Giordano Bruno réhabilité à Genevilliers.

Il est rare d’être complètement satisfait d’une première. Il est vrai que cette pièce lyrique a déjà été créée à la casa Musica de Porto en 2O15, voire présentée à Strasbourg.. ; ...Un détachement de l’Ensemble Intercontemporain  prête son concours sous la direction du jeune chef allemand Peter Runde.. Un bel essaim de voix féminines prête son concours face à trois solistes hommes importants. Lionel Peintre, baryton bien connu du public et qui se révèle un acteur ingénieux au cœur d’un décor plutôt réduit quoique redoutable, le ténor Jeff Martin, aux côtés d’un plus modéré en Ivan Ludlow, Inquisiteur 2 tandis que le Pape s’en tient à de la figuration. N’oublions pas davantage le compositeur Francesco Filidei peu connu en France pour l’instant, et dont la partition, est parfois réduite à des frappes percussives de bras et mains sur le plancher  notons également des interventions d’un accordéon.

D’emblée, une partie du sol est recouverte d’une sorte de charbon de bois  en vue du futur brasier , il sera balayé dès le début du déroulement de l’opéra ; beaucoup d’images doivent être des produits de l’imagination du spectateur. Auquel, en revanche, on ne limite pas les illustrations érotiques. Peut-être y a –t  il  de ce côté un certain déséquilibre. Pour en avoir discuté avec une spécialiste de cette période qui déplore l’excès de « plateaux érotiques » au détriment des données philosophiques – pourtant mentionnées dans les documents du programme.  G.Bruno se réfère à lui même qui s’attaqua à Aristote et à  d’autres icônes de l’antiquité greco/romaine. G.Bruno était un « penseur » ouvert sur le monde et pas exclusivement un être de chair : c’est pour cela aussi qu’il subit dans sa chair le pire des châtiments. Sans songer jusqu’à Galiléé, il  avait une étoffe d’intellectuel dans ce personnage  « engagé » qui a laissésa trace dans « l’Histoire des Idées ».

On sera reconnaissant à ce « Giordano Bruno » ;  son intolérance n’équivalait pas à celle de ses maîtres spirituels. En règle générale l’autoritarisme, pour ne pas dire le fanatisme  s’attaque à ses incarnations actuelles, notamment dans les malheurs de nombre de payset de nombre d’idéologies du temps présent. 

Allez voir, entendre , applaudir Giordano Bruno .Un exemple parmi d’autres de lucidité.

Claude Glayman

-          Giordano Bruno – Théâtre de Genevilliers depuis le 14 juqu’au 21 avril I6.

-          Réservations : +33(o) 1 41 32 26 26.