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Billet de blog 29 janvier 2025

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L’honneur perdu de ces messieurs

Tout a déjà été dit, mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer. Ceci n’est qu’une réaction personnelle à certaines déclarations publiées après le décès de Le Pen. Réaction épidermique d’un homme qui est entré dans sa quatre-vingt-dixième année, et pour qui, hélas ! Le Pen est une vieille connaissance

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tout a déjà été dit, mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer.

Ceci n’est qu’une réaction personnelle à certaines déclarations publiées après le décès de Le Pen. Réaction épidermique d’un homme qui est entré dans sa quatre-vingt-dixième année, et pour qui, hélas ! Le Pen est une vieille connaissance.

Soyons clairs, Le Pen était une sinistre crapule. On le sait depuis longtemps. Ce n’est pas ça qui m’a fait bondir, après l’annonce de sa mort, et sur quoi je reviens, trois semaines plus tard. C’est la façon crapuleuse dont le président de la République et le Premier ministre ont parlé du susnommé.

Ces deux grands chefs sont apparus là comme des petits pantins. Peut-être ont-ils simplement montré leur vrai visage. Oui, je sais, tout cela a déjà été dit. Mais pas assez clairement. Alors mettons des points sur les i et des barres aux t.

Quand on parle de Le Pen aujourd’hui, et depuis un certain temps, dans le débat public, dans les médias, un peu partout en France, on parle d’une seule personne, on ne pense qu’à une seule personne : Marine Le Pen. Deux fois finaliste à l’élection présidentielle, femme politique bien comme il faut, elle est invitée constamment, par les radios et les télés, à donner son avis sur tout et n’importe quoi. Mais la fille de Jean-Marie, que certains voient déjà Présidente, possède maintenant, depuis les législatives de 2024, un pouvoir terrible. Forte de son groupe de 124 députés, elle peut faire tomber, quand elle veut, les Premiers ministres et leurs gouvernements de droite nommés par Macron.

Alors, dans ces conditions, Jean-Marie Le Pen, pensez donc ! Pour messieurs Macron et Bayrou, c’est le cadet de leurs soucis ! De la vieille histoire ! Une espèce de général Boulanger sans pouvoir !!

Le Pen ? Il n’y a que la fille qui les intéresse. Surtout, surtout, pensent-ils, ne rien dire, ne rien faire qui puisse la froisser, lui déplaire, lui donner inutilement des arguments contre moi, contre nous !

Ça va donner ça, concernant le père défunt :

Une figure historique de l’extrême-droite (Macron, qui ne veut pas se mouiller)

Une figure de la vie politique française (Bayrou, qui ne veut surtout pas donner la moindre précision)

«La vie politique française»… Ça va, là ? Je ne vais pas trop loin ?

Son rôle dans la vie publique de notre pays pendant près de soixante-dix ans… (Macron)

Sous-entendu : un rôle de poids, un homme qui compte.

On savait, en le combattant, quel combattant il était… (Bayrou)

Un adversaire. On se combattait, normal. Respect.

Son rôle… relève désormais du jugement de l’histoire. (Macron)

Les historiens en discuteront. Laissons-leur cela.

Au-delà des polémiques, qui étaient son arme préférée…

(Bayrou, agrégé de lettres classiques, qui connaît le sens des mots)

Rien, pas un mot, pas même une allusion à l’homme qu’était Jean-Marie Le Pen, à  ce qu’a été sa vie, à ce qu’il a dit et redit publiquement, à ce qu’il a fait réellement.

Moi qui ne suis pas agrégé de lettres classiques, je vais essayer de trouver les mots justes pour rappeler à ces messieurs qui était Le Pen, cette figure de la vie politique française, ce combattant :

Un criminel, qui a torturé en Algérie. La torture est un crime.

Un repris de justice, condamné au moins 25 fois par la justice, pour coups et blessures volontaires, apologie de crimes de guerre, antisémitisme, provocation à la haine, la discrimination et la violence raciale, injure publique, diffamation, négation de crimes contre l’humanité… Un casier bien garni !

Un voleur, devenu millionnaire par captation de l’héritage des cimentiers Lambert ; ayant mis en place un système lui permettant de faire financer  par l’Europe, comme assistants parlementaires européens, sa secrétaire personnelle et son garde du corps.

Un raciste violent, engagé volontaire dans les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie, pour « casser du Viet et du Bougnoule »

Un antisémite assumé. Dire et répéter que les chambres à gaz sont un détail de l’histoire, c’est une ignoble saloperie.

Un voyou bagarreur, agressant physiquement, par exemple, la candidate socialiste lors de la campagne législative de 1997.

Quant à messieurs Macron et Bayrou, je disais qu’ils s’étaient exprimés de façon crapuleuse. C’est pire que ça. Ils ont abandonné là ce qui leur tenait lieu d’honneur. Ils ont perdu toute dignité. Mais c’en serait presque risible. C’est tellement pitoyable de couardise, de manque de courage. Allez, je les déclare chevaliers de la Légion du déshonneur !

Claude Albareil

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