Claude-Marie Vadrot
JOURNALISTE PROFESSIONNEL
Abonné·e de Mediapart

167 Billets

0 Édition

Billet de blog 18 oct. 2011

Claude-Marie Vadrot
JOURNALISTE PROFESSIONNEL
Abonné·e de Mediapart

Climat, fin de partie, ne reste plus qu'à boycotter Durban

Claude-Marie Vadrot
JOURNALISTE PROFESSIONNEL
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A Kyoto, en 1997, même si de nombreux journalistes et observateurs pouvaient déjà pressentir que la signature des Etats-Unis et de ses vassaux ne serait pas suivie d'une ratification, les espoirs de juguler des modifications climatiques encore contestées par beaucoup de politiques prenaient corps. Le Protocole de Kyoto, bien qu'entrée en vigueur seulement en 2005, gardait figure de promesse, plus de 20 ans après la Conférence des Nations Unies sur l'environnement de Stockholm de 1972 ayant pour la première fois évoqué un dérèglement du climat lié aux activités humaines et cinq ans après le sommet de Rio qui avait relancé l'exigence de précaution alors que le GIEC travaillait aux mesures et à l'établissement des preuves depuis 1988.

Après, il y eut, cités dans le désordre tellement les souvenirs se télescopent dans une médiocrité aussi grandissante que l'outrecuidance des annonces gouvernementales diverses, Bali, les couloirs fiévreusement arpentés par Dominique Voynet à La Haye pour arracher quelques bribes de certitudes vite démenties, Genève, Copenhague où la mobilisation citoyenne fut inversement proportionnelle à la médiocrité des résultats liés aux attaques ignominieuses contre le GIEC lâchement endossées par les chefs d'Etat accourus pour faire de la communication et non pas pour sauver la planète. Un échec qui, nous promettaient les Obama, les Sarkozy et les autres, n'était que provisoire et serait compensé l'année suivante. A Cancun au Mexique, foi de responsable politique. A l'écart d'un énorme village vacances pour gros américains dévoreurs d'énergies, symbole de tous les gaspillages énergétiques, la conférence mexicaine ayant soigneusement exilé les contestataires à 30 kilomètres, s'enlisa en faux semblants et mensonges, guidée par des négociateurs déboussolés et réfugiés dans un immense hôtel de luxe transformé en forteresse, symbole éclatant d'une planète courant à sa perte climatique.

A peine la rencontre planétaire avortée, les voix des puissants impuissants et secrètement heureux de l'être, clamèrent qu'à Durban l'année suivante on allait voir ce qu'on allait voir pour ce qui serait la 17 éme conférence mondiale sur le climat.

A Panama où les négociateurs se sont réunis début octobre, la négociation climatique a sombré dans le coma politique alors que les prescriptions non respectées du Protocole de Kyoto expirent à la fin de l'année. La négociation climatique est sous perfusion et les plénipotentiaires s'exercent sans espoir à l'acharnement thérapeutique. Plus personne ne croit possible de bousculer l'égoïsme des uns et le cynisme des autres. A la grande joie des climatosceptiques de tous les pays, l'échec est annoncé en dépit des paroles pseudo-rassurantes des uns et de tous les autres. Le réchauffement climatique est désormais accepté, avec toutes ses conséquences sur les populations, les pays les plus pauvres, la faune et la flore, comme une fatalité que nul ne peut remettre en cause. Même pas tous les peuples qui en sont et en seront victimes comme, par exemple, les Somaliens chassés de leurs terres par une terrible sécheresse qui s'ajoute au chaos politique.

Les plus grands pollueurs en gaz de serre jouent désormais à qui perd gagne, chacun espérant, pour satisfaire son opinion publique, que la conférence du mois de décembre permettra de désigner quelques coupables : les autres bien sur. Tandis que les industriels de tous poils se réjouissent allègrement.

Alors, familier des couloirs des conférences depuis 1972, je n'irais pas à Durban. Parce que, cette fois, je ne crois plus à un sursaut, non pas de sagesse, mais au minimum d'instinct de survie et qu'il est nécessaire de boycotter cette nouvelle réunion pour ne plus être complice d'entretenir de vains espoirs.

C'est fini, les climato-sceptiques sont en passe de gagner et seront sans doute grassement récompensés pour leurs efforts, par les pollueurs et les politiques. Il nous faut nous débrouiller avec l'inéluctable désordre climatique annoncé en remerciant les scientifiques du GIEC qui auront tout fait pour nous alerter. Non pas avec des mots et des promesses mais avec des chiffres et des mesures. Comme celles qui annoncent la fin de la banquise arctique estivale pour 2016...

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte