claude glayman

Abonné·e de Mediapart

168 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 mars 2014

claude glayman

Abonné·e de Mediapart

Monologue Marie Ndiaye / Musique Hector Parra

Bouffes du Nord 4/8 mars « Te craindre en ton absence »

claude glayman

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bouffes du Nord 4/8 mars

 « Te craindre en ton absence »

  A nouveau les magiques « Bouffes du Nord » : un orchestre en fond de scène et un tapis peluché blanc assez music-hall qui conduit aux rangs du public ; Georges Lavaudant met en scène et en lumières, ayant souvent goûté le côté « boîte » nostalgique.Astrid Bas, récitante dit un monologue de Marie Ndiaye sur une musique d’Hector Parra, compositeur espagnol en vogue. On aime la littérature souvent couronnée de Marie Ndiaye, très « francophile », aucune référence à l’Afrique mais ici à l’Allemagne que l’auteur connaît et habite parfois. Les gens laborieux d’un « coin du Nord de la France », agriculteurs et tracteurs, vie difficile mais vie avec fréquente allusion aux animaux, aux bêtes domestiques que l’on respecte mais tue in fine pour la bonne chair. Thème très répandu actuellement. Dans le discours la mère se meurt tout au long des mots, il y a également une soeur (vraie ou double de l’héroïne ?) ; passent des amants, un mari, des enfants plus ou moins imaginaires.

Ce coin modeste de France est honoré dans un langage tronçonné aux verbes précis, hachés de l’auteur. Un ton élémentaire, on songe aux poèmes de René Char, étonnamment à Aimé Césaire par le déluge de mots dans un texte désarticulé, labyrinthe d’images et de mystère, quasiment un puzzle policier incitant à reconstituer la trame en continu du récit. Monologue de William Faulkner, ou de la célèbre « Molly Bloom » présentée récemment en ces lieux

Sans oublier quelques pâles projections sur le mur derrière l’orchestre d’images floues  de ce « coin de France », ou de mots sélectionnés, vitaux, égarés.

Et presque toujours suivent les mouvements de la musique d’H.Parra, en échos au discours de la diseuse. Dans un langage contemporain, des piani, à la « compacité », voire à certains silences, à un excellent recours à l’électronique, un quasi bel canto électronique. On se dit qu’il y a dans cette écriture actuelle quelque chose de la musique classique. Direction musicale (« L’Ensemble intercontemporain ») au point, du peu connu de nous, Julien Leroy.

Bonnes tenue et allure de ce spectacle, sans pour autant bouleverser un type d’association texte/musique différent de l’opéra comme de l’ « opéra comique » qui traduit notre époque musicale en mutation et qui continue à abattre des murs. Quelque grincheux n’on pas aimé …

Claude Glayman

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.