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Billet de blog 22 octobre 2015

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Les frères Moïse/Aron d’Arnold Schönberg à Bastille

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Des éléments biographiques s’avèrent nécessaires pour aborder cet opéra complexe. Né autrichien (1874), Arnold Schönberg de confession juive jusqu’en 1918 lorsqu’il se convertit au « protestantisme » qu’il quittera pour revenir au judaïsme au début des années 30 lors de l’arrivée d’Adolphe Hitler et des Nazis au pouvoir ; cérémonie qui s’est déroulée à la Synagogue Copernic de Paris où le musicien était en transit vers les Etats-Unis . Il y vécut jusqu’à sa mort en 1951. Au cours de ces premières années 30, il composa « MoÏse et Aaron », soit deux actes sur trois, entamés en 1928 ,inspiré d’Auguste Strindberg dans le prolongement d’autres œuvres antérieures telle « L’Echelle de Jacob ». L’inachèvement de « Moïse et Aron », on s’en doute, a soulevé de multiples questions et spéculations.

-          L’opéra et sa représentation : mise en scène de Roméo Castellucci

-          Et direction Philippe Jordan à la tête des Chœurs et Orchestre de l’Opéra National.  de Paris.

Dieu par l’intermédiaire du « Buisson ardent » (le Chœur) sollicite Moïse pour qu’il soit . son porte parole auprès du peuple juif sous la botte de Pharaon. Moïse débute ses  sollicitations auprès de Aron par l’identité de son Dieu : « Dieu unique, éternel, omniprésent, invisible et irreprésentable ». En outre Moïse  ne parvient pas à parler et achèvera le second acte par ces paroles : « Ô verbe, verbe qui me manque ». Fort opportunément Aron chante et ici il s’agit

d’un ténor convaincant dans ses moments d’espoir et de désespoir, l’anglais John Garham-Hall . Par delà de multiples silences, il trouve en Thomas Johannes Mayer une basse allemande : le duo est imposant.

Mais ce qui frappe le plus c’est la mise scène : sur un  fond blanc laiteux ,d’une blancheur immatérielle tendu sur la totalité de la scène d’où se détachent à peine des silhouettes plus ou moins  ir/réelles dans un monde  de cieux, mais aussi de désert

Lieu où nous voguons grâce aux lumières comme  aux costumes.Toute une symphonie blanche, mystérieuse, inoubliable. On suppose également que les artistes dramaturges, Piersandra Di Matteo et Christian Longchamp  sont intervenus dans cette merveilleuse illustration d’un premier acte  ardu au point de pouvoir se croire inveersement au paradis…

Un « Veau d’or » modéré

Lorsqu’en novembre I995, Stéphane Lissner, alors « patron » du Châtelet, avait monté ce même « Moïse et Aron », mise en scène Herbert Wernicke et direction musicale Christophe von Dohnanyi, le « Veau d’or » n’était pas incarné  en un vrai animal,  présent sur la scène de « Bastille ». On se  souvient d’un moment de quasi détente, fantaisiste, dynamique. Les artistes de Bastille ont opté, eux pour le sérieux,

sérieux, comme un prolongement du premier acte. On distingue les personnages, un homme, le jeune homme nu, les vierges logées à la même enseigne et symbolisées par la chair d’une femme qui mêle ses membres nus à une sorte de danse en participation avec d’autres individus jouant pareillement de leurs membres en rythme avec la vierge dévoilée. Incarnation ingénieuse et belle, initiée probablement par la chorégraphe Cindy van Acker. Laquelle a réglé d’impressionnants mouvements de foule sur le plateau, qui sont autant de choristes. Durant ces brassages qui frappent l’auditeur/spectateur par une vigueur étonnante, il semble que Moïse soit absent, inquiétant  la plupart des êtres présents,  comme déboussolés.

Heureusement il y a la musique d’A.Schönberg. Philippe Jordan semble un familier de cette partition du « Veau d’or », il détaille,  cisèle son orchestre innovant de brèves séquences qui rompent avec la raideur propre au compositeur. Les chœurs sont presque constamment présents modulant leur acuité sonore en fonction du déroulement des séquences. Alors que manquait-il pour qu’un troisième acte soit définitivement absent ? Certains commentateurs ont pensé que c’était la prière qui était absente car impossible . Alors pourquoi ce dernier tableau de montagnes, cette sorte d’Everest enneigé où l’on distingue quelques alpinistes en action ? Tribut à de récentes actualités visuelles dans les médias ? On écartera cette hypothèse fâcheuse au regard de l’ensemble de  cet attachant spectacle … Fin qui nous a surpris sans nous convaincre !    

Claude Glayman.

-          Arnold Schönberg : « Moïse et Aron », 0péra Bastille, 20 0ctobre, 2015.

-           ms Romeo Castellucci, dm Philippe Jordan. Opéra National de Pari jusqu’au 9 novembre 2015.       

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