Soyez doux chaque jour avec votre mère , aimez- la mieux que je n'ai su aimer ma mère.
Que chaque jour, vous lui apportiez une joie, c'est ce que je vous dis du droit de mon regret gravement du haut de mon deuil.Ces paroles que je vous adresse , fils des mères encore vivantes sont les seules condoléances qu'à moi-même je puisse m'offrir .Pendant qu'il est temps , fils , pendant qu'elle est encore là.Hâtez-vous, car bientôt l'immobilité sera sur sa face imperceptiblement souriante virginalement .Mais je vous connais et rien ne vous ôtera à votre folle indifférence aussi longtemps que vos mères seront vivantes.
Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis.
Louange à vous, mères de tous les pays .vous qui nous avez appris à nous moucher qui nous avez montré qu'il faut souffler dans le mouchoir, vous qui patiemment enfourniez , cuillère après cuillère , la semoule que nous bébés faisions tant de chichis pour accepter, vous qui nous avez encourager à avaler des pruneaux et qui faisiez reureu pour nous encourager et nous montrer vous qui étiez sans cesse à arranger nos mèches bouclées pour que nous fussions jolis avant notre départ pour l 'école , vous qui nettoyiez tout de nous , nos sales petits nez de marmots morveux , vous toujours si faibles, si indulgentes ,qui plus-tard , vous laissiez si facilement embobiner par vos fils adolescents .
Je vous salue , mères pleines de grâce, saintes sentinelles , courage et bonté, chaleur et regard d'amour , vous qui saviez si les méchants nous ont fait de la peine , vous seuls humains en qui nous puissions avoir confiance et qui jamais, jamais , ne nous trahirez , je vous salue , mères qui pensez à nous sans cesse et jusque dans vos sommeils , mères qui pardonnez toujours , mères qui nous attendez , mères qui êtes toujours à la fenêtre pour nous regarder partir ,qui nous trouvez incomparables et uniques qui ne nous aimez pas moins , si nous sommes laids ratés, avilis, faibles ou lâches
Mais, ma mère est morte morte morte ma mère
Extraits du livre d'Albert Cohen "Le livre de ma mère".