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Billet de blog 18 octobre 2013

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L’ATHENEE AU SOMMET / SAISON 13 /14 ITV DE PATRICE MARTINET DIRECTEUR

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      C’est un magnifique immeuble, anciennement « Eden Théâtre », détruit et devenu l’Athénée puis Louis Jouvet, consacré dès l’origine, au théâtre, à la musique et à la pantomime. Il arrive que l’excellence du lieu damne le pion au grand voisin du Palais Garnier.
Personnellement absent l’an passé, c’est avec éblouissement  que j’ai découvert le programme de la rentrée : une succession de chefs d’œuvre distincts.Servis par une acoustique de qualité, dans cette « maison de poupée »la musique de  Wagner y a retrouvé le chemin de Paris avec la création de « Lohengrin ». Et ce, alors qu’une rumeur émanant de services de renseignements us, prétend que la tournée de Louis Jouvet en Amérique du Sud pour fuir l’occupation aurait été parrainée par les autorités de Vichy,Ce que conteste catégoriquemenr P.Martinet. Le 28 janvier 2014 l’Athénée rendra hommage à Charlotte Delbo résistante, déportée et revenue ; elle fut la secrétaire de  L Jouvet. 

- Théâtre /Musique :  paroles ou musique ? 

Combien de compositeurs ont été hantés par ce dilemme. Arnold Schoenberg qui a inauguré la saison avec le fameux « Pierrot Lunaire » (1912)  invente le « sprechgesang », le parlé/chanté qui influença Maurice Ravel, Igor Stravinsky parmi d’autres.
Poème initial en français du symboliste belge Albert Giraud, traduit en allemand par le compositeur ; puis, à nouveau retraduit en français par l’équipe du «  Balcon «  adepte de la sonorisation des œuvres. Ovni génial tant par le texte que par la musique de ce monologue.  Une espèce de diabolisme mallarméen qui ne vous lâche pas. « Pierrot » est suivi d’une pièce radiophonique de Samuel Beckett, retraitée par de plus jeune Beckett,relayé par une partition de l ‘américain Morton Feldman. Au total un travail de vidéo ouvragée par Nieto,  artiste sud américain, reconnu par son travail musical sur des animaux.
Intermède hugolien, suivi de « Pantagruel » en collaboration avec Benjamin Lazar et par un discours d’Eugène Durif sur Rabelais soi-même. Une pièce destinée aux enfants « Pantin/Pantine ». La poursuite pour ce qui pourrait être une intégrale Offenbach , rien moins que la trop célèbre et « chantonnée » « Grande Duchesse de Gerolstein ». pour la période des fêtes de fin d’année. 

- Viktor Ullmann et  Benjamin Britten. 

Le rappel de la « Musique dégénérée », selon le concept nazi : mettre en cage des artistes, précisément au camp de Thérezin, en l!occurence cette œuvre unique, « L’Empereur d’Atlantis » de Viktor Ullmann, ancien élève de A.Schoenberg. Un condamné racial  s’échappe de l’enfer en inventant un opéra qui déclare la disparition de la mort, désormais en grève, empêchant par-là même les guerres. Mais les hommes finissent par se lasser de cette carence, « viva la muerte » et tout reprend comme toujours. Déjà applaudi à Paris, gravé sur cd, il s’agit d’une musique à la fois éclatante, prenante, qui devrait passionner la psychanalyse.
Qu’un condamné à mort invente la mort de la mort et que ce soit cet original qui constate l’impossibilité de ce rêve ! …
En passant par l’irrésistible « pochade » de « King Arthur » d’Henry Purcell et « Le pauvre matelot » complainte de Darius Milhaud, sur un texte de Jean Cocteau. P.Martinet rappelle que L.Jouvet avait passé commande à plusieurs compositeurs de son époque pour accompagner des pièces : Jacques Ibert, Francis Poulenc, etc…Ici doublé par un petit opéra comique de Charles Gounod, « La Colombe » ; charmant et cruel, quelque peu dans le sillage du « Médecin malgré lui » d’après Molière   Cette partie « classique » inclue des adaptations de romans : « Un barrage contre le Pacifique » de Marguerite Duras et le curieux « Faiseur de théâtre » de Thomas Bernhard. Un opéra de Peter Eötvös tiré du « Balcon » de Jean Genet crée lors d’un Festival d’Aix -en –Provence.
Enfin mais en tête de la qualité de la saison, un extraordinaire opéra de chambre de Benjamin Britten, composé peu après le premier succès du compositeur, son célèbre « Peter Grimes ». Ce sera monté par Stephen Taylor dont P.Martinet loue le talent et ce en langue anglaise qui sonne admirablement ; B.Britten est ici aux prises avec la dénonciation de la violence et de la brutalité, l’une des préoccupations majeures  de cet « objecteur de conscience », au cœur d’une dramaturgie très forte entre quelque personnages.

Un superbe programme selon les termes de notre époque. On souhaite de belles soirées au public de l’Athénée jusqu’à l’automne 2014…. au moins !

Claude Glayman

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