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Billet de blog 17 juin 2014

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L’Athénée au sommet: Gounod / Milhaud

Deux petits « Opéras Comiques » ont créé une sorte de miracle à l’Athénée qui n’en est pourtant pas chiche. Et d’évoquer une forme «  d’artisanat d’art » ne serait-ce qu’en raison des modestes moyens et d’artistes inconnus pour nombre d’entre eux. Il y a eu une forte volonté de montrer au public deux maigres opéras comiques enfouis dans le temps.

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Deux petits « Opéras Comiques » ont créé une sorte de miracle à l’Athénée qui n’en est pourtant pas chiche. Et d’évoquer une forme «  d’artisanat d’art » ne serait-ce qu’en raison des modestes moyens et d’artistes inconnus pour nombre d’entre eux. Il y a eu une forte volonté de montrer au public deux maigres opéras comiques enfouis dans le temps. « La Colombe » de Charles Gounod, célèbre pourtant, créée en 1860 à Baden-Baden ; livret de deux fameuses plumes, Jules Barbier/Michel Carré cf. J. Offenbach, etc. d’après La Fontaine et Boccace. En second 

« Le Pauvre Matelot » de Darius Milhaud, monté à l’Opéra Comique en 1927.

« La Colombe », ex Faucon est l’unique réalité qui console Horace, pauvre et amoureux éconduit de Sylvie, une coquette, l’œil fixé sur la fameuse colombe qu’elle crève d’envie de posséder afin de damer de pion à sa rivale propriétaire d’un perroquet parlant. « Ah ! les femmes, les femmes ! » chante-t-on tandis que le public ne cesse de s’esclaffer. Les interprètes sont parfaits dans leurs performances ; il s’agit de noms inconnus, de nous du moins, et qui n’ont pas encore atteint le firmament : Gaëlle Alix la  nymphette Sylvie, Sévag Tachdian, un immense gringalet se réclamant du « grand art de la cuisine » et Jean Christophe Born l’amoureux transi, si maladroit mais tellement vrai et sincère en colombophile. La partition de C. Gounod, pas éloignée dans le temps du « Médecin malgré lui » et aux influences musicales du 18e siècle. Claude Schnitzler à la tête de l’Orchestre Lamoureux est parfait dans la coupe élégante de la musique et un rien dansante dans une discrète moquerie. Car, in fine, après avoir cru dévorer la colombe au diner sentimental, c’est le perroquet qui est passé à la casserole

Avec  Darius Milhaud changement de climat, non pas un vérisme à la française, bien qu’à la différence du Gounod c’est l’humain qui trinque dans une moiteur qui rappelle le cinéma de Jean Vigo, les premiers films de Jean Renoir. A souligner que les décors sous forme d’images numériques de Romain Sosso et Stéphane vérité, un sacré  metteur en scène  (déjà remarquables dans « La Colombe ») sont impressionnants,  une sorte de cubisme dessinant les gros blocs d’un port. Un matelot rentre riche à la maison après. Au total des années d’errance sur les océans, le ténor sud coréen Sunggoo Lee, désirant vérifier la fidélité de sa femme, la soprano slovène Kristina Bitenc au jeu et au regard inoubliables, termine au fond d’une citerne, l’épouse croyait à un autre matelot (livret Jean Cocteau, en pleine période du « Groupe des Six »). Le faux mari, vrai matelot est trucidé car sa femme s’imaginait que c’était le vrai dont elle a également douté. La musique de D. Milhaud demeure dans une veine populaire, soulignée par les timbales, la parole est autant déclamée que chantée. Au total un spectacle jamais sophistiqué qu’on quitte à regret ! Espérons que des Maisons d’Opéra le reprendront tout comme Mezzo.        

Claude Glayman

-          « La colombe » C. Gounod/ le «Pauvre Matelot » D. Milhaud . Athénée 15 juin 2014. 

-          1 CD Adès 1956/1990 D.Milhaud « Le Pauvre Matelot/Les Malheurs d’Orphée ».

-          Nous avons présenté de C. Gounod « Les Mémoires d’un Artiste » Calmann-Lévy 1991.

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