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Billet de blog 10 juin 2014

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La Traviata revit à Bastille

Intervention initiale en faveur du maintien du statut des intermittents du spectacle : calicots, applaudissements, sifflets des spectateurs. Qui en  aurait douté ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Intervention initiale en faveur du maintien du statut des intermittents du spectacle : calicots, applaudissements, sifflets des spectateurs. Qui en  aurait douté ?

Le rideau se lève  sur un beau et vaste lit « olympien », par trop solitaire ; pour l’essentiel mise en scène de l’excellent  Benoît Jacquot , on n’oublie pas ses  « Werther » in Loco.  Le chef invité  est l’Israélien Daniel Oren ; et voici Violetta Valery, Diana Damrau ; il y a eu des « fines bouches et oreilles  bouchées » ; Diana Damrau pourtant quelle chanteuse possédant une ligne cantabile homogène, attachante, sensible, tout simplement belle. Alfredo est un bon ténor possédant le souffle de sa passion profonde ; dans ce premier acte, un rien statique, face au baron Douphol  à l’exception  du geste qui sauve tout. , Violetta lance son camélia  comme un  messager qui avoue ou presque sa réciprocité ; l’actrice se révèle,  elle n’est pas uniquement une merveilleuse voix.

Cependant pour cette nième « Traviata », à la suite de décennies d’écoute, on éprouve un véritable choc, comme si on découvrait le génie musical de Verdi, inspiration inépuisable, sans cesse renouvelée, inventée, imaginée ; tant  instrumentale, que vocale, avec des chœurs et des comparses qui tiennent  le challenge ; bel orchestre de l’Opéra,  notamment bois et cuivres aussi fermes que sonores,  des cordes davantage diversifiées ; D. Oren est discret mais efficace.

Dépendance  sociale contre l’amour

Second acte qui s’ouvre sur un  magnifique arbre au feuillage envoûtant. On songe au dénouement de Falstaff, sans le ridicule du gros personnage ; c’est  alors que se noue la vengeance sur Violetta, nimbée de  questions financières ; Violetta prête au sacrifice suprême, phtisie incluse, pour s’acquitter de sa vie de « dévoyée », de courtisane proférant un discours qui invoque en  permanence les cieux et dieu jusqu’à l’excès.

Il est vrai que le style du livret de F.M. Piave est d’une banalité désolante ; une société foncièrement injuste  passe souvent par  l’intrusion de la famille, en  l’occurrence bourgeoise ; à la suite du sermon du père, notre irremplaçable Ludovic Tézier. Le marchandage impose à Violetta et les billets de banque jetés à la figure comme dans un  polar d’Hollywood. La passion implique la raison, le respect du code de bienséance de cette société. Déjà moribonde, on retrouve Violetta dans une  chambre  quasi  mortuaire, clin d’œil prospectif à la mort de Mélisande. Le rejeton en moins.

Certes nous sommes dans  la pure tradition du mélo ! Assistent  au dénouement la fidèle Annina (Cornelia Onciou), le médecin (Nicolas Testé),  Giorgio Germont le Père, et Alfredo le fils :  « humanité contre inhumanité ». Quant à la musique de Verdi, toujours aussi prestigieuse, elle  reprend  et développe les mesures qui inauguraient l’opéra. Le public ayant souvent marqué sa complicité achève par une longue ovation que nous partageons.

Claude Glayman – La Traviata  de Giuseppe Verdi Opéra Bastille jusqu’au 20  juin 2014

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