L’histoire de l’humanité a ceci de particulier : elle s’est développée et écrite autour de conceptions de la Réalité de l'homme et de la Vie, laquelle ne peut être que une, déclinées en autant de conceptions de l’homme, du divin et de la Vie. Et cette histoire s’est toujours écrite en lettres de sang, aux dépens de l’homme et du Vivant, au profit de minorités princières !
Or, une conception de l’homme, du divin, de la Vie, qu’elle soit religieuse, idéologique ou même scientifique, n’en est pas la réalité mais la négation ! C’est un moule dans lequel les consciences et donc les existences, doivent se fondre, de gré ou de force, non pas pour multiplier la Vie, mais pour faire fonctionner des systèmes de pouvoir et leur permettre de se pérenniser !
À l’issue du processus d’hominisation, au sortir de l’animalité pensante, homo sapiens, a cédé la place à l’imago, une créature cosmique, conscience-existence cosmique qui a reçu du Vivant la responsabilité de son devenir spirituel et existentiel, donc la liberté et la responsabilité du processus d’humanisation qui est un processus d’auto-création. La conscience de soi et de « Ce qui est », celle de l’individualité, a émergé. Seulement alors, à l’issue de l’évolution terrestre l’entité homme et l’humanité ont été créés. Le miracle de la Vie se révélait à lui-même et s’accomplissait à travers cette créature nouvelle qui se nommait « homme » !
À l’issue de la période charnière ayant séparé la « préhistoire » finissante du début de « l’histoire », l’humanité a choisi, par facilité et paresse, par ignorance et culture héritée de l’animalité pensante, d’expérimenter, toujours à ses dépens, ses propres conceptions de l’homme, du divin et de la Vie plutôt que sa propre réalité. Elle a refusé de courir le risque de la Vie, le risque de laisser se déployer, avec l’inconnu de soi, son potentiel de Vie, le meilleur de soi, pour multiplier la Vie et permettre ainsi à la dimension spirituelle du Vivant de s’exprimer et de se révéler sur cette planète de ce coin de l’Univers ! C’est donc sur la base d’un savoir érigé en vérité et imposé comme telle que l’humanité s’est séparée de son essence pour se développer en discordance majeure avec la Vie.
Depuis l’humanité n’a cessé d’essayer de donner semblant de vie à ce qui n’est pas la Vie : ses conceptions de l’homme, du divin, de la Vie, de la grandeur et de la puissance. Depuis ce moment, renonçant à la voie de l’humanisation en laissant s’exprimer le meilleur d’elle-même, elle n’a cessé de s’écharper pour conquérir le pouvoir et permettre ainsi à la raison du plus fort, aux démiurges, d’imposer leurs représentations d’eux-mêmes et de « l’Autre ». La négation de l’homme, de l’individualité (humaine), du sens de l’existence, de la Réalité qui cherche à se révéler à travers chacun et chacune, est à l’œuvre depuis lors ! Depuis lors le mensonge règne sur les consciences conditionnées, uniformisées et conformées à ce paradigme existentiel qui laisse croire en la nécessité d’un pouvoir pour assurer les besoins sécuritaires et identitaires des peuples.
La succession des civilisations passées a quelque peu amélioré la qualité du fond humain mais ne l’a jamais fondamentalement changé. Elle a juste permis de construire des digues morales et des lois pour canaliser cette « nature » qui soi-disant serait « mauvaise » ! À chaque crise du pouvoir, de société, de civilisation, la raison du plus fort s’est réactualisée, restructurée, pour garder la main sur l’homme. Toujours elle a contrôlé les consciences pour exploiter les existences, en maintenant l’homme dans l’ignorance de sa dimension spirituelle, dans l’ignorance de sa faculté de déployer sa conscience vers les hauteurs que la Vie l’appelle à explorer, en le réduisant à l’insignifiance !
Or, et alors qu’aucune de ses conceptions de l’homme et de la Vie n’a apporté de réponse satisfaisante à notre questionnement existentiel, l’humanité continue de suivre le diktat des puissants. Bien qu’elle en subisse les conséquences dans sa chair et dans son âme, l’humanité qui assiste au triomphe de l’imposture et du mensonge à la Vie, s’apprête à mettre un terme définitif à l’odyssée de la conscience-existence (humaine), au miracle de la Vie sur cette planète !
Il est consternant de constater qu’aucune voix religieuse, politique, philosophique, ne s’élève pour dénoncer notre déshumanisation, le niveau d’infra conscience et d’infra existence dans lequel notre ignorance, notre aveuglement, notre orgueil et l’idolâtrie de la raison du plus fort, nous enferment et nous enfoncent. La réflexion n’arrive toujours pas à s’extraire de l’ornière tracée et creusée par la raison du plus fort, dans laquelle retombent toutes les tentatives d’évasion, d’exode hors du paradigme existentiel mensonger qui infeste toutes les consciences ! En vérité l’homme qui se réduit à rien ne peut s’imaginer assumer son propre devenir s’il n’est pas tenu en laisse et enchaîné par un pouvoir qu’il s’impose et auquel il livre les rênes de son existence !