EDWARD W .SAID était un intellectuel palestinien, exilé aux Etats-Unis, né à Jérusalem, enfant élevé au Caire et mondialement connu. C’est l’un des rares intellectuel du 20°siècle qui ont fait de la musique un objet privilégié de leur réflexion.Comme tant d’autres il ne s’est pas contenté d’écouter des sons et d’applaudir à des concerts ou lors de Festivals ,« structure d’aliénation. »
La rencontre avec Daniel Barenboïm, juif argentin, est capitale. Partageant tous deux le même point de vue sur le Moyen-Orient, ils fondent le « Divan Occidental-Oriental », soit un orchestre de jeunes palestiniens et de jeunes israëliens oeuvrant pour la paix au Moyen-Orient. ¨Pour comprendre E.W.Said il faudrait disposer et connaître divers de ses livres en anglais. E W Said a été formé aux Universités américaines (il y a ensuite enseigné), sans aller si loin, consulter le numéro de la revue « Critique » (juin/juillet 2013)en privilégiant deux présentations de ses textes de musicologue, « Music Elaborations (1991) et Music at the limits 2008, préfacé par D.Barenboïm ». L’auteur est décédé en 2003.
AÏDA.
E W.Said rappelle que le célèbre opéra de Giuseppe Verdi, « Aïda » était destiné à coïncider avec l’achèvement du percement du « Canal de Suez » (1872). Double réalisation qui se situe juste après la guerre franco prussienne et c’esr un égyptologue français, Auguste Mariette qui a donné à Verdi la trame de son œuvre. Radamès un jeune général égyptien d’une Egypte orientalisée, érotique et imaginaire, amoureux d’une Princesse éthiopienne. Donné à la Scala de Milan aussitôt, avant de tourner dans le monde entier. « Aïda » constitue pour E.W.Said « Une forme hautement spécialisée de mémoire esthétique au service de la domination occidentale ». Said évoque « The Empire at work » et encore une « transmutation du plaisir musical des dominants avec emprise symbolique sur les autres ».
Grand amateur d’opéra, surtout wagnérien et bayreuthien mais embarrassé par l’héritage du 3°Reich. N’aimant pas « Les Soldats » de B.A.Zimmermann mais goûtant John Adams, en particulier « The Death of Klingshoffer », malgré le meurtre du Docteur juif. Dans la mise en scène opératique il rejette souvent les spectacles du Met où les compositeurs italiens ont la part trop belle. Il déteste le metteur en scène Franco Zeffirelli, à l’inverse loue Peter Sellars ainsi que le chef Pierre Boulez « malgré son modernisme autoritaire ».
E.W.Said était un pianiste accompli, le piano « une exigence extrême » ; il a connu Glenn Gould et a beaucoup écrit à son sujet. De même que Maurizio Pollini, Alfred Brendel, Andreas Schiff, il est nettement plus indécis concernant le chef Claudio Abbado. Il condamne une critique qui ne fonctionne que sur son « humeur ».
- NEW MUSICAOLOGY
Cette New Musicology » s’est enfin ouverte à la « Franch Theory ». Par exemple EW.Said rédige « Music and Feminism », à la suite de représentations de « Fidelio » ; il souhaiterait une critique féministe des « femmes » chez Beethoven. Dans cette optique il participe à la redécouverte de Th.W.Adorno par les musicologues américains. Plus généralement il déplore « Les répressions de l’audition par l’industrie culturelle. » Et simultanément conteste la conception « européocentriste » de la culture, se tient à l’opposé des valeurs de la modernité occidentale et évoque les pratiques musicales du vaste monde.
Se félicite que D.Barenboïm ait brisé le « tabou Wagner en Israël ». « La vie réelle ne peut être réglée par des tabous et des prohibition qui vont à l’encontre de la compréhension critique et de l’expérience émancipatrice ».Et ce par –delà une solidarité absolue avec les victimes de la « Shoah ».
Claude Glayman
« Critique » – juin/juillet 2 013 : « Edward W.Said (Jérusalem 1935/ N ew-York 2003 ».