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Billet de blog 27 mai 2013

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Dutilleux le merveilleux

Lorsqu’on écoute « Tout un monde lointain / Concerto pour violoncelle » (1970), interprété par Mstislav Rostropovitch notamment, l’on est frappé par la force, voire la violence lyrique de cette œuvre qui a mis Henri Dutilleux définitivement à la première place. Plus tard il avait acquiescé à ma question relative à la violence dans sa musique ; question posée dans le livre d’entretiens « Mystère et Mémoire des Sons » (Actes Sud 1997). La volonté et le génie du compositeur ont atteint les objectifs qu’il s’était fixés.

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Lorsqu’on écoute « Tout un monde lointain / Concerto pour violoncelle » (1970), interprété par Mstislav Rostropovitch notamment, l’on est frappé par la force, voire la violence lyrique de cette œuvre qui a mis Henri Dutilleux définitivement à la première place. Plus tard il avait acquiescé à ma question relative à la violence dans sa musique ; question posée dans le livre d’entretiens « Mystère et Mémoire des Sons » (Actes Sud 1997). La volonté et le génie du compositeur ont atteint les objectifs qu’il s’était fixés.

En reprenant l’écoute de ses deux derniers opus, « Correspondances » (2003) et « Le Temps l’Horloge » (2009) on découvre une esthétique qui diffère par son utilisation de la voix et une orchestration légère, délicate, raffinée, d’une étonnante subtilité  dans les sons, les timbres, notamment l’utilisation d’une section de percussions « in-entendues ». Evolution au-delà d’autres partitions intermédiaires plus intériorisées et secrètes comme « le Quatuor/ Ainsi la Nuit » (1974/76). La voix porte la nostalgie de l’opéra, jamais incarnée mais toujours présente. Henri Dutilleux a achevé un itinéraire très personnel en un temps où les compositeurs contemporains se sont multipliés partout dans le monde, certains sériels, d’autres poursuivant, sans toujours y parvenir, leur chemin personnel dont H.Dutilleux, le premier, a réussi cette performance au cours de la seconde moitié du 20°Siècle et le tout début du 21°.     

  . Tradition et Modernité.

H.Dutilleux n’est pas un grand instrumentiste et, encore moins un chef d’orchestre. Il a dédié la « Sonate pour piano » (1948) à Geneviève Joy, excellente pianiste, son épouse, qui a contribué au succès du compositeur. H.Dutilleux naguère, a utilisé la voix dans le sillage de la mélodie française et accru l’émotion de « The Shadows of Time » (1997), pièce dédiée à Anne Frank, en se servant de voix d’enfants dans une brève séquence. Création à Boston dont le directeur musical, Seiji Ozawa, lui avait passé commande. Occasion de souligner le rôle d’artistes américains qui se sont portés au devant  de Dutilleux, particulièrement grâce à l’Orchestre Symphonique de Boston dirigé par Pierre Monteux qui s’accompagna d’une cer participation française parmi les pupitres. Serge Koussevitzky lui succéda. H.Dutilleux compose sa « Seconde Symphonie, le Double » (1957/59) à son intention tandis que la « Première » crée par Roger Désormière (1951) à Paris était rapidement suivie d’une reprise américaine par Charles Munch précisément à Boston. George Szell directeur de la célèbre phalange de Cleveland est à l’origine de « Métaboles »

(1962/64). Si l’on ajoute que le « Quatuor Ainsi la Nuit » fut composé intentionnellement pour  les instrumentistes du « Julliard Quartet » (1974/76). on est conduit à s’interroger  sur une certaine marque américaine,  en fait problématique, sans sous-estimer l’importance du rythme, de la pulsation chez le musicien, amateur de jazz (Sarah Vaughan) et qui songeait à composer une œuvre vocale pour une chanteuse de « Blues ».

Au bout du compte, H.Dutilleux n’est-il pas l’inventeur d’une « troisième voie » entre « académisme » et « avant-garde sérielle ou non ». sans oublier ses attaches avec la tradition ?

Précisément ses dernières productions sont caractérisées par la voix traitée amplement, accompagnant des textes forts, « Correspondances » crées à la Philarmonie de Berlin par Simon.Rattle et la soprano Dawn Upshaw (2003.absente du récent cd DG) ;« Le Temps l’Horloge » commande de Seizi Ozawa qui dirige la création à Paris avec la célèbre « Diva » Renée Fleming sur des poèmes de Jean Tardieu, Robert Desnos, Charles Baudelaire (2009).

Il existe une relation étroite entre une culture de la fin du 19°Siècle Baudelaire, Van Gogh…              

découvertes du temps de la jeunesse, manifestes lors de la maturité (« La Nuit étoilée » d’après un tableau de Van Gogh, 1977/78), et revivifiant la fin de l’œuvre avec l’appui majeur de la voix. Voici ainsi la modernité conquise et la tradition dans sa vérité permanente. Les grandes références que sont deux compositeurs à cheval sur les 19°/20° siècles, Maurice Ravel et Claude Debussy surtout (le choc juvénile mais décisif de « Pelléas   et Mélisande ») ; sans oublier Olivier Messiaen ( + 1992).

La rumeur a souvent évoqué une rivalité entre H.Dutilleux/P.Boulez, tous deux connus dans le monde entier. Ce genre de gué/guerre froide s’observe  à diverses reprises dans l’histoire de la musique. Selon H.Dutilleux « Boulez cherche autre chose ». En outre c’est un très grand chef d’orchestre. De plus cette rivalité (si elle existe …) existe dans la poursuite commune d’un avenir pour la Musique.

In fine osons proclamer que « Dutilleux le Merveilleux », dans sa longévité, laisse une œuvre, plus nombreuse qu’on ne le pense souvent (cf. révisions) et que l’on s’autorise à qualifier de « parfaite. La postérité, probablement, soulignera qu’il demeure une grande différence esthétique entre les deux. Et après !

Claude Glayman

PS. Les discographies des deux compositeurs sont abondantes et il est inutile de leur coller des notes.          

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