C'est à dire, en prenant un rendez-vous chez le coiffeur.Pendant 1 heure, je me ferai chouchouter
et je ne penserai plus à ce quotidien morose , qui me pèse , aux gens qui deviennent agressifs, à ce cycliste qui a manqué de me renverser , alors que j'étais sur le passage piéton et que je traversais tranquillement au vert. Les gens sont en train de devenir fous, mais, c'est la situation actuelle qui veut ça , entre la réforme des retraite dont on ne comprend rien et qui fera encore plus de pauvres dans ce pays , la guerre en Ukraine qui n'en finit pas et ces milliers de morts, , la vie n'est pas rose.
J'arrive chez le coiffeur , toujours le même, le prix de la coupe, shampoing , brushing est passé de 26e a 28e ce qui est raisonnable. Nous ne sommes que 2 clientes .
Après un bon shampoing et un massage du cuir chevelu très agréable je passe dans les mains du coiffeur , un jeune , sympathique qui aime à discuter et qui commence à parler de la retraite à 64 ans et qui espère comme beaucoup qu'elle n'aboutira pas et çà , je le comprends .
Il évoque, les longues journées à rester debout à piétiner, à respirer les produits chimiques utilisés pour la coloration des cheveux et qui peuvent provoquer des allergies et je suppose que le salaire ne doit pas être mirobolant.C'est un métier a responsabilités où l'erreur n'est pas permise sinon gare aux ''mauvais avis' 'sur internet qui peuvent détruire une réputation.
Il me raconte que la semaine est calme , les client(es) viennent plutôt le week-end et il rajoute
" Nous sommes le 14 , les gens n'ont déjà plus de sous et c'est vrai."
" C'est catastrophique, quand cela va -t-il s'arrêter?"
Et là je suis incapable de lui répondre.Moi qui pensait qu'en allant chez le coiffeur , j'oublierai mes soucis et bien, ce n'est pas le cas. bon , ce n'est pas grave!
Après une heure de chouchoutage, je sors avec une nouvelle tête car, l'année dernière, j'ai décidé d'arrêter les colorations maison car à la longue,cela coûte cher et je perdais mes cheveux , malgré ", le sans ammoniaque "inscrit sur le flacon.
Les cheveux blancs me vont bien et un jour ou l'autre , il faut savoir assumer son âge.
Je sors donc satisfaite de chez le coiffeur.Mais, la journée n'est pas terminée et je décide d'aller au centre commercial Auchan C'est animée et il y a du monde.C'est vivant.
Je me balade dans les rayons, j'aimerai bien me faire un petit repas amélioré en ce jour de saint Valentin.J'arrive au rayon poissonnerie et j'aperçois "des crevettes roses " et inscrit sur la pancarte" 1e07 les 100 gr " et le mot" nitrite ", et bien tant pis pour les nitrites , je prendrai 300gr de ces crustacés .
Je me place derrière une dame âgée , celle -ci se retourne et me dit en souriant
" il faut prendre un ticket , madame, sinon , vous ne serez pas servi"
Mon ticket porte le numéro 35 et nous n'en sommes qu' au 29. J'ai donc le temps de discuter avec ma voisine qui n'a pas sa langue dans sa poche.Et la conversation commence.
"Vous avez vu les crevettes roses ,elles sont grosses et ne sont pas chères"
Je vais en prendre 200gr pour fêter la St Valentin". Elle aussi est seule.
Et là, je la regarde et je lui réponds , " que j'ai l'intention de faire la même chose ". Et nous partons dans un gros fou rire qui dure plusieurs minutes , j'ai les larmes aux yeux et je pense au mascaras que j'ai mis ce matin et qui doit noircir mes yeux , mais, ce n'est pas grave , car des fous rires comme ça , je n'en ai plus connus depuis longtemps et cela me fait du bien.
Une jeune dame , de nous voir rire comme des folles se met à sourire, les autres clients restent à nous regarder , les " vieilles" n'ont pas le droit de se conduire comme des adolescentes, on est vite mises de côté .Le seul qui se réjouit, c'est le vendeur , çà doit le changer des clients mécontents.
Nous continuons à discuter , le fou rire est terminé , cette dame de 74 ans ne nomme Marie- Claire , elle me raconte sa vie , après une enfance avec un père violent, un mariage, malheureux qui a fini par un divorce et avoir attrapé le covid au premier confinement et s'être retrouvée , intubée, en réanimation et elle parle de cette hospitalisation avec des sanglots dans la voix , car elle a cru , qu'elle allait mourir , ne plus revoir ses 3 enfants et ses petits enfants .
Marie-Claire me demande de l'appeler par son prénom et de la tutoyer , ce que je fais avec plaisir, elle me raconte que puisque la vie ne l'a pas gâtée , elle prend sa revanche et me raconte que tous les week-ends elle part avec ses copines se défouler dans un dancing et rentre le lendemain matin à 6h .Elle me demande si cela m'intéresse de venir , je lui réponds que non, le dancing , ce n'est pas ma tasse de thé.
Et sur cette dernière phrase , nous nous quittons et je la remercie de ce bon moment que nous avons passé et je lui rappelle " que faute d'avoir un amoureux pour la St Valentin , nous allons nous régaler avec nos belles crevettes roses.
" Un moment de vie avec des gens ordinaires".