Oui, un vent de folie souffle sur "le Rocher", sur l'île, où tout se joue dans un mouchoir de poche. C'était hier le grand branlebas de combat, et, au sens propre du terme, l'essuyage de plâtre, escaliers à peine pratiquables - oubliez les ascenseurs, bourrés jusqu'à la gueule - avec, à l'étage de la Pearl Lam Fine Art Gallery, le long de l'immense couloir qui borde celle-ci, au moins une cinquantaine de gerbes immenses à la gloire de celle-ci...Ouah!
Prévoyant, j'avais décidé de visiter sa galerie avant la "rush hour", durang le pre-opening pour la presse. Pearl, coiffure post afro avec reflets violets ( légers, légers), toujours aussi sexy, bises retentissantes et belle accolade, me laisse pénétrer, ouf. Elle présente une dizaine de peintres abstraits chinois, certains connus et reconnus, comme Yang Binghui, d'autres qui furent une découverte pour la plupart des centaines de visiteurs qui se bousculèrent ensuite. Pari réussi pour la madone de l'art à Hong Kong et à Shanghaï. Elle qui faisait dans le kitsch a retourné sa veste, tant mieux! Je crains fort que les "people" en goguette n'aient au demeurant pas vu grand chose, agglutinés qu'ils étaient, un verre de champagne à la main. (No food: judicieuse précaution)).
Un étage plus haut, chez Gagosian, c'était plus respirable. Et plus attendu aussi. Gorsky en tête. Si chez Pearl Lam le nom des artistes figuraient, avec parfois une petite bio bienvenue, chez Gagosian et dans d'autres galeries, chez Perrotin par exemple, rien. Du moins, je n'ai rien vu. Pas de noms, ou rarement. Ignares, passez votre chemin ou allez donc chercher l'info à la source. Dans le même immeuble, en pleine restauration, Johnson Chang a logé sa nouvelle Hanart TZ Gallery, Johnson, tel qu'en lui-même, toujours vêtu d'habits chinois traditionnels, toujours aussi chaleureux, présente un show déjanté d'un artiste chinois qui ne manque ni d'imagination, ni d'humour. (Les noms une autre fois, promis!) Le tout se situe au 12 Pedder Street, au coeur de Central. (Pour les familiers de HK: dans l'immeuble de Shanghaï Tang, aujourd'hui déplacé..)
Je n'ai pas encore mémorisé le nom de ces artistes, mais en revanche, j'ai salué pêle mêle ou aperçu certains des plus grands collectionneurs de ce temps, de Buditek à Jean-Marc Decrop, de Uli Sigg à ce chinois dont le nom m'échappe qui tient à Pékin et à Shanghai ce fameux karaoké décoré (!) de tableaux de Zhang Xiaogang, Wang Guangyi, Fang Lijun, Zeng Fangzhi, et de quelques autres...Rien que çà. Et puis, bien entendu, il y avait là les Lorenz Helbing, directeur de Shanghart, Zhou Tiehai, peintre et directeur artistique du Minsheng Museum (Shanghai), Mathieu Borysevicz, directeur de la Shanghai Gallery of Art, Sui Jianguo ( sculpteur mondialement connu et directeur de la sculpture à l'Ecole Nationale des Bx-Arts de Pékin), tout aussi bien que l'ami David Caméo, directeur du Musée de Sèvres, Catherine et Marianne Lamour, Sophie et Thomas Dariel, jeunes "lions" de la com et du design installés à Shanghaï, Francis Gouten, ex "CEO" de Richmont Asie, Pt de Gouten Consulting, Serge Dumont, Vice Chairman du Omnicom Group, avec lequel j'ai eu le plaisir de bosser lors des Années France-Chine, Toshio Shimizu, l'un des curators les plus en vogue, Horace M.T Chan, CEO de Standard Financial Holding ltd...Pardon si je vous ai oublié. Bon, c'est pas pour frimer, juste pour vous donner une palette de ce petit monde. J'oublais les Levy, grands collectionneurs, qui étaient là comme poissons dans l'eau.
Après ce premier choc, le second: sur Connaught Road - marchez tout de même au moins trois cent mêtres, passez sous les fameux promenoirs aériens qui font le charme de HK - une galerie si volumineuse, si labyrinthique que l'on s'y perdrait. Mais le personnel - des dizaines de beautiful people souriants, avenants, veille sur vous. Elle est située au rdc et au premier du 50. White cube. C'est beau! C'est luxueux! Et presque zen. Au murs, une époustouflante expo de Anselm Kieffer, tableaux de très grandes dimensions, beaucoup de matière, des tons très printaniers, et hommage très distancié, drôle, bienvenu en ces lieux, aux "cent fleurs" de ce cher Mao.
Découvrant "la" toile qui commande toute l'expo, Le Grand Tim seul, dominant le monde, caricaturé tout en haut de l'oeuvre, un immense champ de fleurs à ses pieds - un jaune criard domine - j'ai souhaité rencontrer la directeur de de ce white cube, car je rêve de faire figurer ce tableau dans la prochaine édition du MAO ( version anglaise et chinoise). Et là, qui vois-je? Laura Zhou, mon amie Laura, qui fut longtemps l'adjointe courageuse et dévouée de Lorenz Helbling lorsque Shanghart balbutiait au Parc Fuxing, puis à Moganshan lu...Quelle ascension! Pauvre Laura harassée de questions de la part de collectionneurs, collectionneuses tandis que nous essayions de deviser..."Oh Laura, by the way, do you know here a good massage???"
Ainsi vont Hong Kong, la Chine et l'Asie, entre futilités en tous genres et furieux développement, de l'art et du business, ici plus qu'ailleurs indissolublement liés. Ce que nous allons appréhender tous ces jours-ci lors de cette HK Art Fair dirigée par Magnus Renfrew qui devrait dès cette année se hisser au tout premier plan des plus grandes foires: Bâle, Paris, Miami...Roulez jeunesse!