Si, sujet aux insomnies vous souhaitez ne plus les subir, écoutez « Les Variations Goldberg » de Jean-Sébastien Bach par Benjamin Alard au Théâtre des Abbesses comme moi, samedi 19 septembre à 17H. Non, non ! je ne m’égare pas, le compositeur avait parmi ses amis, un grand personnage, le Comte Hermann von Kayserling, ambassadeur à Dresde et sérieux amateur de musique. Celui-ci qui avait de l’entremise (il oeuvrait pour Catherine de Russie) contribua à ce que l’illustre cantor – ravi - fut nommé « compositeur à la Cour Royale de Pologne et de Saxe.
Le Comte et le musicien avait un ami commun ; un certain J. Cottlieb Goldberg l’un des plus jeunes et talentueux clavecinistes du moment, élève du maître. Le comte souffrant d’un impossible repos nocturne , de nos jours on sait la pénibilité de ce mal. Le « trio » décida que Jean -Sébastien écrirait un « Air avec diverses variations » qu’exécuterait le titulaire de ces « Variations », de manière à ce que le sujet aux insomnies s’assoupit dans une sorte de guérison alors que les improvisations antérieures du jeune Goldberg ne parvenaient pas à ce résultat ! Et l’on savait comme l’on sait aujourd’hui que l’on était en droit de compter sur Jean-Sébastien Bach et son art d’une divine complexité pour sortir de l’embarras.
Les Variations de ce chef d’œuvre de la maturité sous les doigts d’un immense artiste.
Dans la salle du Théâtre un silence si rare qu’on le savoure, et le jeune Benjamin Alard, un Goldberg actuel, qui temporise avant de poser plus que délicatement ses doigts sur l’un des claviers et nous fait entendre « l’air » des »Variations » prolongées par une « Sarabande et deux « Pastorales ». L’intégrale compte trente « Variations » véritable dédale de séquences très courtes. Une sorte de mélancolie s’installe, soudain traversée par ce que l’on suppose être une danse « la Saltarelle ». Après des claviers « croisés » une une séquence en majesté débouche sur une pièce virtuose que le clavecin permet à l’infini
Il existe de nombreuses transcriptions pour piano qui nous paraissent moins naturel.
Ensuite le souvenir d’ « Ouvertures à la Française », on songe à François Couperin ou à Jean-Philippe Rameau. Des notes en « cascades », puis « pétillantes » une « Marche » (n°18), suivie d’une « barcarolle ». Du tragique, du pathétique cf. le compositeur des « Passions et Cantates » Dans le coffret de Wanda Landowska, la grande dame qui a réhabilité le clavecin en Occident (2 cd BMG 1945/57) une « joie dite vertigineuse » à quoi succède pour conclure une référence à « l’humour et à la malice » que termine un « quodlibet » c’est à dire une plaisanterie. Le compositeur du « clavecin bien tempéré » en a fini. Sur ce temps multiple mais accessible malgré un labyrinthe digne des jeux les plus sophistiqués… Pour quelles raisons nous vient à l’esprit le « nom des
« Variations Diabelli » de Beethoven, mais cette fois pour piano ?...
Claude Glayman.
Théâtre de la Ville/ Théâtre des Abbesses : « Les Variations Goldberg » Jean Sébastien Bach. Benjamin Alard/ Instrument construit par Antony Sidey. Le Comte