Comme j’adore que les militants du Front de gauche et quelques paléo-gauchistes, enfermés dans leurs tours d’ivoire et leur vocabulaire ancien, me fassent la morale, je vais une fois de plus dire tout le bien que je pense de plus en plus de Nicolas Hulot, le nouvel ambassadeur-planète de François Hollande.
Ceci alors qu’il y a quelques années je polémiquais avec lui par journaux interposés, écrivant notamment qu’il n’avait aucune culture politique. Il est en train de prouver le contraire. Ce qu’il a expliqué depuis quelques jours, notamment sur l’antenne de France inter mercredi matin pour justifier sa « mission », me semble largement plus passionnant que les contorsions et les palinodies des Verts qui, en s’agitant le cul sur au moins trois chaises, courent le risque de se casser définitivement la figure. Et de déconsidérer la réflexion et l’action écologiques. Quand on revient de Doha, que l’on y a été le témoin de la cécité de la plupart des délégations à la conférence climatique, quand on a pu mesurer la gravité de la schizophrénie dont ils sont tous plus ou moins atteints, quand on y a écouté la ministre de l’écologie Delphine Batho ânonner des fiches techniques auxquelles elle ne croit pas vraiment et dont surtout elle parait mal saisir la portée humaine et écologique, on se dit que le discours militant de Nicolas Hulot à la mérité de la clarté et surtout de la passion qui veut et peut convaincre.
Car son analyse n’est pas, elle, marquée par la schizophrénie des diplomates du climat : celle qui consiste à faire pleurer Margot sur les ravages du dérèglement climatique avant de refuser d’adopter la moindre mesure contraignante de sauvegarde de la planète. Parodiant la célèbre phrase des adversaires de l’abolition de la peine de mort au XIX ème siécle, « Que messieurs les assassins commencent », la plupart des pays, expliquent qu’ils accepteront de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre...quand les autres le feront. Mais nul ne se précipite vraiment pour faire, voire simplement pour financer, le premier pas de ceux qui n’ont pas les moyens de leurs angoisses...
Ce n’est pas parce que Nicolas Hulot a découvert la terre en avion ou en hélicoptère à une époque où tout le monde se moquait des avertissements sur le réchauffement de la planète, ce n’est pas non plus parce qu’il a travaillé pour TF1, ni encore parce que sa Fondation a accepté des mécénats contestables quand on estime que l’argent a une odeur, qu’il n’est pas légitime. D’abord parce qu’il dit des choses passionnantes, parce que de toute évidence il y croit et enfin parce que tout individu a le droit de changer, d’évoluer, de trouver son chemin de Damas. Je ne sais pas si Nicolas Hulot réussira à convaincre les Grands de ce monde, d’être moins stupides, moins repliés sur les intérêts à court terme de leurs pays, mais je crois qu’il réussira au moins à repassionner les opinions publiques, à commencer par celle de la France, pour la cause de la planète.
Comme lorsqu’il explique que la transition écologique représente aussi une transition sociale, qu’il est idiot et pervers d’opposer les risques grandissants du chômage et de la pauvreté à l’urgence de sauver notre environnement, de maintenir la biodiversité et d’écarter un jour la menace des catastrophes naturelles. Quant un pays choisit résolument, par exemple, de lancer d’immenses chantiers pour l’isolation, il crée des emplois, il réduit la fracture énergétique entre les citoyens et il contribue à la sauvegarde de la terre. Donc, Nicolas Hulot, écarté (peut-être pour son bien en fin de compte...) de la course à la présidentielle par les apparatchiks d’Europe-Ecologie-Les Verts manipulant des nouveaux adhérents et des gauchistes antédiluviens, peut être utile. A la fois aux socialistes empêtrés dans leur héritage productiviste et à la cause de ceux qui rêvent d’une authentique transition écologique débarrassée de projets aussi ringards que l’aéroport de Notre Dame des Landes et d’une énergie nucléaire qu’il a logiquement qualifier d’énergie du passé.
Mais il y a du boulot...et Hulot a raison de déplorer que les Français ne soient jamais descendus dans la rue pour protester contre ceux qui entretiennent le dérèglement du climat