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Commençons par Shakespeare, un livre bien opportun et un opéra peu connu, « Lear » d’A. Reimann. Second texte le ballet « Daphnis et Chloe » de Maurice Ravel à la Pléiade. Jean-Michel Déprats, universitaire, homme de théâtre, co-traducteur avec Gisèle Venet du théâtre de William Shakespeare : 7 volumes, la Pléiade édition bilingue. Jean-Déprats parcourt la profusion de pièces mais surtout aborde, non sans vélocité, scrutant ce géant de multiples points analysés, véritable monstre qui se présente comme unique et toujours d’actualité.
Qu’il s’agisse des grandes tragédies : Hamlet, Othello, le Roi Lear, Macbeth. Ce qu’on appelle communément, « les grandes tragédies romaines » Jules César, Antoine et Cléopâtre, Coriolan, Troilus et Cressida. Et cette évidence, Tout est bien qui finit bien. S’ajoutent : L’esthétique des Masques, celle du merveilleux et notamment les « Sonnets ».
Le traducteur J.M. Déprats fait plus pour exposer les problèmes de la traduction : le nombre élevé de mots, et la « polysémie » qui s’explique par la sophistication des degrés de sens, des multiples sous-entendus chez un auteur pour qui la musique est omniprésente.
W. Shakespeare a déjà collaboré avec le compositeur William Byrd, avec Arrigo Boïto, un artiste de grande qualité. On retrouve cette diversité avec les compositeurs qui l’ont servi post-mortem. G. Verdi : Macbeth, Falstaff. H. Berlioz , Ouverture pour le Roi Lear, « Béatrice et Benedict ».
En France, le rôle initial de Voltaire en faveur de Shakespeare. Mme de Staël, voir Napoléon. J.M. Déprats évoque aussi les nombreux metteurs en scène de l’hexagone. Depuis les gens du Cartel jusqu’à d’autres noms plus proches de nous et qui traduisent un certain mimétisme avec les différentes phases politiques du pays. Se souvenir par exemple de la reprise de « Coriolan » au moment des bouleversements de mai 1958 et des suites qu’ils ont engendrées. Jusqu’à la grande « révolution » du T.N.P. de Jean Vilar à Paris puis à Avignon.
S»’inscrit dans une sorte de suite renouvelant ce long cycle Shakespearien ; la chaîne des scènes se poursuit nourrissant avec plus ou moins de bonheur une sorte de culte du « géant d’outre manche. ».
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Ravel à la Philharmonie : Une grande page
En 2003 François Xavier Roth fonde l’orchestre « Les Siècles » qu’il dirige sur instruments d’époque. Comme il l’a fait le 29 mai dernier à la Philharmonie 1 dans un Programme Maurice Ravel et c’est à cette occasion que nous l’avons découvert. Au Programme : « Ma mère L’Oye » version Ballet. On était en mesure de suivre, à côté du public, de nombreux visages d’enfants heureux de découvrir une ligne blanche suivant sur un vaste écran les tours et détours d’une illustration qui s’inscrivait. Œuvre relativement modérée comme les mensurations en général des pièces du compositeur.
Suivait, après un entracte animé par des cavalcades des jeunes visiteurs. « Daphnis et Chloe » un inoubliable chef d’œuvre qui frôle la durée d’une heure. On ne le sait pas suffisamment que le tournant des 19° et 2O° siècles s’accompagne d’une frénésie d’esthétique de l’Antiquité Gréco/Romaine. N’oublions pas également que la culture russe, a fait des ravages en Europe. Citons les « Ballets Russes » de Serge Diaghilev, le grand danseur Nijinski, dans l’ « Après-Midi d’un faune » de Claude Debussy.
On tient là les clés esthétiques de nombreuses productions françaises de cette époque. « Daphnis et Chloe » appartient à ce mouvement. Celui d’un M. Ravel un rien lorgnant sur d’I. Stravinski père d’une série de réussites, dont « L’oiseau de feu » «Petrouchka » qui, à la fois scandalisèrent et fascinèrent le public français réuni dans le tout récent « Théâtre des Champs-Elysées…
Finie en France l’orchestration romantique, depuis Charles Gounod, Georges Bizet, la musique française s’invente un nouveau type d’orchestration : intérieure, raffinée, attentive aux détails, nuançant les césures, mais capable également de rythmes énergiques comme dans la « Bacchanale » qui clôt le final de « Daphnis et Chloe » de manière plutôt irrésistible. Signalons également des destinations nouvelles de certains concerts destinés à l’hôpital, voire la prison.
Claude Glayman
*Aribert Reimann/ Lear, Opéra National de Paris, Palais Garnier jusqu’au 12 juin.
** Jean Michel Déprats Coll. « Que sais- je ? / PUF, 2O16 / 123 p. 9 E.