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A lire la solide biographie sur William Shakespeare de P.Ackroyd * on conserve l’image d’un « génie productiviste » qui ajoute, à chaque moment une « Pièce » à l’autre sans jamais fléchir. Parmi elles « Le Roi Lear » occupe une royale place. Précisément c’est la lecture, relecture et la vision à Garnier de la mise en scène, frappante, attachante au soir de la première qui nous laisse incomplètement comblé… Et finalement c’est le déroulement des scènes qui nous laisse quelque peu sur une petite insatisfaction. Du reste le Programme de l’Opéra indique bien « d’après » W. Shakespeare. Il nous semble qu’un déclique nous manque alors qu’il existe dans nombre de chefs d’œuvre du même.

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Ainsi quand au final rythmé par une sorte de tambour créant à lui seul son dramatisme nous avons sous les yeux, une forme ce charnier où gisent tous les morts de cette tragédie, nous sommes ébahis même si miette nous savons que tout ce monde n’est pas un modèle de courtoisie ! Dès le début nous sommes avertis, Lear entend partager ses biens, notamment à ses filles qui miment un profond amour, attachement à leur père. A peine Cordelia est elle muette qu’ elle exclue ce qui, aussitôt provoque une bataille de chiffonnières entre les autres sœurs ne désirant que rafler ce qui était destiné à la gentille soeurette. D’emblée nous baignons dans le climat. Et qui sait si un complot n’évincerait il pas Lear lui même. ?
Tradition, Musique
Les péripéties entourant les héritages familiaux ont souvent attiré l’attention des publics en France, notamment. Le thé tre national en est plein ! Surtout si l’on y ajoute ¨les situations de vieillesse. Mais si on accorde une certaine importance à ces thèmes, souvent développés de nos jours. l’époque de Schakespeare n’était pas trop savante dans ce domaine. Dès lors l’intérêt d’une adaptation musicale peut révéler des beautés artistiques insoupçonnées. Aribert Reimann a créé son opéra en 1978 ; ce n’est pas un compositeur très connu en France.

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Souvent attachant par ses chanteurs particulièrement bien dirigés en tant qu’acteurs. Qu’il s’agisse de Bo Skovhus dont on a déjà apprécié les qualités et qui, ici, fait une performance remarquable abordant les diverses directions de son rôle. Les autres personnages masculins, Kent (M.Covin), von Albany (G.Saks), Edgar le faux fils (GSaks).Edmund (A.sC)onrad)… Sans compter les rôles féminins, folle,.Cordelia (A. Dasch) ; Goneril(Merbeth). Les décors uniques, même si on en a déjà vu de semblables qui se déroulent en une espèce de forêt plus ou moins profonde qui suggère le sentiment de captivité. Tout cela dans une mise en scène de Calixto Bieito très attachante . Les Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris. au niveau de Lear la direction musicale de Fabio Luisi semble indiquer une sorte de troisième voie entre la musique dite d’avant garde et une musique « moderne »
Chœurs a capella et trés importants systèmes de percussion particulièrement brutes.
Claude Glayman
Palais Garnier, 23mai/12 juin 2016