Demain, dès l’aube, ou presque, j’irai voter à deux pas d’ici. Je longerai le bord de mer, passerai sous les platanes du cours Chauffour, puis sous notre drapeau, avant de remonter l’allée de notre pimpante mairie de La Flotte et de pénétrer dans le bureau de vote. Je saluerai notre maire et Conseiller Général, l’inusable Léon Gendre, vêtu d’une de ces vestes d’été dont il a le secret. Il me demandera une fois de plus si je reviens de Chine…
« Léon », comme nous l’appelons ici entre nous, je l’avais invité il y a des lustres à La Rochelle à participer, sur France-Culture, à une émission polémique. Il se voulait alors un « antipontiste » résolu. Là, je viens de découvrir que cet homme de droite milite, si j’en crois rue89, pour Olivier Falorni, ou plutôt contre Segolène Royal ! Comme Dominique Bussereau et nombre d’élus régionaux de l’ancienne majorité, il vient en renfort des TSS. Dame, connaissant sa verve, sa faconde, et la hargne qui s’exprime chez ses petits camarades, le processus risque d’être dévastateur pour Ségolène Royal. A l’île de Ré comme dans toute la circonscription.
Pour cette raison, et parce que personnellement, je veux être fidèle à mes engagements – Maxime Bono, Député Maire de LR est un ami, comme l’une de ses adjointes, Brigitte Peudupin, tous deux fervents soutiens à Ségolène Royal – et encore parce que je trouve absurde le procès qu’on intente à celle-ci, soi disant « parachutée » ( !) – je voterai pour elle.
Ce choix est surtout dicté par un critère de poids : si elle est notre députée, elle sera, je crois, mieux à même de donner à cette circonscription, de concert avec Maxime Bono, l’impulsion que ce petit territoire mérite. ( A ce propos, j’ai beau lire la presse, je n’ai pas relevé d’article mettant en évidence l’affrontement inéluctable entre le Maire de LR et le futur député Olivier Falorni. Çà promet).
Peut-être irai-je voter aussi pour elle avec trois autres raisons en tête : il me souvient de son combat, déjà passablement savonné par ses « amis » du PS, lors de la Présidentielle de 2007, de son courage, de son panache ; la voir ainsi chuter serait pour le moins malencontreux ; sans avoir toutes les cartes du jeu, j’avoue être dubitatif à propos de l’attitude de Lionel Jospin et de Jean-François Fountaine. Chacun savait ici l’inimitié grandissante entre ce dernier et la présidente de la Région. Je suis, nous sommes quelques uns à nous perdre en conjecture. La troisième raison, c’est bien entendu le fameux tweet de « la première gaffe de France ».
Reste que j’irai voter… un rien déboussolé. Déboussolé par l’incapacité du PS à régler le conflit provoqué par l’absence d’une primaire locale. En refusant celle-ci, Segolène Royal a commis une erreur grossière ; sa seconde bévue, étant comme chacun sait, de s’être déclarée candidate au perchoir. Or les deux vont de pair: dans les deux cas, il s'agit bel et bien de se situer, peu ou prou, au-dessus de la mêlée, de vouloir bénéficier d'un passe-droit, loin très loin de la "démocratie participative". Cette impulsivité – d’aucuns diront cette suffisance – ne joue pas en sa faveur. Déboussolé enfin en pensant à tous les effets collatéraux de cette gabegie - la liste en serait trop longue – et par une première perte de confiance en ce nouveau pouvoir dont nous attend(i)ons tant, après les effets dévastateurs de l’ère Sarkozy.