Débuter un concert de quatuors par l’unique production dans ce domaine d’un compositeur, K.Szymanowski que nous connaissons désormais bien grâce à ses opéras. Unique réussite malgré plusieurs essais au cours d’une longue période de 1914 à 1921. A l’écoute d’une violoniste, Alena Baeva*, études en Russie et Itomar Golan, violoniste israélien très percussif.
On note d’emblée l’apport d’une autre langue de musique de chambre, quelque peu comme cela se produit en matière d’art lyrique. Par exemple l’opéra « Katia Kabanova » diffère dans l’esthétique, le style. Folklore populaire morave suggère-t-on mais pas seulement, cf. le traitement des instruments en particulier par Janacek. Ce qui sera également différent pour Beethoven, « Sonate à Kreutzer », pourtant elle aussi « diabolique » du moins dans son premier mouvement. Quelle audace dans la perfection et l’originalité !
C’est cela qui a probablement heurté Monsieur Kreutzer, « célèbre » interprète en son temps : il refusa tout net de jouer la Sonate. Tandis que la jolie Alena Baeva est dans une rare efficacité quand elle répond aux appels de son partenaire. Le duo est passionnant,
Il innove souvent s’agissant d’une œuvre abonnée au répertoire.
L’andante n’est pas de cette prestance en revanche le finale rebondit. On sait que le compositeur a pratiqué des collages, ce qui se perçoit dans une moindre tension.
Agrandissement : Illustration 2
In fine la troisième « Sonate pour violon et piano, en sol mineur » de C.Debussy dernière rencontre de ce dernier. Rendez-vous avec avec le public alors que le compositeur s’était fixé un programme de Six « Sonates » dont nous ne connaîtrons que la moitié, C.Debussy est mort en 1918. On est frappé par une certaine tristesse que tentait de dominer une trame mélodique faisant penser à des souvenirs « populaires » de chansons. Voire à une ’inspiration espagnole . Cette séquence est très attachante, la 3°Sonate sera achevée en 1917 au terme d’une longue tension de l’homme
Nous sommes alors en plein déroulement du premier conflit mondial qui affectait particulièrement le compositeur de « Pelléas et Mélisande » différemment de son collègue, Maurice Ravel qui rappelait toujours que « Ludwig van Beethoven » était bien un musicien allemand !
Ainsi le « Théâtre de la Ville » assume-t-il ces rendez-vous réguliers avec la si précieuse musique de chambre. Rendez-vous avec la beauté, connue et inconnue.
Claude Glayman
Théâtre de la Ville 2 avril 17 *
(violon), Itamar Golan(Piano).
Ecoute : Szymanowski : 2 Concertos pour violon et Orchestre, nos ½ . Opole Philarmonic Alena Baeva (violon).1 cd Dux.