Soit une petite ville ordinaire de Province à 140 kilomètres de Paris, traversée par la Loire et fréquentée par de nombreux touristes qui s’ajoutent aux voyageurs ordinaires. Le passé agricole de Gien s’efface, quelques industries vacillantes, des chômeurs de plus en plus nombreux, un centre ville qui dépérit assassiné par quelques grandes surfaces installées hors la ville, 16 500 habitants dont beaucoup sont désormais contraints d’aller jusqu’à la capitale pour gagner leur vie. Bref une ville ordinaire qui a (encore) la chance d’être desservie par le train qui vient de Paris en 1 h 20 ou 1 h 40. Mais, cette année, le nombre des trains, à commencer par ceux qui permettent d’aller au boulot et d’en revenir à des heures décentes, a été réduit malgré les subventions de la Région. La scène, classique, se déroule dimanche 2 janvier, il est un peu plus de onze heures. La gare est fermée et, en ce jour de fin de vacances et de week end, environ 200 personnes patientent sur le quai, au froid, sous un crachin glacé puisque la salle d’attente est évidemment fermée. Comme les toilettes... Pour délivrer les billets, un seul distributeur automatique devant lequel serpente une longue queue et tout le monde ne pourra pas obtenir un ticket. D’autant plus que, comme souvent, la machine a des vapeurs et ne fonctionne qu’une fois sur deux. Le train aura une dizaine de minutes de retard, mais personne ne le sait puisque la gare est déserte. Le train entre en gare sans annonce et quelques étrangers présents ne comprennent pas ce qui se passe, ni pourquoi ils n’ont pas pu prendre leur billet. D’autant plus qu’ils ne savent pas comment il fonctionne et parce que, souvent, il n’accepte que les cartes bancaires et ne rend pas la monnaie Le train est bondé, en seconde comme en première. Le contrôleur pousse les gens dans les wagons avant d’assurer le départ, fate d’employé sur le quai. Il en montera d’autres, péniblement hissés, à la gare suivante. Ce contrôleur, rebuté à l’idée d’enjamber les gens assis dans les couloirs, renoncera à contrôler les voyageurs, ce qui n’est pas toujours le cas. Certains, complices zélés de l’incurie de la SNCF, exigent le prix du billet augmenté d’une « perception forfaitaire » de 10 euros. Dans ce cas, les voyageurs qui refusent de payer pour le manque de personnel, se voient ensuite infliger une amende d’une cinquantaine d’euros. Quand le train est en retard, la SNCF prend soin qu’il soit au maximum de 19 minutes à la gare de Bercy (sans communication avec le métro de la ligne 14) de façon à ne pas être contraint de rembourser. Quelques jours plutôt, le 24 décembre dans l’après midi, dans le sens Paris Gien Nevers il n’y a pas de contrôleur et les toilettes resteront fermées sur tout le parcours. Des voyageurs « qui n’avaient pas pris leurs précautions » (reproche de la SNCF...) doivent pisser dans une poubelle subtilisée dans un « local technique » du wagon... Voila, c’était quelques scènes ordinaires dans un train du service public ( ?!) qui montre comment on incite des voyageurs à prendre leurs bagnoles.
Billet de blog 4 janv. 2011
SNCF: chronique d'un sévice public...
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