claude glayman

Abonné·e de Mediapart

168 Billets

0 Édition

Billet de blog 9 décembre 2014

claude glayman

Abonné·e de Mediapart

Au Théâtre de l'œuvre, le cri de révolte d'une femme, par Haruki Murakami

Entre  « 30/40 », ni star, ni indifférente, elle décline sa vie quotidienne dans un décor abstrait mais simple et utile comme l’est volontiers l’écriture d’Haruki Murakami tirée de l’une de ses nouvelles « Sommeil »*, adaptée élégamment  par Corinne Atlan. Respect de l’extraordinaire sens du détail propre à l’auteur de « Kafka sur le rivage » ** beau roman parmi d’autres de l’écrivain japonais dont circule souvent le nom lors du Nobel et d’autres distinctions…

claude glayman

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Entre  « 30/40 », ni star, ni indifférente, elle décline sa vie quotidienne dans un décor abstrait mais simple et utile comme l’est volontiers l’écriture d’Haruki Murakami tirée de l’une de ses nouvelles « Sommeil »*, adaptée élégamment  par Corinne Atlan. Respect de l’extraordinaire sens du détail propre à l’auteur de « Kafka sur le rivage » ** beau roman parmi d’autres de l’écrivain japonais dont circule souvent le nom lors du Nobel et d’autres distinctions…

Le mari dentiste entièrement requis par son activité professionnelle, un fils sorti de la petite enfance, de nombreuses tâches ménagères, ayant droit à l’amour après la sieste. Les après-midis sont notamment occupés par une séance de natation. Demain ressemble à hier dans la monotonie, le nivellement, voire un sentiment d’abandon : la sensation de survivre plutôt que de vivre véritablement. Mais nous ne sommes plus au temps de Madame Bovary, cela confine à une forme d’enfermement ; le peu que nous savons de la littérature, de l’artistique japonais confirme cet étouffement dont un film ancien « Dodeskaden » d’Akira Kurosawa (1970) qui montre un fort regroupement de déshérités dans une petite voiture est une illustration patente.   

Cependant une certaine magie s’impose par la voix très claire, mouvante ainsi que le jeu très construit et très réussi de Nathalie Richard d’un riche palmarès, seule en scène pendant plus d’une heure. La mise en scène d’Hervé Falloux, également acteur, il se sert très habilement des éléments du décor. Cette pièce qui ne pèse jamais se déroule sans aucun son musical.

Dès lors l  cette femme, à l’existence insatisfaite, se réveille si l’on ose dire en ne dormant plus la nuit, poursuivie par lecture et relectures d « ’Anna Karénine » de Léon Tolstoï accompagnées de dégustation de chocolat dont on apprécie personnellement les vertus d’une bonification du temps.

Intervient alors le fantastique, l’étrangeté. Coincée dans sa petite voiture,  la femme  erre souvent de cette manière nocturne, et la voici entourée de deux pèlerins entièrement vêtus de noir, fantômes ou réalité entourant son véhicule. ?... Quelle issue, problématique mais peut-être la main mise sur sa liberté ou un dénouement plus trivial ? Les éclairages s’amenuisent rapidement et voici que réapparaît la silhouette comme rajeunie, presque rayonnante  de cette étonnante Nathalie Richard. Les applaudissements envahissent la salle, on songe, allez savoir pourquoi, à la fin  du film de John Casavetes « Opening Night » et Gene Knowlands  face à ses admirateurs, comme ici Nathalie Richard et le texte  de H. Murakami, si simple et si complexe qui semble plaire aux jeunes générations loin d’un classicisme  fût-il moderne …

Claude Glayman

« Nuits Blanches » d’Haruki Murakami.  Théâtre de l’œuvre, jusqu’au 25 Janvier 2015 ;

55 rue de Clichy – Paris 9 /Tel : 01 44538888/www.théâtredel’œuvre.fr

*Belfond éditeur /**Haruki Murakami : »Kafka sur le rivage » 10/18, 2OO7-2O14 /638p, 9,6O E.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.