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Billet de blog 16 avril 2013

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[Théâtre] Shakespeare: que faire de Troie?

La première guerre de Troie est suspendue, et cela dure depuis pratiquement une décennie. Dans « Troïlus et Cressida », les remparts de la cité sont toujours debout, s’y prélassent militaires grecs et troyens. Qui, dans sa jeunesse, a connu la caserne sait ce que cette atmosphère, bien particulière, signifie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La première guerre de Troie est suspendue, et cela dure depuis pratiquement une décennie. Dans « Troïlus et Cressida », les remparts de la cité sont toujours debout, s’y prélassent militaires grecs et troyens. Qui, dans sa jeunesse, a connu la caserne sait ce que cette atmosphère, bien particulière, signifie. Dans notre pièce de théâtre, les acteurs sont à l’arrêt, désoeuvrés, visiblement dans le doute, guère disposés apparemment à reprendre les combats tout en n’ignorant pas ce que cet entre-deux ne saurait se prolonger indéfiniment. Tous les personnages de Homère sont quasiment présents sur scène. Ce serait comme une sorte d’état de « guerre froide » pour tout ce monde masculin en treillis d’une couleur analogue à celle des murs.

Juste une unique femme dans cette vaste chambrée « machiste » : Cressida qui aime Troïlus

Lequel n’hésite pas à l’abandonner ; patriotisme oblige, Troïlus est fils de Priam c’est à dire Grec, ses déambulations à l’intérieur des murs de Troie offrent un spectacle quasi insolite aux regards de tous ces troufions potentiellement dangereux pour Cressida qui échange son amant au profit d’un certain Diomède tandis qu’un Troyen captif sera rapatrié.  

Le déroulement est complexe au sein de cette meute d’hommes que n’enflamme aucune intrigue palpitante. Mais fort opportunément il y a la magie, la verdeur, l’association permanente du verbe du grand Shakespeare. Dans la traduction d’André Markovicz ;  il est imbattable dans la formulation des injures et la scansion des réparties où se mêle parfois une certaine versification à la française.

Toute la seconde séquence de ces quasi trois heures de spectacle vous fixe sur votre siège tout à l’activité des geste, paroles, de la violence. Pour un peu on croirait volontiers  être dans notre actualité, avec la beauté en plus ; grâce à la  mise en scène mouvementée de Jean-Yves Ruf et l’assurance pondérée des nombreux interprètes.  Revoici Hector et Hélène qui se glissent comme des doubles de l’affrontement initial. Une fois de plus il se confirme que W.Shakespeare a compris notre monde pour toujours. Quels que soient les thèmes de son théâtre, en réalité c’est toujours la même bêtise cruelle des pauvres hommes dont ils sont les protagonistes plus ou moins inconscients.

Claude Glayman 

NB : Troilus et Cressida de Shakespeare à la Comédie Française, salle Richelieu jusqu’au 5 mai

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