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Billet de blog 20 décembre 2014

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DON JUAN DE BRUXELLES SIGNE KRZYSTOF WARLIK0WSKI NE SATISFAIT PAS

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  Non ! Nous n’étions pas à la Monnaie, mais devant « Mezzo » à 19H30 le 18 décembre pour un « Don Juan » de Mozart contesté. Ouverture assez pâle . D’emblée de jolies femmes légèrement et joliment vêtues tournent autour de l’homme de la soirée, le séducteur « Don Juan ».( ce que soulignent plusieurs  vidéos de l’enfant terrible des planches polonaises, Warlikowski). Soudain dans une loge  se produit une tentative de viol sur la personne de Donna Anna (Barbara Hannigan), cris, le père de Donna Anna accourt, idem pour Don Ottavio son frileux fiancé. Mêlée, le père est trucidé, Anna appelle au secours, s’évanouit. Cet incident souvent confus, mystérieux est ici plus clair ; il. porte en lui une vengeance .

 Retour à la scène où virevoltent des simili top modèles et petites culottes… L’action démarre. Mais on déchante très vite avec Masetto, Jean Luc Ballestra très typé et Zerline, Julie Mathevet, aguicheuse dans sa robe à frou frou mais pas  si gourde que cela pour une paysanne prête à convoler avec le bien bâti Masetto.

Mais ce serait sans compter avec Don Juan (Jean Sébastien Bou) le maître impressionnant par sa banalité et son air las. Est-il victime de ce « Sex Adict » tiré d’un filme « Shane » que nous ignorons, et qui stipule une addiction au sexe … comme on peut l’être au chocolat …  mais qui le mènera à la déchéance : ne s’est-il pas aussitôt jeté sur Zerline qui n’épousera pas son bénêt de paysan,  Masetto. Mais n’oublions pas Leporello le valet de Don Juan,  aussi louche que lui avec sa belle mèche de cheveux blonds qui lui barre le visage.

Elvira, mezzo de Rinat Shaham nous touche dans l’expression d’un amour éperdu pour Don Juan et sa virilité. Elle est toujours, plus ou moins, dans ses pas : pauvre fille victime, elle aussi, probablement du « sex addict ». Barbara Hanigan, relativement récente diva dans le « contemporain » hystérise sa performance. Quant à Don Juan, son addiction insatiable le conduit inévitablement à la pire des déchéances,  la mort.*

 Le Commandeur, l’illustre Willard White, si souvent applaudi, dégomme Don Juan au poignard sur un brancart, celui du festin.  Dans l’indifférence générale des masques qui réclamaient un instant auparavant, vengeance et élimination. Mais qui a véritablement chassé cet intrus de Don Juan lequel a révélé que chacun/chacune est animé d’un même désir ; de sa part d’humanité érotique.

La musique géniale de Mozart, ce soir là indifférente sous la baguette de Ludovic Morlot et de son Orchestre de La Monnaie. Où est la fièvre ininterrompue et ravageuse de Mozart ? Pourtant son « Don Giovanni » brûle de part en part d’imagination et d’invention. Pour nous l’une des plus extraordinaires productions de la musique universelle où cruauté et tendresse se mêlent, se combinent dans une richesse

époustouflante.
Sans revenir au film déjà ancien de Joseph Losey, mais ne serait-ce qu’à la plus récente réalisation du cinéaste Michel Hanneke (2O12, Opéra de Paris) d’une belle violence. Et, nous semble-t-il un peu passée sous silence, la vidéo de Ricardo Muti,/ Giorgio Strehler, « La Scala Collection » (1987/2OO4) . Dommage pour « La Monnaie de Bruxelles » qui a souvent brillé comme modèle.

Claude Glayman

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