présente et à venir, de sa vérité ! Il a ainsi réussi à accélérer la fin programmée de la démocratie libérale dont les USA étaient le pilier central. Trump veut sa liberté sans limite, affranchie de la tutelle étatique qui la garantit et la borne il est vrai ! Il veut imposer son ordre, sa loi, comme Poutine, Xi Jinping et Kim Jong-un, ses maîtres à penser !
En novembre 1989, la « chute du mur de Berlin » marquait la victoire de la démocratie sur l’autoritarisme et le dirigisme soviétique, suscitant une vague d’espérance énorme sur la Terre ! Mais son idéologie qui réduit l’humain aux seules fonctions de consommateur et de producteur, a provoqué l’effondrement de la valeur de la vie humaine et de la conscience de soi. Loin d’améliorer la qualité du fond humain, elle l’a perverti. Condition nécessaire pour mondialiser son « marché » de dupes ! La démocratie libérale a ouvert la boite de Pandore ! Insidieusement, elle a boosté la déshumanisation de l’humanité !
Aveugle, l’Occident, autrefois dominateur, déplore les évolutions actuelles qui toutes remettent en question sa suprématie d’hier. Aux abois, les chefs d’états et les sommités religieuses se déclarent préoccupés par les évènements et disent les suivre avec attention. Mais ils ne tiennent plus les rênes et la situation leur échappe. Ils n’ont plus l’initiative d’autant que la planète joue elle aussi la partition qu’ils ont écrite, en toute irresponsabilité, pour elle. Leur mode de réflexion est inadapté au temps qui vient. Ils ne peuvent croire en la disparition de la démocratie libérale. Or le mouvement est inéluctable car sous leur gouverne, elle s’est invalidée toute seule dans les esprits. La démocratie libérale qui a ouvert le cœur du temple de l’Homme aux marchands et aux banquiers, ne peut être la solution des problèmes qu’elle a ainsi engendrés. Défendant des intérêts privés sous couvert de l’intérêt des nations ces dirigeants étalent leur désunion et leur impuissance à enrayer la dynamique.
Leur ignorance du vécu réel des peuples témoigne de l’absence d’empathie et de reconnaissance de la souffrance et de la misère humaines. Certes, c’est là la contrepartie tacitement acceptée par tous, du fonctionnement de toutes les sociétés soi-disant « développées ». Mais le contrat social de la démocratie libérale devait y remédier. Or ce n’est pas le cas et l’injustice flambe ! Aussi, le travail perd son sens, l’éducation ne motive plus : entièrement occupée à transmuter la Vie en or, la démocratie libérale nous fait fonctionner en contre le sens de la Vie, contre nous-mêmes ! La montée de l’injustice et de la haine, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’environnement planétaire et la dérégulation climatique, le développement exponentiel de la classe des ultra-riches, Trump et Musk, sont des produits de la démocratie libérale ! Loin de répondre à notre questionnement existentiel, elle le rend plus prégnant et plus angoissant : endormant les consciences pour circonvenir les existences elle a procédé à notre déshumanisation, à la déshumanisation du monde et à la destruction du miracle de la Vie ! Et la Vie reflue de la planète parce que la conscience de soi et de « Ce qui est » réellement, reflue ! La distribution des dividendes de l’exploitation de l’homme par l’homme nourrit le chaos ! En effet, les impératifs consuméristes et productivistes du libéralisme, même affublé de l’étiquette « humaniste » ou « social », détournent de l’essentiel : ils polluent le rapport à la Vie de l’individu !
La démocratie libérale n’est pas à abattre. De cela elle s’occupe très bien toute seule. Avec elle, l’humanité est arrivée au terme de son expérimentation, toujours à ses dépens, de ses conceptions religieuses, idéologiques ou scientistes, de l’homme, de la femme, de l’enfant, du divin et de la Vie. Conceptions qui ont toutes en commun d’avoir été élaborées par la raison du plus fort, dans son seul intérêt ! C’est pourquoi, nombre de déçus de la démocratie repartent à la conquête du pouvoir en faisant valoir la force ! Trump et Musk, Poutine et Xi Jinping, Netanyahou et Khamenei, Orban, Meloni, Erdogan et Modi et tant d’autres, œuvrent ainsi à l’ère post démocratie libérale ! Or il n’y a dans leurs méthodes, moyens et ambitions que du connu ! C’est pourquoi nous savons où ces va-t’en-guerre mènent l’humanité et la planète ! Nous savons où conduira le mythe de cette liberté et de cette réussite individuelle sans limite, déconnectées de toute responsabilité vis-à-vis de l’Homme, vis-à-vis du Vivant ! C’est au fruit qu’il produit qu’on sait si un arbre est bon ou mauvais. Tout arbre qui ne donne pas de bons fruits, qui ne multiplie pas la Vie, est destiné à périr : il se retranche de lui-même du Vivant !
Avec la démocratie libérale s’achève pour l’humanité l’ère « du pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple » ! Une illusion ! Son ignorance, son aveuglement, son irréflexion la font entrer de plein pied dans l’ère des super prédateurs, hybrides de toutes les formes de pouvoir qu’elle aura auto expérimentées depuis le début de son histoire ! Et elle ne voit toujours pas qu’elle sera ainsi restée soumise à la raison du plus fort, esclave de son intellect et de ses conceptions de l’homme, du divin et de la Vie ! Cette fonction du cerveau, attachée à l’individu, a détourné l’individualité de ses responsabilités vis-à-vis de l’Homme, vis-à-vis du Vivant. Elle a exploité le potentiel de Vie et le pouvoir créateur de chacun et de chacune à des fins individualistes ! L’humanité s’apprête donc à mettre un terme à l’odyssée cosmique de la conscience-existence (humaine) qui est la quintessence du miracle de la Vie sur cette planète, enjeu de la « complexification » de l’Univers vivant ! L’humanité n’a pas compris que par la conquête du pourvoir sur « l’Autre » elle n’a jamais œuvré que contre elle-même ! « Manger du fruit de la connaissance du bien et du mal » c’est, pour l’humanité, entrer dans ses conceptions de la Vie et ne plus tirer leçons de ses erreurs, mais juger « l’Autre » ou soi-même en se référant à ce que dicte le pouvoir qui détermine le savoir ! L’intellect est le « serpent » de la Genèse. Il refuse la subalternisation à laquelle semble le réduire le dessein créateur. Il s’oppose donc à ce que l’individualité (humaine) témoigne de la Vie. Il la séduit et la soumet à ses vues en lui suggérant la voie de la facilité : « fais ce que je dis, je m’occupe de tout et tes désirs seront exhaussés si tu t’inclines ! »
Aussi, à l’ère des super prédateurs assistés par IA et réseaux antisociaux qui nous pend au nez, et qui mettra un terme rapidement au dessein créateur sur cette planète, une alternative est possible ! C’est celle de la Vie ! En effet, concomitamment à la montée du chaos, des consciences se sont éveillées qui ont perçu, avec les limites du mensonge, l’impasse existentielle majeure où conduit la raison du plus fort, les systèmes de pouvoir et leurs conceptions de l’homme et de la Vie. En coulisse, sans bruit, se prépare la voie d’un changement radical, en bien cette fois, du monde. En effet, qui a vu la raison du plus fort, c’est-à-dire le pouvoir sur « l’Autre » engendrer la Paix, la Justice, la fraternité et la joie, la Vie ? L’alternative à notre déshumanisation c’est notre humanisation par la libération des consciences et des cœurs de tout dogme, de tout conditionnement, de tout désir de pouvoir ! Seule la vérité sur la réalité cosmique de l’homme, sur sa raison d’être dans l’Univers, sur le sens de la Vie et sur la force de l’amour conscient et responsable, peut abattre le mensonge ! Seule la réalité de la Vie peut balayer les conceptions de la Vie qui gangrènent les esprits et les cœurs ! Il serait temps de considérer que l’homme n’est pas le résultat de la copulation de la théorie de l’évolution et d’un hasard fort déterminé au demeurant. Ni ce qu’en racontent les interprétations moyenâgeuses et intéressées des religieux. La problématique existentielle de l’homme qui vient au bout de la complexification de l’Univers vivant est accessible et compréhensible à qui se donne la peine de réfléchir hors les sentiers battus de la pensée unique !