Monseigneur,
Comment continuer de faire confiance à l’Église ?
Comment le faire lorsque ses plus hautes instances, les Évêques, abandonnent sans réagir ses plus fidèles serviteurs à la calomnie et ne respectent pas leurs engagements ?
Madame A.a été chassée ignominieusement de La Pépiole, le père B. chanoine, « prêtre remarquable », et elle ont été calomniés, menacés et diffamés dans le silence révoltant de l’Évêché.
Monseigneur Rey n'a jamais respecté ses engagements pris en nous écrivant que "l'unité voulue par le Christ ne peut toutefois, ..., se faire au détriment de la Vérité1, qui seule nous rend libres" puis qu'il importe que "la mémoire du père B soit défendue à la suite des atteintes à sa mémoire qui ont été colportées". Vous même, vous êtes devenu comptable de ces engagements après avoir été nommé à la tête de l'Évêché de Fréjus Toulon. Et la vérité n'a toujours pas été dite, ni la mémoire du père B. réhabilitée.
Lui succédant, vous avez eu aussi la charge d'exécuter l’injonction du tribunal d'appel de Lyon dont "les juges (..) conscients du trouble causé (..) à la Pépiole, considèrent qu'il revient à l'évêque, (..) ayant engagé l’affaire (..) de la conclure en publiant, s'il le juge opportun, un communiqué- pour mettre un terme au scandale -(vous) ayant causé un préjudice" à Madame A.
Il s'agit de publier un communiqué "pour mettre un terme au scandale" et non pas pour " essayer(é) une mission de paix..." comme vous l'avez écrit à Madame A. dans votre mail du 7 janvier 2025.
A l'évidence, votre dernière proposition de communiqué, rejetée par Madame A., ne met pas un terme au scandale, ni ne réalise une mission de paix.
La paix dans l’Église ne se décrète pas, elle n'a pas de sens sans volonté de réconciliation qui implique un geste, une conduite, une réparation matérielle ou symbolique. En d’autres termes, la réconciliation est un pardon en actes et non seulement en paroles. Aucune parole de regrets, remords ou d'excuses n'a jamais été prononcée ; ni aucun geste, aucune conduite ni réparation matérielle ou symbolique n'est intervenue. Votre dernier projet de communiqué ne peut donc pas répondre à ces conditions de paix. Pire encore, le refus de les envisager par les personnes que vous avez consultées montrent bien leur rejet de la réconciliation et la persistance de leur vindicte à l'égard de Madame A.
Ce projet ne met pas non plus un terme au scandale : il ne s'est donc selon vous rien passé à la Pépiole.
Pas de calomnies sur le manque de chasteté2 des relations entre le père B. et Madame A., Vierge consacrée ; pas d'accusations fallacieuses de "dérives" dans les comptes, ni de menaces de "poursuites .. (à leur) sujet" ; pas d'éviction pour divergence de point de vue ; pas de démissions pour refus d'acter que "l'esprit de Pépiole, (est) garanti par les orientations de l'Association des Fidèles" ou en raison de comportements du père D. non "conformes au droit et encore moins à l'Esprit de Pépiole" ; pas "d’excommunié" par le même pour avoir "péché" en essayant de défendre Madame A., ni de menaces d'exclusion en cas de désaccord avec lui.
Pas de revirement soudain, pour bien s'assurer de l'éviction de Madame A. de La Pépiole, sur l'engagement formel pris pour que cette dernière conserve son bail "selon son choix, quoi qu'il arrive,". Pas de lettre contre Madame A. de Monseigneur Rey produite au procès en résiliation de son bail sans l'avoir consultée alors que l’Évêque a le devoir d'une "sollicitude particulière3" à l'égard des Vierges consacrées. Cette lettre a sans doute pesé dans la décision d'annuler le bail pour la raison "qu'elle a rompu son engagement de demeurer sur les lieux et de les entretenir" alors qu'elle n'était soumise à aucune obligation contractuelle de résider sur les lieux, ni qu'aucun fait ou preuve n'ont été apportés sur le défaut d'entretien.
Pas d'accusation d'insanité du père B. pendant les dernières années de son ministère. Pire encore certains de ceux là même que vous avez consultés ont fourni des attestations, souvent ignobles, à ceux qui soutenaient en justice cette insanité mettant ainsi en cause la validité des sacrements qu'il dispensait. Le père D. s’est joint à eux. Silence, silence de l’Évêché.
Vous avez abusé de la faiblesse de Madame A. et de la gravité de son état de santé en lui demandant le secret de vos entretiens pour arriver à vos fins : étouffer le scandale. Il s'agissait de trouver une solution amiable au litige qui vous opposait à elle qui vous menaçait d'une assignation pour ne pas avoir respecté l'injonction du tribunal d'appel de Lyon, alors que vous vous étiez engagé à "trouver une solution paisible à ce litige". Vous craignez tellement ce scandale que la participation de Madame A. à la messe que vous allez présider le 14 septembre à La Pépiole serait selon vous une "bombe". Alors, vous Évêque, vous refusez à Madame A. l'accès à cette messe, permutant ainsi les responsabilités entre la victime et les coupables.
Que dire d'un Évêque qui sans motif refuse à une fidèle sans reproche, de surcroît Vierge consacrée, l'accès à la Maison de Dieu et à l'Eucharistie ?
Nous avons lu avec une grande amertume et exaspération votre dernier projet de communiqué qui est très éloigné de ce que prescrit canon 1339, §2 : « Á la personne dont le comportement a provoqué un scandale ou une grave perturbation de l'ordre, l'Ordinaire peut même donner une réprimande d'une manière adaptée aux conditions particulières de personne et de fait » alors que manifestement il y a eu scandale et grave perturbation de l’ordre puisque Monseigneur Rey a jugé que « le bien public (avait été) mis en jeu».
Vous avez refusé toutes les propositions, même les moins controversées, de conciliation de Madame A.
Le père D. et les fidèles qui l'ont suivi dans sa cabale, les coupables, ont droit à votre "gratitude", le père B. et Madame A., eux, seulement à une simple "pensée" de votre part. Madame A. est devenue une simple "bénévole" qui n'a pas droit à la reconnaissance de son "dévouement" alors qu'avec le père de B. pendant plus de vingt ans ils ont été les piliers de l'Esprit de Pépiole. Mais elle gênait et, femme, après avoir servi, elle pouvait être évincée sans ressources et sans ménagement4.
Vous lui avez seulement concédé "un départ douloureux" mais sans en préciser les conditions et en oubliant que, si il y a eu "blessures de toutes part", elle seule et ceux qui l'ont soutenue ont été blessés. La réhabilitation du père B. est passée à la trappe.
Ce « lieu de ressourcement fondé sur la Parole de Dieu et l’accueil fraternel », oubliant les « invisibles » meurtris qui l’ont quitté perdant confiance dans leur Église, vous continuez de le confier au Père D. et à ceux qui l’ont suivi dans son orgueil et sa vindicte et qui persévèrent en refusant sans excuses, ni remords que la vérité soit dite. Les blancs sépulcres...
Le silence est mortifère, nous le constatons tous les jours. Le Pape François a aussi eu cette parole :
"Si par le passé l’omission a pu être tenue pour une forme de réponse, nous voulons aujourd’hui que la solidarité", bâtisse "un espace où les conflits, les tensions et surtout les victimes de tout type d’abus puissent trouver une main tendue qui les protège et les sauve de leur douleur. .... Solidarité qui demande de lutter contre tout type de corruption, spécialement la corruption spirituelle, « car il s’agit d’un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme ... Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme»"(Lettre au Peuple de Dieu).
Lorsque Madame A. vous a demandé d'appliquer les injonctions du jugement en appel de Lyon confirmées par une lettre de l'Official de Marseille, nous vous avons dit que si elle n'obtenait pas satisfaction, nous reprendrions notre assignation en responsabilité de Monseigneur Rey, du père F. et de l’Évêché pour négligence ainsi que de vous même pour le non-respect du canon 1339§25. De même pour nos assignations en responsabilité des personnes dont nous avons dénoncé les agissements fautifs à Monseigneur Rey, juge de première instance. En effet, l'affirmation constante des juges sur le caractère exclusivement pénal des procès de Marseille et de Lyon démontre que notre plainte en responsabilité n'a pas été jugée.
C'est donc ce que nous ferons avec regrets après avoir avoir tout tenté pour l'éviter.
Veuillez, Monseigneur, agréer l’expression de ma considération distinguée.
Pour le Groupe, Claude Sornat
1 "Ce qu’il faut, c’est que paroles et actions soient fiables. C’est la condition pour vivre en vérité avec les autres et avec le Seigneur" Elena Di Pede
2 "La chasteté signifie l’intégration réussie de la sexualité dans la personne (..) devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la relation de personne à personne, dans le don mutuel entier et temporellement illimité, de l’homme et de la femme."
3 Directoire pour le ministère pastoral de l’Évêque
4 N'étant donc pas membre d'une congrégation, Madame A. ne pouvait espérer bénéficier d'aucun refuge à sa retraite.
5 « Quelle que soit la personne visée, même si elle est morte, car la diffamation envers les morts atteint les parents survivants du défunt. Elle peut atteindre également un groupe» page 3/21 du jugement de Marseille (R. NAZ, Diffamation, Dictionnaire de Droit Canonique vol lV, p.1224)