Avec MeToo, les femmes ont fait une grande avancée. Relevant encore et toujours la tête contre l’infâme, et au nom de toutes les autres, certaines d'entre elles ont fissuré la gangue d’obscurantisme qui étouffe la réalité de l’humain. Des femmes ont brisé l’omerta. Ce qui, en retour, a déclenché une forte réaction de la part des mâles misogynes. Imbus de leur force physique et d’un récit de l’homme et d'une histoire qu’ils ont écrits à leur gloire, en effaçant les femmes, ils ne supportent pas de voir leur « supériorité » contestée.
Réaction d’autant plus importante que leur peur d’être dépossédés par les femmes du statut que leur confère leur conception d’eux-mêmes et de la femme, en rejoint d’autres. En effet, à la peur du féminisme s’ajoute celle suscitée par l’échec de la démocratie à tenir ses promesses de prospérité, de paix et de justice. L'injustice galopante, le déclassement socioéconomique et les conséquences climatiques et environnementales de notre développement, qui s’avère être aussi l’outil de notre déshumanisation, suscitent l’angoisse. L'inanité de nos existences devient patente, notre impuissance à changer aussi puisque la réflexion ne sort pas des sentiers battus par la pensée unique laquelle nous fait croire en la nécessité du pouvoir sur l'Autre. C'est-à-dire en la nécessité de la raison du plus fort! C'est ce qui d'ailleurs légitime, en soi, la conquête du pouvoir, moteur d'une histoire de l'humanité écrite en lettres de sang! Angoisse donc puisque les objectifs, moyens et méthodes qui nous ont conduits dans l'impasse actuelle restent inchangés! Angoisse à laquelle participe aussi la théorie complotiste du « grand remplacement ». Théorie alimentée et exploitée à l’envi par l’extrême droite et le fondamentalisme religieux ! Ambiance de fin d’un monde… de mensonges et d’illusions !
Le féminisme apparaît comme un coin supplémentaire enfoncé dans cette conception de l’homme, de la Vie et du divin, universellement répandue dans notre « village planétaire ». Élaborée par la raison du plus fort et dans son seul intérêt, celle-ci fait la part belle à la mâlité, l’engeance des mâles attachés à l’idée de dominer sur l’Homme. Ce qui implique de commencer par la domination des femmes plus facile à réaliser que de dominer sa propre animâlité. Dans le contexte mondial actuel, particulièrement explosif, l’Occident, fort de sa culture impérialiste et colonialiste, est affecté par une crise socioéconomique et culturelle, donc identitaire, majeure. Et les suprématistes de tous bords s’en prennent à ce qui serait la cause de ce déclin, de leur échec et de leur mise à nu : l’Autre, mais aussi les médias libres et indépendants, la science, l’administration des démocraties et surtout les femmes !
Or ce sabordage civilisationnel, effectif, résulte du naufrage inéluctable de la conscience de soi et de l’Autre. Il est la conséquence directe de la conception de l’homme et de la Vie à laquelle nous adhérons à travers la démocratie libérale, et par laquelle nous nous réduisons, de notre fait, au stade de consommateurs-producteurs-pollueurs-destructeurs ! Bilan peu reluisant de notre développement qui nous inscrit en contre-sens de la Vie. Vie à laquelle nous ne prêtons paradoxalement pas de sens ni de valeur surtout lorsqu’il s’agit de celle de l’Autre. Dans la course aux dividendes, devenue le moteur principal de l’économie mondiale, la vie humaine n’a cessé de perdre de la valeur. Cela explique ce retour de bestialité dans l’humanité qui touche ainsi le fond de sa déshumanisation. D’où le désespoir d’un nombre croissant d’individus et plus particulièrement de jeunes ! Désespoir que la société ne peut enrayer par ses lois et morales et qui est devenu l’objet d’un odieux et juteux trafic de drogues de plus en plus destructrices !
L’humanité a expérimenté les idéologies matérialistes qui divergent sur les modalités de production et de partage des richesses. Incapables de tenir leurs promesses, celles-ci sont invalidées dans les esprits, les faits parlant d'eux-mêmes. D’où la situation actuelle du monde. L’humanité s’est enfermée, toute seule, dans une impasse existentielle et spirituelle majeure ! Et, pour en sortir, elle reconduit les méthodes et objectifs qui l’y ont amenée, à un cheveu de son auto destruction et de celle de la planète ! Une conception de l’homme et de la Vie n’en est pas la réalité, mais une tromperie dont certains, surtout les mâles, ont toujours tiré parti aux dépens des peuples, des femmes et de l’enfance. Aux dépens de l'avenir de l'homme ! La condition des femmes, l’état de l’humanité et celui de la planète en témoignent ! La Vie reflue de la planète bleue parce que la conscience de soi et de l’Autre reflue !
Les féministes manifestent et demandent des lois qui protègent les femmes et leur concèdent l’égalité avec les mâles. Mais égalité de quoi ? Égalité de statut ? Égalité de pouvoir dans ce monde de mensonges et d’illusions bâti par la raison du plus fort sur la base de la négation de la réalité de l’Homme ? Demander à la loi des mâles de régler une problématique existentielle universelle pipée par le mensonge grâce auquel ils se sont octroyé le statut de démiurge ayant pouvoir de définir, entre autres, le sous statut des femmes, n’est-ce pas voué à l’échec ? C’est demander à la loi qui acte la raison du plus fort avec la domination des mâles, de mettre fin à toutes les discriminations ! Le pouvoir, tout pouvoir, est en effet pouvoir sur l'Autre ! Pouvoir fondateur de toutes les cultures en vigueur dans notre « village planétaire ». Pouvoir qui repose sur la négation et la discrimination de l’Autre, dont la femme ; sur la négation de l’individualité ! Pouvoir qui, pour exister, exige le contrôle et l'uniformisation des consciences pour exploiter, au-delà de l'ignorance et de l'aveuglement généralisés, les existences. Pouvoir qui, parce qu'il nie la réalité de l’Autre, s’oppose de facto à la fraternité universelle des humains ! Et les "actualités" illustrent le propos!
Dans ce monde de mensonges, l’égalité des femmes et des mâles est un idéal en trompe l’œil, une illusion dangereuse : cette égalité vaudrait aux femmes de codiriger un système de prédation et d’injustice qui transmute la Vie en or, aux dépens de l’humain et de la Vie ! Ces lois des mâles dont les femmes attendent justice sont destinées à faire régner l’ordre des mâles, à l’origine du processus de déshumanisation de l’homme en cours! La justice des hommes et leurs conceptions de la liberté qui leur donne toute latitude pour agir comme bon leur semble vis-à-vis de l’humain et de la Vie dont on voit ce qu'elles produisent au niveau de l'humanité, de la conscience de soi et de la planète, ne conduiront jamais les femmes sur le chemin de la réalité du féminin de l’homme, ni les mâles sur le chemin de la réalité du masculin de l’homme! Masculin qui a été dénaturé par la raison du plus fort pour engendrer la mâlité, ses cultes suprématistes et son mythe de la grandeur et de la puissance qui conduisent l’humanité à s’autodétruire !
Seule la vérité sur l’homme et sur sa raison d’être sur cette planète et dans l’Univers peut faire sens et renvoyer le mensonge et la raison du plus fort à leur néant ! Vérité sur la problématique existentielle de l'homme initiée par l'avènement de la conscience-existence (humaine) au sein du miracle de la Vie sur cette planète! Avènement de la créature imago, cosmique, dont l'évolution ne doit rien à l'ego des démiurges à qui nous donnons pouvoir de nous gouverner selon le sens qu'ils donnent à notre existence. L'émergence de la conscience de soi, de l’autre et de ce qui unit l’un à l’autre n'est pas fortuite! C'est le fruit de la "complexification" de l'Univers! Et il est plus que temps de renouer avec la vérité qui transfigurera ce monde de mensonge ! L’utopie de la Vie et de l’humanisation ne vaut-elle pas la peine d’être essayée, expérimentée, alors que notre ignorance de la Vie et notre aveuglement, indispensables à l’existence de toutes les formes de pouvoir sur l’Autre, emmèneront bientôt l’humanité au terme ultime de sa déshumanisation ?
L’humanité a besoin de vérité et d’amour ! L’individu a besoin d’écouter son intériorité, besoin de renouer avec elle : l’ignorer alimente notre vide intérieur, notre angoisse existentielle et notre boulimie consumériste par laquelle nous essayons de masquer l’inanité de nos existences. Nous, l’humanité, avons besoin de ce qui donne sens à l’existence, besoin de ce cet amour qui nous fait de plus en plus défaut. La (re)connaissance de la valeur et du sens de l’existence élève en conscience et responsabilise vis-à-vis de l'homme, vis-à-vis de la Vie ! Cette conscience libère. Elle ouvre sur cet amour qui se manifeste dans notre intériorité et demande à déborder vers ce qui semble "autre" dans l'extériorité, pour inonder ce monde où notre conditionnement assèche notre cœur. Seul l'amour, cette force agissante, unificatrice est créatrice de Vie qui porte l'individualité, homme ou femme, à s'accomplir dans la voie lumineuse de l’humanisation !
Les femmes n’ont pas à attendre la reconnaissance des mâles ! Elles n’ont pas besoin des mâles pour être vectrices de vérité et incarner le féminin de l’homme ! Elles inciteraient ainsi les mâles à revenir eux-aussi à la réalité du masculin, à la réalité de la Vie !