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En schématisant, on serait tenté de voir dans le « Château de Barbe Bleue » de Bela Bartok, la face « symboliste » de « La Voix Humaine », version « réaliste d’un même thème. Deux opéras brefs sur « l’amour entre femmes et hommes ». Mis en scène avec superbe par Krzyztof Warlikowski non sans quelques « ajouts », plus moins discutables.
C’était au Palais Garnier en 2015.
Le « Château » 1918, apparaît tel un labyrinthe relativement inextricable, imaginé par l’écrivain hongrois Bela Balasz. En contradiction relative « La voix humaine », initialement une pièce de théâtre de Jean Cocteau, installant un téléphone sur les planches. Francis Poulenc en tira un opéra de moins d’une heure avec Denise Duval dans le rôle-titre ; . nous étions en 1959 !
Le Château se barricade de plusieurs portes mais qu’y a-t-il derrière ces portes mystérieuses ? Judith, jeune et jolie épouse récente de Barbe Bleue s’interroge et interroge ce dernier. Plus ou moins en vain ! Le metteur en scène en profite pour glisser des images du film fantastique « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau. Une face d’animal effrayante mais non dénuée de charme. L’attirance par ce qui est la beauté amoureuse. A terme on butait sur une 7°Porte, d’autres femmes nullement assassinées, prenaient l’air sur des sièges. Non Barbe-Bleue n’est pas un assassin. (Contrairement au Conte de Charles Perrault.) Judith, moins curieuse, fascinée par l’élégance de ces dames couvertes de bijoux , de vêtements merveilleux, s’éloigne de l’homme, objet d’un amour de jeune femme et l’abandonne à sa solitude, son drame Les précédentes femmes symbolisaient une fraction de la vie de Barbe Bleue, Judith une chanteuse russe( Edita Gubanova wagnériennne réputée). Mentionnons la remarquable basse John Relya qui incarne l le chatelain , chante piano dans sa projection vocale ; il apparaît particulièrement distingué ; sa solitude retrouvée Un gentleman de la nuit. dans le quotidien de Barbe Bleue.
L’exceptionnelle soprano Barbara Hannigan.
On l’avait souvent repéré, dans une pièce musicale, cette voix exceptionnelle et le jeu de Barbara Hannigan au beau physique. C’est l’une des premières interprètes de la fin du 20° siècle et du 21°, . simultanément chef d’orchestre, toutes proportions gardées. une dame comme Laurence Equilbey, l’une et l’autre aux répertoires différents. B.Hannigan est plus axée sur la musique plus ou moins d’avant-garde. Soit un récent succès dans « Le Grand Macabre » de G.Ligeti., Zimmerman, , « Written on skin » de G Benjamin. Enregistrement des « Correspondances » d’H.Dutilleux. Collaboration avec la Chorégraphe Sacha Walz …
En quelque sorte métamorphose de la Judith de Bartok en jeune femme rivée au téléphone, nouveau décor et les vociférations à l’encontre de l’homme, son amant, qui l’a abandonnée. Incohérente l’amante chante sa désespérance et mime une souffrance profonde sur un texte très subtil de Jean Cocteau. Lequel fit scandale en 1930, créant sa pièce à la « Comédie Française ».
Solitude (s) de l’amour transmise(s) d’un personnage à l’autre. Merveilleuse métamorphose d’un être brisé dans sa jeunesse et sa passion.
Créée en 1959 par Denise Duval sur une partition plutôt « minimaliste » de Francis Poulenc, à , cela Piccola Scala de Milan.
Claude Glayman
L’éclairage de votre « chez vous » s’éteint et vous voilà confronté aux larmes des amants et à leur musique
- Bela Bartok : « Le Chateau de Barbe Bleue » /Fancis Poulenc « La voix humaine »
Retransmission sur « Mezzo HD » ce 30 octobre, à partir d’une création au « Palais Garnier/Opéra National de Paris en 2015- Orchestre dir. Esa Pekka Salonen