Lampedusa , il s’agit du nom de l’auteur du célèbre roman « Le Guépard ». Mais par-delà livres et films, il y a une île entre la Sicile et l’Afrique du Nord. Depuis que les Africains viennent y chercher une étape pour vivre et survivre, l’Ile fait parler d’elle pour son rejet, son détestable accueil des misérables qui, comme dans le monde entier, cherchent à franchir « illégalement » les frontières et à gagner des horizons plus prometteurs.
Lina Prosa est une jeune auteur italienne dont le texte a été monté à Marseille en 2008 et qui a été lu en public à plusieurs reprises.En alternance (avec Jennifer Decker) c’est Cécile Samie qui déroule ce monologue d’une noyée commentant, au fur et à mesure, sa disparition. A-t-elle un rapport familial avec une célèbre actrice de la Comédie Française ? Comme ce monologue se déroule dans une sévère austérité, on ne sait pas grand chose, sinon que Shauba, c’et son nom, dialogue souvent intérieurement, en esprit, avec sa grand-mère Mahama. Celle-ci lui a expliqué qu’elle cherche à rejoindre le monde des riches « « cappittalissttes. (il y aurait un bégaiement typiquement africain en raison des giclées de sable dans la langue).
Elle croise avec frayeur un espadon. Shauba n’est pas nageuse mais elle ne veut pas mourir comme ça de honte et a peur de pourrir. Elle rejette de l’eau en permanence, car « elle boit plus que le corps ne peut contenir. D’où un petit suintement, un renvoi, un hoquet qui fait pouffer de rire quelques potaches présents dans la salle.
Dans la barque ils seront 700, néanmoins il importe de grimper en tête pour être à la proue en portant des lunettes teintées pour contrôler : quand on fait débarquer les clandestins rien ne dit qu’on est à Lampédusa ; « une fois le bateau est revenu à moitié vide, on n’a jamais su où était passée l’autre moitié ». En principe il n’y a pas d’espace disponible pour le viol ; mais Shauba acceptera un marin. Et parfois le bateau est la somme des corps empilés les uns sur les autres. La basculement est imminent. Surtout s’il y a batailles ente une vieux marin, le passeur, et un jeune pour une fille.
Que conseille Mahomet dans ce cas-là ? demande Shauba : »Je dois aider ceux qui sont comme moi ! » « Fermez les portes de la bonté…. Je suis la représentante d’un phénomène social »
Au terme de sa chute verticale Shauba, partie de la mer de Lampedusa pose un pied au sol.t
Elle parvient de nouveau à toucher terre au fond. Après s’être adressé aux Chefs d’Etat , celui d’Italie, suivi de celui de Lampedusa. « Monsieur le Chef d’Etat de…. Je réclame l’asile politique, l’application du droit international ». Elle croise encore des corps humains raides comme des planches ou des morceaux de corps humains, un requin qui opportunément se déroute. Atteinte de diarhée ; ce n’est plus rien au milieu de cette eau salée. « Mahomet a-t-il préparé le Paradis ». « Je deviendrais un Iccare, un Haccker !.
Claude Glayman.
« Lampedusa beach » Studio Théâtre de la Comédie Française jusqu’au 28 avril 13.
Livre de Lina Prosa, traduit de l’italien pour Jean-Paul Manganaro. Les Solitaires Intempestifs 2012, 111p, 13E.
Mots à souligner :Illégalement. Morceau de carte géographique entre Sicile et Afrique du Nord.Aborder une île. Se noyer. Prénoms africains féminins. Cappittalissme.