Une perfusion de cultures littéraires, musicales. Incarnée par des acteurs plutôt somptueusement vêtus : crinolines, gilets brodés, chapeaux, etc., parlant souvent dans leurs langues natales, dans un décor exigu, on y pousse sans arrêt des meubles, grande maîtrise de la gestuelle et de l’espace : ce qui entraîne des couples à valser on dirait sauvagement, goulûment. Une mise en scène de ces paroles et des gestes, qu’on ne cherche ni à expliciter, ni à traduire (comprenne qui pourra avec de larges moments en langue française). Paroles et sons forment un même corps, entremêlé. La « Tour de Babel » avec ses sons, ses musiques changeantes, et toujours ou presque au sommet.
Cependant rien qui ressemble à de l’Opéra, voire à de l’Opéra Comique. Une langue nouvelle et visuelle et, ici, un vrai chef d’œuvre. Mais qui d’autre sera en mesure d’en aligner un second de même type ? Tant « Passim » de François Tanguy et du Théâtre du Radeau du Mans constitue une suprême beauté. « Beauté » une réalité, une vérité, pratiquement disparue de chez nous et qui, pourtant, nous réconcilie avec notre monde. Un monde au passé si riche (ci joints quelques exemples*) que le commun des mortels de notre époque ignore.
Claude Glayman
* Textes de Kleist, de l’Arioste, Shakespeare, Le Tasse, Flaubert, Calderon, V.Grossman, Euripide, etc./ Musicalement, une grande diversité.
« Passim » Théâtre du Radeau/ François Tanguy - Théâtre de Gennevilliers jusqu’au 18 octobre 14.T2G. Réservations : 01 41 32 26 26 /www.theatre2gennevilliers.com