Quand les médias libres et indépendants font le jeu des extrêmes
Pour ne pas parler des autres médias et des mouvances extrêmes qui s’en gavent !
Les médias libres et indépendants s’efforcent de relater les faits de manière objective afin d’informer leurs lecteurs. Ce faisant, comme tout média, ils façonnent l’opinion. Ils ne l’éclairent pas, ils ne la libèrent pas, ils l’orientent. En suivant ce qu’ils pensent être la vérité, ils polarisent l’actualité et les esprits et contribuent ainsi largement au climat anxiogène. En relatant les mensonges, les pressions et chantages, les systèmes d’évasion fiscale et de détournement de fonds des puissants, leurs ententes en tromperie, la montée de l’injustice, des peurs et des violences, ils éclairent de coups de projecteurs différents aspects d’un seul et même processus qu’ils ne nomment pas : notre déshumanisation, individuelle et globale !
La vérité qui ressort de cette actualité tronquée de sa cause humaine, est que ce monde est régi par l’hypocrisie et l’affairisme quasi mafieux des puissants, par la collusion des pouvoirs économiques et politiques qui confisquent le produit du travail des peuples. Ça n’est pas faux, mais ce n’est pas la vérité : le mensonge et la raison du plus fort se cachent partout, en chacun de nous, disséminés dans tous les esprits conditionnés à cela depuis le début de l’histoire !
Manquant de hauteur de vue, ces médias omettent de parler de la responsabilité individuelle et collective dans notre propre déshumanisation dont nous ne serions concernés qu’en tant que victimes ! De ce fait la responsabilité incomberait à l’Autre ! Et haro sur les boucs émissaires ! Les riches que nous continuons de gaver au quotidien par nos addictions aux faux-besoins, les migrants que les politiques colonisatrices et déstabilisatrices des démocraties libérales ont jetés et jettent sur les routes de l’exode, les juifs qui en humanité sont comme le reste du monde, les musulmans dont la culture du pouvoir sur l’Autre heurte la nôtre parce qu’elle reste ancrée dans le Moyen-âge où elle connut son apogée etc… Sur ce sujet, celui de notre ignorance et de notre aveuglement, c’est l’omerta. Aussi le message subliminal propagé, loin d’établir la vérité sur l’humain et de lui permettre de remédier à son naufrage planétaire, fait l’apologie du mensonge et de la raison du plus fort comme vecteurs de la réussite dans ce monde alors qu’ils sont les moteurs de notre déshumanisation ! Comment, dans ces conditions, garder espoir et confiance en la démocratie et dans les médias « libres et indépendants » ? Oiseaux de mauvais augure, leur audience s’effondre quand celles des médias d’extrême droite augmente ! or, si le mensonge est partout la Vérité doit bien exister quelque part, non ?
Ces médias montrent certes combien la démocratie libérale a pris les plus grandes libertés avec l’humain et son environnement planétaire sans souligner ce fait. Il ressort que l’objectif affiché du libéralisme est le profit à tout prix, même au prix de la déshumanisation de l’humanité ! Les puissants touchent les dividendes de la transmutation de la Vie en or à laquelle les populations aveugles consacrent leur existence en voulant, elles aussi, leur part du magot ! C’est donc l’humanité entière, pilotée par les écrans magiques, qui en veut toujours plus, la raison du plus fort tirant toujours la couverture à elle !
Alors que le concept de « dignité de l’homme » commençait à émerger dans les esprits, en trois décennies le libéralisme a réduit l’humain à la seule dimension matérialiste, socio-économique, de consommateur-producteur, à laquelle s’est ajoutée depuis peu, celle de « pollueur » suprême. Moins bien que nos lointains ancêtres chasseurs-cueilleurs qui, eux, respectaient leur environnement ! L’homme est-il réductible à cette seule dimension ? Notre rationalisme ne serait-il pas irrationnel si j’en juge par ce qu’il produit au plan humain ?
Ce constat récent nous a éclaté à la figure alors que nous nagions et nageons encore dans le déni, les complotistes se sentant pousser des ailes. La destruction et la dérégulation de l’environnement planétaire est un aspect majeur du bilan de la conception libérale de l’humain et de la Vie ! L’autre, indissociable, est l’explosion de l’injustice et des inégalités, celle de la violence et de l’angoisse, la montée inexorable de la peste brune, rouge, jaune, verte. Ce qui témoigne de la régression de la conscience de soi et de l’Autre, accélérée par la technologie des écrans portables qui relient chacun et chacune, non plus à l’Autre, mais à la voix de son maître, à la voie de la consommation effrénée, destructrice et déshumanisante.
Après le temp s des illusions, est subitement venu celui des désillusions. Énormes, elles ont provoqué un séisme majeur dans les esprits, un repli et un enfermement sur soi, de grands pas en arrière avec la désignation du coupable à la vindicte : l’Autre ! L’Autre, toujours lui ! Et il suffit de faire son marché en écoutant les faux prophètes pour le reconnaître. Mais nous oublions que nous sommes tous et toutes l’autre de notre prochain ! Le libéralisme a engendré la spirale du chaos en dévalorisant comme jamais la valeur de l’existence humaine. Aussi, la Vie reflue de la planète parce que la conscience de soi et de l’Autre reflue !
Révéler les dessous sulfureux de la démocratie ne cesse de l’ébranler, mais comme tout système de pouvoir sur l’Autre, elle porte en elle les germes de son effondrement. Dire la vérité sur le mensonge du monde ne permet pas d’en sortir, mais jette de l’huile sur le feu. Vouloir un système de pouvoir vertueux souligne notre manque de réflexion et de conscience sur le pouvoir ! Qui a vu la liberté, l’égalité et la fraternité universelle des humains sourdre d’un système de pouvoir sur l’Autre ? Qui a vu la Justice et la Paix sourdre d’un système de pouvoir sur l’Autre ?
Le processus de déshumanisation en cours relève de transactions peu reluisantes entre la conscience du monde et la conscience individuelle qui a choisi de s’effacer au risque de s’éteindre. Notre déshumanisation ne peut être enrayée par les lois des systèmes de pouvoir qui contrôlent les consciences, même en démocratie, pour diviser l’humanité et opposer l’homme à l’homme, l’homme à la Vie ! Dans le brouhaha que suscite l’échauffement des esprits, les appels à la prise de conscience, venant de « sages » qui expriment ainsi leur désarroi et leur ignorance de la problématique humaine, ne changent rien. Eux aussi alimentent le sauve qui peut !
En dévoilant les dessous de la démocratie libérale, les médias libres et indépendants ont contribué à l’invalider dans les esprits. Ils en ébranlent les fondements instables et donnent du grain à moudre à tous les antidémocrates qui font de l’insécurité leurs choux gras ! Aussi, beaucoup se protègent d’une information de plus en plus stressante. D’autres, aussi nombreux, frustrés et revanchards, vont chercher leur vérité, alternative, sur les réseaux sociaux. Ils la puisent dans les égouts du monde et rejettent la responsabilité de ce qui arrive sur l’Autre ! Et l’extrême droite a le vent en poupe juste en exploitant « l’information » !
Ces médias qui dénoncent la xénophobie, le sexisme, les racismes, l’injustice, les inégalités restent moralistes, attachés au système de pouvoir qui garantit leur liberté. Ils en appellent à la conscience des uns et des autres, mais le propre d’un système de pouvoir est de contrôler les consciences ! Ils comptent sur la justice du système d’injustice pour en réparer les préjudices ! Ils ne peuvent apporter la solution : en tant que pilier de la démocratie, ces médias font partie du problème. L’expertise journalistique est un frein à la hauteur de vue, un carcan pour la conscience ! Et le processus de déshumanisation de la société et du monde se poursuit inexorablement. Car nos conceptions de l’homme et de la Vie, élaborées par la raison du plus fort et à son seul profit, sur la base du mensonge, nient toutes la dimension spirituelle de l’homme et de la Vie. Et ces conceptions n’ont fondamentalement pas changé depuis le début de l’histoire !
Quand ces médias « libres et indépendants » parleront-ils de la voie de l’humanisation, seule alternative à notre déshumanisation ; de la responsabilité individuelle ; de notre ignorance de la Vie et de notre aveuglement ? Prendront-ils conscience de leur « erreur » et conviendront-ils de ces faits avant que la démocratie ne cède la place à un régime totalitaire qui les musèlera complètement ?