Dans le groupe réduit des grands orchestres mondiaux figure le « San Francisco Symphony ». La Salle Pleyel nous régale de leurs soirées au sommet : après les Russes du Marinsky de St Petersbourg, voici, ces jours derniers (17/18 mars), le « San Francisco Symphony » sous la direction de son Directeur Musical, Michael Tilson Thomas (MTT). Curiosité, ce dernier est d’origine russe ; nommé chef en 1995 c’est l’un des plus jeunes chefs d’Outre Atlantique dans la série des grandes pointures. Egalement excellent pianiste, son répertoire, dit-on, s’étend du « Chant Grégorien au Jazz ». Vaste programme ! MTT est, cependant très attaché à la défense de la musique classique américaine que nous avons tenté de présenter dans un précédent article maladroitement titré *
. UNE ADAPTATION DU PIONNIER CHARLES IVES ;
Charles Ives constitue l’une des plus pittoresque figures de la musique us, assureur de profession (1874/1954) il aura été, en quelque sorte un amateur de génie. Il tenta de fonder une musique américaine classique, hanté par le processus symphonique. L’une de ses célèbres pièces pour piano « Sonate Concord » a souvent préoccupé ses collègues. En somme c’était un ancêtre, redécouvert à la fin des années trente. Le compositeur canadien Henry Brant a longtemps poursuivi une transposition symphonique de cette Sonate. Celle-ci constitue une sorte de panorama musical de quelques-uns des principaux philosophes nord-américains connus sous le nom barbare de « Trasnscendantalisme », par exemple Henry Thoreau, un libertaire vivant dans la nature, refusant tout bellicisme et toute contrainte fiscale. Bronson et Luisa Alcott, inconnus de nous et dont l’Orchestre de San Francisco a interprété la courte partie symphonique consacrée aux « Alcotts », à peine amorcée presque aussitôt achevée, il en existe une version discographique complète *. Musique très délicate, où l’on reconnaît volontiers un son américain typique, toujours reconnaissable. On en aurait apprécié davantage !
JOHN ADAMS BRODE DU BEETHOVEN SUR UNE PARTITION D’ORCHESTRE ET DE QUATUOR A CORDES ;
Décidemment l’association Quatuor à Cordes et Orchestre fait florès. Récemment nous avons chroniqué un même attelage signé Pascal Dusapin (MP du 19/3/14) une jolie réussite, ample et lyrique, sans bavardage. En revanche John Adams, l’un des initiateurs de la « musique répétitive » a travaillé avec le concours du Quatuor à Cordes « Saint Lawrence String Quartet », l’une des pièces maîtresse de la musique à San Francisco, connue dans le monde entier. C’est une énorme machine rythmique que maîtrise de main de maître, comme dans son élément naturel, MTT. Inspiré par la conception de « Pulcinella » d’Igor Stravinsky (J.Adams est né en 1947) le compositeur greffe des notes et accords extraits de Symphonies de Beethoven et davantage encore de Quatuors, notamment parmi les derniers, l’opus 131. Ce qu’il nomme des « expériences ». Phénomène sonore plutôt impressionnant . Un voisin mélomane parlait de « ficelles » un moment avant l’exécution plus que concluante de la 7°Symphonie de Beethoven nous dirions « oui » mais après cette écoute de la 7°, non car il importe de survivre et les manières sont multiples pour y parvenir. L’œuvre de J.Adams fonctionne ; une autre voisine apprentie « altiste » nous confiait avoir été profondément impressionnée par cet ensemble géant.
- SOUS LA BATTUE DE MTT LA 7° NE VIEILLIT PAS.
Du reste cette œuvre extraordinaire craint-elle vraiment de vieillir ? Des ba taillons de chefs illustres l’ont (différemment) portée au sommet : Wilhelm Furtwangler, Arturo Toscanini, Michael Gielen, Carlos Kleiber etc. et of course,
Michael Tilson Thomas et sa phalange ce soir là. Le lento qui inaugure le premier mouvement a frappé, foudroyant, une foudre qui n’a pas cessé même dans les séquences plus délicates, au tonus plus romantique. Dans le final véritable tsunami, le compositeur ferait, paraît-il, allusion à une danse de soldats hongrois là où Napoleon (que Beethoven n’a pas perdu de vue depuis qu’il le prenait pour Bonaparte), reculant,pliant devant les soldats russes en 1812. Un auditeur qui passait, la 7° achevée, déplorait un manque de danse, ce qui aurait déplu à Richard Wagner mais était-ce bien le cas ?
Claude Glayman.
* »Qu’entend-on par musique classique des Etats-Unis » MP 4 mars 14.
- Ives :Brant a Concord Symphony/ Copland Symphonie pour orgue » 1 cd SFS Media.
- On nous communique via les Amis de Romain Rolland, : 10°Beethoveniade, débats, exécutions etc. Clamecy 2/3 mai 2014.