Certes, il fait encore frais la nuit mais quelques merveilles du printemps sont déjà présentes dans mon jardin de couleurs, de pousses vert tendre et de chants. Rien que de l’espoir face à l’actualité sombre et menteuse conjurée en vain au Puy. D’abord, les fleurs des abricotiers : une explosion de rouges sur le gris du mur qui emmagasine la chaleur pour la restituer la nuit et compenser les effets du petit gel nocturne. Au soleil, un premier papillon a risqué le voyage et les quelques abeilles du coin, qui connaissent le chemin de ce jardin sans pesticides et insecticides, ont entrepris un déplacement prudent pour butiner en début d’après-midi. A ce propos, il faut mentionner en réponse aux pontes de la FNSEA et du Président qui s’offusquent de la campagne d’affichage de France-Nature-Environnement, en partie censurée (ci joint une des trois affiches refusées) par la régie publicitaire de la RATP, les premières constatations d’une étude du CNRS et de Naturparif (1) qui sera terminée et rendue publique en juin prochain : les ruches installées dans Paris (plus de 300) fournissent en moyenne 60 à 70 kilos de miel alors que celles des départements de l’Ile de France soumis à une agriculture industrielle n’en donne en moyenne qu’environ 40 kilos. Un chiffre qui diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la capitale. Conséquences évidentes de l’agriculture chimique et de la monoculture qui nie la biodiversité... Les véroniques bleu pâle parsèment maintenant l’herbe, faisant concurrence à des violettes odorantes : il suffit de marcher lentement pour en remarquer la fragrance douce. Il y a aussi des pâquerettes dont le vent et les oiseaux ont apporté les graines. Succédant aux narcisses qui ont régné seuls pendant deux semaines, les jonquilles sont ouvertes depuis deux jours. Les pieds d’oseille que je viens de dégager de quelques herbes, pointent de jolies oreilles qui portent des promesses de soupes délicieuses. Tout comme les orties que je préserve au fond du jardin : pour la soupe mais aussi pour les papillons qui y déposent les oeufs qui deviendront des chenilles qui en font et feront leurs repas exclusifs. Les pêchers réservent l’éclosion de leurs pointes roses qui jailliront en fleurs dés que la température se maintiendra durablement au dessus du zéro. Les cassissiers ont osé sortir des petites feuilles alors que les groseilliers réservent leur diagnostic du printemps. Comme les oignons et les échalotes dont les premiers crochets n’ont pas encore percé la croûte de terre bien sèche. Et les boutons joufflus des poiriers et des pommiers restent dans la même attente. Quand aux fleurs de mon cerisier de Sibérie, par la force de l’origine de l’arbre qui pousse habituellement sur les bords du lac Baïkal, elles sont déjà largement écloses. Il fait la nique à la météo française. Ce matin, une cohorte de rouges-gorges, à la fois insolents et prudents, se sont attachés à mes pas sur la terre que je retournais doucement ou griffais, en se disputant avec une bande de chardonnerets. Sous l’oeil concupiscent de quelques merles et grives. Hier soir, ces oiseaux ont croisé un hérisson sorti de sa cache de branchages et les premières taupes ont commencé à labourer en m’offrant la terre fine et tamisée qui fait le bonheur et la réussite des premiers semis de radis et de roquette abrités sous une petite serre froide. Côté oiseaux, les mésanges à longue queue, si jolies, si fines, se sont abattues sur le compost retourné pour une trouver des larves et des graines. Donc, le printemps qui se moque du calendrier, commence plutôt bien. Et au loin, j’aperçois d’autres jardiniers qui s’affairent, impatients des récoltes qui s’annoncent. Pour leur plaisir ou bien pour faire face aux temps difficiles entretenus par ce chômage qui redonne une valeur indispensable aux potagers familiaux. Ces jardins, bio ou pas, loués, partagés, prêtés, donnés ou adjacents aux maisons individuelles qui permettent d’envisager avec un peu moins d’angoisse les arrivées de fin de mois. Une France qui se donne du plaisir ou lutte pour sa survie au quotidien. Une France que la gauche socialiste ignore, une France que le gouvernement méprise : les jardiniers ne sont pas des entrepreneurs. A l’image d’un président parti demander à la vierge noire du Puy en Velay de résoudre ses difficultés en flattant les mauvais instincts de la Marine Nationale. Et je me demande bien pourquoi le pic épeiche ricane plus tôt qu’à l’ordinaire au fond du jardin... (1) L’Agence du Conseil régional qui se préoccupe de la biodiversité en Ile de France
Billet de blog 6 mars 2011
C'est le printemps au jardin...
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