- C’était le 19 juin, tout près de la plage de sable noir et de galets de Jasri. Là se dresse un « balé » - petit pavillon orienté au sud dominant l’Océan indien - , un lieu souvent consacré où se succèdent nombre de communautés villageoises, menées par leurs prêtres, pour venir communier, l’eau, l’eau de mer surtout, étant sacrée comme nulle part ailleurs. Même "l'hindouisme à l'indienne" si je puis dire ne vénère pas à ce point cet élément vital que l'on nomme, en indonésien, "air"!
Ils, elles étaient une cinquantaine de villageois venus en camionnette depuis leur village, Tiying Tali, lové à l’ouest du mont Lempuyang. Toutes et tous étaient assis au pied du balé, serrés comme des sardines selon la coutume, des femmes surtout comme d’habitude. Et donc le prêtre, cette fois le pemangku du village, plus imprégné de son sacerdoce que jamais, et trois assistants aux petits soins, flottant au-dessus de leurs ouailles.
Voyant le visage de cette femme, j’ai été attiré par la beauté de son visage, son regard vers le lointain. Dans la photo originale, elle apparaît parmi les siennes. Je l'ai simplement isolée. Un ami y voit une femme qui a vécu, qui a aimé et peut-être aussi quelque drame caché.
Quel âge aurait-elle m’a-t-il demandé ? La quarantaine selon moi. Une autre amie y a vu non sans humour une photo « historique ». Et peut-être le sera-t-elle un jour. Ou bien l’est-elle déjà.
En effet, aujourd’hui entre en vigueur le redoutable PPKM, plan d’urgence visant à freiner la résurgence du Covid en Indonésie. Ce PPKM vise deux îles : Java et Bali.
L’île de Java, la plus peuplée, où se situe la capitale, Jakarta et ses 22 ou 23 millions d’habitants, est la plus touchée suite aux immenses rassemblements de la fin du ramadan que le pouvoir n’a pu ou n’a pas voulu interdire.
Si Bali se voit elle aussi visée, c’est par crainte de voir des touristes étrangers exporter le nouveau variant Delta que l’on dit galopant. Cette mesure va-t-elle freiner la vaccination – notre île est prioritaire en la matière, la moitié de la population aurait déjà reçu une première dose – ou bien va-t-elle l’accélérer ? Nous le serons bientôt.
Quoiqu’il en soit, c’est la panique chez celles et ceux qui vivent du tourisme. Les répercussions vont faire mal bien au-delà de ce seul cercle. Fini le ruissellement – car le tourisme et ses dérivés font vivre une multitude de métiers - voici le reconfinement. La période annoncée par le Président « Jokovi » court jusqu’au 20 juillet.