Du 4 au 6 septembre, au Théâtre du Capitole de Toulouse se tiendra le 35e concours international de chant au capitole de Toulouse. La grande soprano Teresa Berganza présidera le jury à côté de représentants de Covent Garden, du MET de New York, des Chorégies d’Orange, des opéras de Zürich, Madrid, Santiago du Chili, de Nuremberg. 146 candidats de toutes nationalités concourront. S’ajoute ici une vidéo d’un opéra-thriller créé en avril 2014 et prochainement diffusé par la télévision.
Dans ce berceau du Bel canto qui remonte aux troubadours et aux jeux floraux, par ailleurs une ville industrielle et universitaire. De ce concours organisé tous les deux ans, depuis 1954 en sont sortis des valeurs sûres qui ont fait et font encore de beaux parcours. On pense à Viorica Cortez, José Van Dam et Dmitri Hvorostovsky, etc. Notons que les auditions sont publiques pour un public passionné au point qu’il a même été créé un prix du public lors d’une confrontation particulièrement aigüe.
Pour nous qui sommes parisiens et toujours tentés par la nombre extrême de manifestations de cet ordre, voici une preuve supplémentaire d’un certain génie de la province (quel que soit le nombre officiel de régions) ; également passionnée de musique, de chant et qu’elle supplante parfois la région capitale par ses initiatives et ses audaces.
« LES PIGEONS D’ARGILE » THRILLER OPERA DE PHILIPPE HUREL
Quand on lit le Programme des « Pigeons d’Argile » de Philippe Hurel, créé en avril 2014 au Capitole de Toulouse, on est frappé par la qualité de son contenu, aussi n’est-il pas étonnant que la vidéo de l’œuvre, prévue par ailleurs pour une diffusion à la Télévision, dégage une sentiment de travail intense et de réussite, assez rare lors de nouveaux opéras. Il s’agit d’un opéra-thriller qui se souvient du rapt de Patricia Hearst (fille du magnat de la presse) en 1974 qui fit un grand bruit dans l’opinion. Avoir repris cette action en la modernisant sous d’autres identités (cf. également le film d’Orson Welles « Citizen Kane »). Ph. Hurel (1955) est un musicien déjà accompli qui a composé dans différentes directions, sauf le lyrique ; à l’exception du théâtre musical « Espèces d’Espaces » d’après Georges Pérec à Lyon (2012).
Les Baer, père et Patricia, constituent l’une des grandes familles très riches. Toni, fils du jardinier des Baer et Charlie son amie, Gaëlle Arquez, une mezzo convaincante, organisant le rapt de Pat qui conduit à un logique braquage de banque au cours duquel Charlie est abattue par le chef de la police, une autre mezzo, Sylvie Brunet-Grupposo dont toute l’ambiguïté frappante repose sur la vélocité recherchée du cantabile. Le compositeur et le romancier Tanguy Viel librettiste ont voulu cette rapidité digne des thrillers classiques américains. D’où l’absence d’entracte et une extrême attention dans la mise en scène de Marianne Clément, à peine sortie d’un « Werther ». Musicalement l’excellent Orchestre National du Capitole dirigé par Tito Ceccherini, jeune et inconnu de nous et la constante collaboration de Ph. Hurel. Transcendé par les Chœurs du Capitole, excellente idée qui explique le sentiment d’humanité du spectacle nullement guidé par une complaisance mortifère inexistante. On n’oubliera pas le vétéran Vincent Le Texier le « méchant » ayant créé tant de pièces pas davantage que Gilles Ragon , ténor bien réputé dans le rôle de Pietro le vieux père de Toni, socialiste nostalgique, comme victime désignée. Demeure Vannina Santoni, dans le rôle de Patricia Baer, nouvelle amoureuse de Toni, convaincue, et qui rayonne au fur et à mesure du déroulement de l’œuvre. Tradition et innovation, clé du succès !