Epilogue ce soir sur TF1 (le pire étant toujours le plus probable).
J'écrivais à une amie le 8 juillet 2011:
Retour sur ce qui, à mon avis, n'est plus aujourd'hui une affaire DSK ou une affaire Nafissatou Diallo ou une affaire Tristane Banon.
D'abord il est opportun de connaitre l'article de Alain Lipietz qui était à mon avis une ébauche intéressante de réflexion, même en supposant que la défense de DSK soit le reflet de la vérité.
En même temps deux autres événements intervenaient, en apparence (presque) anodins: Berlusconi semble échapper à son procès à Milan, et le droit d'accès à la justice était porté en France à 35 euros (ce n'est qu'un début, là aussi il y aura vite de l'inflation).
Un des premiers articles des cahiers de doléances de la révolution de 1789 concernait la demande d'abolition du privilège de l'aristocratie et du clergé de disposer d'une justice qu'ils pouvaient choisir eux-mêmes:
Ces cahiers de doléance demandaient "la suppression de tout droit de commitimus comme vexatoire". Le droit de "commitimus" était justement le droit pour les puissants de choisir le type de justice à leur convenance.
N'est ce pas ce que l'on retrouve aussi avec l'affaire Lagarde-Tapie, ou avec la suppression de l'instruction indépendante?
C'est aussi Tony Blair devant la commission bidon britannique sur la guerre d'Irak affirmant que seul Dieu peut le juger, et non la justice des hommes.
Ce qui m'a fait sursauter dans le texte de Audrey Pulvar et Clémentine Autain, qui semble entériner cette évolution passive de nos mentalités, même chez les meilleur(e)s (j'aurais préféré de beaucoup voter pour Clémentine A. que pour Jean-Luc M.), a été cette phrase:
"Et si Dominique Strauss-Kahn est innocent, tant mieux. S'il est blanchi en raison du manque de crédit accordé à la parole de la plaignante par la justice, souhaitons un récit honnête du leader politique sur ce qu'il s'est réellement passé".
J'aurais de beaucoup préféré "Et si DSK est reconnu innocent au cours d'un procès équitable, tant mieux".
Car, le "blanchi faute du manque de crédit (de Nafissatou D.)" a du mal à passer.
Ce qui serait insupportable de mon point de vue, c'est qu'il échappe à son procès, et vienne se pavaner sur les plateaux télés raconter SA version des faits, qui bien sûr ne pourrait être que "honnête". Idem dans le cas de Tristane Banon.
Cette évolution de plus en plus marquée vers une non-justice de type oligarchique me semble la véritable affaire en cours, le véritable enjeu.
Claude RIBEYROL