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Billet de blog 18 avril 2013

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Hong Kong, Macao: abécédaire (7) Plages

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De toutes les villes d’Asie que je connais, Hong Kong est bien la seule à vous proposer, à quelques dizaines de minutes, des plages sublimes et quasiment désertes jusqu’à l’été.

La première, au sud de Victoria, c’est Deep Water Bay, un site quasi parfait avec, cerise sur le gâteau, le très joli green du H.K Golf Course. A l’ouest de la baie, une aire de pique-nique et de barbecue impeccablement entretenue sous la voûte des banyans à deux pas de  l’onde. Quelques yachts y paressent.

La seconde, Repulse Bay, doit son nom au navire britannique Repulse qui participa, dans les années 1840, à une campagne visant à débarrasser ce havre des pirates qui en avait fait leur nid.

Construit dans les années 1920, le Repulse Bay Hotel était un pur joyau de l’architecture coloniale britannique, à l’égal du Raffles  de Singapour.

Les stars de cinéma et de théâtre, les happy few de la colonie venaient se retrouver en fin d’après-midi, à la fraiche, pour y prendre le thé sur sa magnifique véranda. Lors de mes premières visites, dans les années 60 et 70, je m’étais juré d’y descendre un jour…

Las, malgré les pétitions, les récriminations, celui-ci fut détruit dans les années 80 pour être remplacer par un immense mur de béton dont la longue façade ondulante est percée par un immense trou carré d’une hauteur de huit étages…permettant dit-on au dragon vivant alentour de pouvoir se désaltérer. Ainsi en a voulu un maître du fengshui.

D’autres tours, le plus souvent très étroites, poussent comme des champignons après la pluie. Et le charme qui enchanta les pirates puis l’aristocratie coloniale s’étiole. Reste la plage elle-même et ses deux petites sœurs, Middle Bay Beach et South Bay Beach.

J’aime la plage de Stanley : petite, lovée au fond de la baie de Tai Tam, elle a un goût d’intimité.

Confortable avec ses vestiaires impec et ses douches en plein air, ses trois radeaux amarrés au large sans oublier, comme partout à HK, les filets anti-requins, elle jouxte l’aire où s’entraînent chaque week-end les longues embarcations chargées de joyeux pagayeurs qui s’entraînent en vue du Dragon Boat Festival, l’une des grandes fêtes de l’île.

Ces régates se déroulent le 5ème jour du 5ème mois, sur des bateaux décorés de 15 m de long. Ils sont une vingtaine à pagayer au rythme du tambour qui se tient debout à la poupe.

Ces courses où se mêlent asiatiques, océaniens et occidentaux sont dédiées à Qu Yuan, 屈原, poète et et héros de l’époque des Royaumes Combattants ( 340 – 277 av. J.C.) Son histoire mérite d’être contée.

Haut fonctionnaire et illustre lettré, auteur du Li Sao, le plus célèbre poème des « chants de Shu », Qu Yuan, fort bien considéré par son roi, était au sommet de sa carrière. Mais cette estime attirait des jalousies de la part de ses pairs, qui ne cessaient de le critiquer devant le souverain. Il est éloigné du pouvoir, avant d’être chassé de la cour.

Pour signifier son désaccord, lui, le fidèle haut fonctionnaire décide de mettre fin à ses jours en se jetant dans la rivière Mi Luo près du lac Dongting, avec un rocher scellé à son corps, 277 av. J.-C., le cinquième jour de la cinquième lune.

La triste nouvelle se répandit comme une traînée de poudre dans le pays. Le peuple se mobilisa pour aller repêcher le corps du défunt. Mais les barques remontaient et descendaient le fleuve, sans succès.

Alors, un pêcheur jeta dans l'eau des œufs et du riz pour nourrir les poissons afin qu'ils ne s'acharnent pas sur Qu Yuan. Un vieux guérisseur vida même toute une jarre de vin jaune dans le fleuve pour enivrer le dragon du fleuve, protégeant ainsi Qu Yuan de ses agressions.

Depuis lors, pour que les jeunes générations se souviennent du décès de Qu Yuan, lors de « la fête du double cinq », on organise des courses de « bateaux-dragons » 龙舟 pour commémorer la recherche de son corps.

On jette dans la rivière des « zongzi » 粽子, gâteaux de riz glutineux enveloppés dans une feuille de bambou, que l'on goûte à cette occasion. La consommation du vin jaune fait également partie des rituels, même si, à HK, la bière a supplanté le vieux breuvage.

Reste sur Victoria ma plage préférée, Big Wave Bay Beach, tout au bout de l’île. Profonde, sauvage, le plus souvent quasi déserte, souvent balayée par une belle houle, elle provoque à chaque fois un dépaysement salutaire.

Shek O et son village, ses restaurants un rien délabrés, ne manquent pas non plus de charme.

Dans les Nouveaux Territoires, au coeur la divine région de Plover Cove qui abrite deux parcs nationaux, la beauté de la nature est intacte. Clear Water Bay mérite son nom. Loin de toutes pollutions, la succession de plages s’étire au pied d’une falaise abrupte. La dernière fois, en mars dernier, nous étions une demi douzaine sur la plage et deux dans l’eau. Température : 24°.

Si vous allez par là, une prière au temple de Tin Hau, face aux éléments, puis un repas de « seafood » au seul restaurant du village de Potoi O s’imposent… 

PS. Ainsi se termine ce petit abécédaire. Bientôt: Shanghaï.

PPS. HK jour d'orage.

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