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Billet de blog 6 juillet 2021

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JUSTE UNE IMAGE DE BALI (12) : "BALI FOR THE WORLD"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

5 juillet 2021, 16h, Dangle, village de montagne non loin d’Amed, site de plongée sous-marine avec ses fameux coraux, province de Karangasem.

 Elle se nomme Nyoman Metro et lui Nyoman Mandra. Ce sont des prénoms. Souvent, à Bali, les gens, les pauvres surtout, les sudra, la caste la plus basse, ne portent pas de noms.

Nyoman est l’un des quatre prénoms qui marquent l’ordre de naissance, fille ou garçon. Wayan (ou Putu) pour le premier enfant, Made (ou Kadek) pour le second, Nyoman (ou Komang) pour le troisième et enfin, Ketut pour le quatrième. Et puis on recommence…

Illustration 1
5 juillet 2021, 16h, Dangle, village de montagne non loin d’Amed, province de Karangasem © Claude Hudelot

Lui a 50 ans. Ils ont une fille…que vous verrez bientôt. Et deux petits-enfants.

Ils vivent dans cette masure construite à flanc de montagne, et quel flanc, en bambou tressé, l’habitation la plus sommaire de l’île. Sol de terre battue. Une maison - une pièce quasi vide juste entr’aperçue. Il m’explique qu’ils sont paysans, paysans de montagne. Ils partent le matin munis d’un parang, une serpe, indispensable, consubstantielle, et font de la cueillette, cultivent probablement un petit lopin de terre.

Ils sont surpris, timides, aimables et finalement contents d’échanger avec ce vieux Prancis, un extra-terrestre venu de plus de l’autre côté de la montagne. Du côté de l’adret, face à l'Océan indien, au sud, loin, "jauh". Ici, c’est donc l’ubac, face au nord, à la mer de Bali.

J’évoque la vue époustouflante sur une autre montagne encore ensoleillée. Ils rient. C’est le moment où je prends la première photo. Voient-ils encore la montagne comme je la vois ? Puis, ils retournent à leur place habituelle, sur le pas de la porte. Elle s’assied là ;  lui va chercher un panier tressé qu’il brandit comme un trophée pour cacher sa timidité je suppose.

Sur le T–shirt de l’homme, « BALI for the world » avec une fleur de frangipanier qui vient manger le BA de BALI. Jaune cela va de soi, cette couleur quasi sacrée. Nyoman Mandra ne sait pas ce que cela signifie et peu nous importe. Quelle ironie? Quelle sarcasme? Quelle violence? Quel paradoxe? Quelle absurdité? 

J’avais envie de rester un peu plus mais non. Mieux vaut tirer ma révérence. Ce que je fais avant de reprendre la route en pensant au Tour de France. Ici, depuis bientôt huit ans, j’ai pris l’habitude de ces pentes tellement vertigineuses que l’on ne voit pas en-dessous. Mais là, cela dépassait l’entendement. Je me suis demandé si "notre" jeune Slovène saurait les grimper, comme hier nos Bartali, Copi, Anquetil…

Les scènes se sont succédées et les images aussi, jusqu’à la nuit noire. Il m’a semblé que cette image était la plus juste. Juste une image de Bali for the world.

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