« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit », notait le poète mais applaudissait-il vraiment ? Hier, comme de nos jours, l’enfant joue-t-il sur les planches des adultes ? Ici chez J. Pommerat l’enfant est un partenaire vital. Soit une série de séquences…
D’abord l’enfant naît; voici une femme enceinte, mais le bébé rechigne à sortir, “poussez Madame !” clame l’entourage. In fine elle jure qu’elle se comportera mieux que ne le fit sa mère. Les adultes ici jouent également des rôles d’enfants; un père n’est jamais qu’un ex-grand enfant et réciproquement. Dans le cas de la petite fille, il exige qu’elle le vouvoie mais la petite fille joue les extrêmes. Elle se fiche de ne plus jamais rencontrer son père; l’indifférence !
Là un vieux père est au chômage, son fils adulte se moque de lui, voire le frappe. Que signifient alors ces vastes promesses :”j’aimerais bien mes enfants; je respecterais mes parents” !
L’heure de partir à l’école est venue, mais la mère souhaite que son enfant ne la quitte pas, c’est de l’insolence, il ne lui accorde plus de baisers. L’enfant s’entête, il veut gagner son école, retrouver ses camarades. Hop, le voilà en retard !
C’est André Gide qui s’était écrié “Famille je vous hais !” et c’est cet autre gamin qui lance à son père : « J’aimerais tellement être avec mon fils autrement que tu as été avec moi… »
Dans une salle d’hôpital, un brancard recouvert totalement d’un drap blanc. Un employé qui interpelle la femme présente avec une autre, des mères ! « Soulevez le drap, reconnaissez- vous ou non votre fils ? » Véritable piège, personne n’a envie de soulever le drap ! Finalement suite à une série de pressions, il s’agit ni d’un fils de l’une ou de l’autre. Lourd suspense bien porté par les acteurs, où se mesurent tout le courage humain et tout l’égoïsme de chacun.
Enfin cet autre couple avec un bébé en langes croisant des voisins qui ne cessent de lorgner sur la petite chose que ses parents finissent par leur confier pour toujours leur confier pour toujours. Stupéfaction générale devant cette authentique gestation pour autrui. De nos jours on assiste à une demande générale d’enfants !
Cette pièce joliment jouée par des acteurs que l’on suppose fidèles à Joël Pommerat, est une commande de la CAF de Normandie. Simplicité d’un langage quotidien, voire banal et qui, mine de rien, peut-être d’une cruauté terrible. Accompagnée d‘une musique violente, on devine les instruments derrière un rideau bizarrement transparent.
Claude Glayman
Théâtre des Bouffes du Nord, jusqu’au 27 septembre
www.bouffesdunord : J.Pommerat “Cet enfant’ Actes-Sud-Papiers, 42 p.
9,20 €/joindre J.Pommerat:Théâtres en presence/8e.