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Billet de blog 3 mars 2024

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Prière pour nos frères marocains

En réponse à Monsieur Mahjoubi : la "Prière pour nos frères Marocains" Prière écrite à la fin de la guerre en 1944/45 pour nos frères Marocains morts pour la France, pour notre liberté, par un officier de tabor de goumier marocains Contrôleur général des armées (2s) Sornat Ancien président de La Koumia, association des anciens des goums marocains et des affaires indigènes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La Prière pour nos Frères marocains

Nous venons vous prier, Seigneur, pour les morts de

l'Islam.

Ils étaient les fils de ceux qui se sont tant battus jadis,

contre les vieux Francs massés derrière les lances de

Charles Martel et de Monseigneur Godefroy.

Le désert de Palestine se souvient encore

de l'envol des escadrons sous un soleil de feu,

du choc des armures et du râle des hommes

mourant illuminés

par l'ardeur du combat ou l'ivresse de la lutte.

Le sable a bu le sang des vieilles hécatombes

et les moissons ondulent dans la plaine de Poitiers.

Et voici qu'un jour Notre Dame-de-La-Garde

Vous dont le visage se tourne vers la Vierge d'Afrique,

Vous avez vu surgir, à l'horizon de la mer,

par les routes ataviques,

l'escadre innombrable des nouveaux Croisés

qui accouraient combattre l'Hérésie nouvelle.

Les fils des Barbaresques sont morts pour que s'efface

des flancs pierreux de votre colline,

jusqu'à la trace de la lèpre brune;

et les fils des Francs qui les menaient à la bataille

ont, à votre bénédiction,

humblement inclinés leurs fanions victorieux.

Ils sont venus, Seigneur, des rives sarrasines

de votre Méditerranée chrétienne.

Combien d'entre eux sont morts sur les routes de

France,

des cyprès de Provence jusqu'aux neiges du Rhin,

si loin de cette terre où leur cœur était resté,

si loin des tentes noires et des ksours fauves,

de la montagne bleue et des oliviers tordus,

du doux bruissement des palmes sous la brise du Sud

et de l'âpre chanson du vent

dans les branches puissantes des cèdres argentés.

Remplis du souvenir d'une lumière unique,

leurs yeux se sont fermés aux brumes d'Occident.

Certes, ils n'ont point admis la loi qui est la nôtre,

mais, ô merveille de Charité,

ils ont fait au pays chrétien

l'offrande de leur simple vie.

Et lorsque le sort compatissant les libérait pour quelques heures

de la boue et du froid et du tonnerre des canons

et de la hantise de la Mort

ils nous accompagnaient d'un regard fraternel

jusqu'à la porte de vos sanctuaires

où nous allions vous supplier pour nous-mêmes et

pour eux.

Seigneur, dans votre infinie bonté,

malgré notre orgueil et nos défaillances,

si vous nous faites à la fin de nos épreuves,

la grâce de votre béatitude éternelle,

permettez que les durs guerriers de Berbérie

qui ont libéré nos foyers et apporté à nos enfants

le réconfort de leur sourire

se tiennent auprès de nous, épaule contre épaule,

comme ils étaient naguère sur la ligne bataille

et que dans la paix ineffable de votre Paradis,

ils sachent, oh! qu'ils sachent Seigneur,

combien nous les avons aimés!

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