Les socialistes Bertrand Delanoë et Ségolène Royal se sont opposés, il y a peu autour des notions de libéralisme et de socialisme. Pourtant, historiquement, comme le rappelle Vincent Peillon, certains libéraux se sont orientés vers le socialisme parce qu'ils pensaient que c'était une manière de le rendre plus efficace. Le sujet n'est pas d'opposer libéralisme et socialisme mais de repenser l'articulation entre liberté et égalité.
Comme l'explique Vincent Peillon dans son entretien avec Médiapart : La liberté est bien sûr individuelle, mais l'homme est un être social qui se construit. Avoir la liberté de construire sa vie sociale c'est surtout en avoir les moyens. La question se pose : qui organise les moyens ?
La puissance publique, est la seule à même de garantir l'articulation entre liberté et égalité. Elle dispose pour cela d'un outil extraordinaire : le service public.
La défense du service public, thème largement défendu par la gauche dans son ensemble mais dans lequel je n'ai jamais perçu le moindre consensus ! Oui, il faut défendre le service public, mais de quel service parle t-on ?
Un petit état des lieux s'impose. Je préfère pour ma part employer l'expression plurielle : services au public.
Le pluriel s'impose : certains services ne seront jamais soumis à la concurrence : les impôts par exemple, d'autres le seront ou le sont déjà.
"Au public" me convient mieux car on pense le destinataire. Trop de services ne répondent pas ou mal aux besoins de la population. Pour exemple, le soutien scolaire est un marché privé en plein explosion, faute de réponse de la part de l'Education Nationale.
Certains services, soumis à la concurrence, souffrent d'un manque de moyens, mais surtout d'une organisation peu ou pas orientée vers la qualité. On pense ici au service de l'emploi, de la Poste, de l'éducation...
Cette diversité révèle une situation très inégalitaire : seuls les plus fortunés bénéficie d'une offre performante.
L'exemple de l'école est frappant : l'expansion de cours privé, de soutien scolaire à domicile révèle une faillite de notre système d'éducation.
Aussi à la question de la défense du service public, je préfère celle-ci : Comment mettre en place des services publics de qualité répondant aux attentes des citoyens ?
Pour évaluer les besoins de la population, nous devons faire appel aux sciences sociales. des enquêtes fines par segmentation sociologique devraient être conduites et seraient plus efficaces que les "réunions de quartier" mises en place par les mairies socialistes. Non que celles-ci soient inutiles, mais inopérantes pour pointer les attentes réelles de la population. En effet, il s'y produit toujours un dangereux jeu de miroir grossissant selon le talent de l'orateur venu défendre son point de vue. Une partie de la population n'a ni le talent de prendre la parole en public, ni association porteuse de messages et reste ainsi à l'écart de cette "démocratie participative".
Une fois cette évaluation terminée, le politique définit les priorités. Avec clarté, il classe les actions à entreprendre en fonction des notions d'urgence absolue et d'urgence relative, en fonction de son budget. Le politique peut aussi expliquer ses choix à la population en s'appuyant sur des données claires et fiables.
Je vous renvoie à la lecture de deux articles intéressants :
Dans la rubrique "rebonds" de Libération du 19 août, un artcicle de Michel Wieworka
Dans Médiapart, l'article de Sylvain Bourmeau à propos de la sortie du livre de Vincent Peillon.