cleguevaques (avatar)

cleguevaques

Avocat et citoyen engagé

Abonné·e de Mediapart

156 Billets

0 Édition

Billet de blog 21 mai 2014

cleguevaques (avatar)

cleguevaques

Avocat et citoyen engagé

Abonné·e de Mediapart

Dimanche, je vote…

cleguevaques (avatar)

cleguevaques

Avocat et citoyen engagé

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’aurai pu m’offusquer d’une tête de liste  en région Sud Ouest qui doit plus à son entregent qu’à ses compétences propres la chance de devenir prochainement députée européenne.

J’aurai pu vouloir, encore une fois, sanctionner un gouvernement français qui trahit les promesses du Bourget et qui mène une politique d’austérité qui ne dit pas son nom, alors qu’il existe d’autres moyens d’agir sur le réel pour le transformer en profondeur, et non se contenter de le gérer en surface.

Bien sûr, il est exclu de voter à droite qu’elle soit proprette, timide, décomplexée ou crâne rasée de frais sous une perruque de clown trop blanc pour être honnête.

J’aurai pu tenter l’aventure de voter « nouvelle donne » mais pour avoir entrebâillé la porte, je suis reparti en courant devant les « faukon », « yaka » et autres analyses à l’emporte pièce livrées clé en mains par un gourou survolté. Désolé, mais pour moi, c’est le PS en pire : pléthores de candidats, de chefs, petits chefs et carences de débats en profondeur, de propositions concrètes et réalistes (même s’il en existe quelques une d’intéressantes).

J’aurai pu me laisser séduire par le verbe et la verve mélenchonniste mais elle ne débouche que sur des mots et de l’inaction.

J’aurai pu être tenté de voter écolo si les verts étaient un parti écologiste. Mais, j’ai été surpris des positions de José sur la PMA et le retour à la terre, fleure plus que jamais, des relents réacs qui ne sont pas pour déplaire à l’ « embiblée » des plateaux télé et de force-vie… (je sais, je suis injuste avec la députée Grêze qui, si j’en crois le facebook d’un militant intelligent, s’est comportée en vraie députée assidue et à mener des combats essentiels).

Bref, autant le dire tout de go, je m’apprête à voter… socialiste.

Sans honte mais sans joie, non plus.

La raison qui guide mon choix est simple.

Ce sont des élections européennes !

Et la raison doit être avant tout européenne.

Or, pour la première fois depuis le traité de Lisbonne, le Parlement européen va contribuer à désigner le prochain président de la Commission européenne. 

Je sais lire et je connais un peu les traités. Le parlement ne va pas élire le Président mais il aura son mot à dire. Certes les chefs d’Etat pourront essayer de désigner un obscur, un sans grade, un médiocre pour continuer à mener leur politique néolibérale et accuser la Commission mais avec un Parlement doté d’une vraie majorité, je participe d’une évolution historique.

J’instille un peu de démocratie dans ce machin (ce que les différents gouvernements ne veulent pas contrairement à ce qu’ils pérorent).

Si une majorité forte se dessine au niveau européen, alors une inflexion significative peut être attendue. Et la démocratie naitra d’un combat à mener par ce Parlement aux pouvoirs renforcés. Une telle majorité ne peut se faire qu’avec les voix de la France donc je suis obligé de concentrer mon vote pour éviter une dispersion qui profiterait au camp d’en face.

Bien sûr, c’est un pari, mais il vaut la peine d’être tenté.

Alors, pour l’Europe, pour changer de politique (pas en France, pour le moment, hélas), je suis obligé de voter socialiste pour qu’une majorité de gauche se dessine au Parlement européen.

Je ne suis pas dupe. Ce n’est pas la panacée, je crains qu’à Bruxelles aussi, ils trahissent leur promesse de « changement maintenant » mais il faut donner à l’Europe une nouvelle impulsion, un nouveau départ et pour cela, il faut penser en européen, soucieux de développement inclusif.

Arrêtons les jérémiades sur le déclin, cessons les lamentations sur le coût du travail, nous, européens, si nous sommes unis nous gagnons plus de médailles aux Jeux Olympiques que les USA ou la Chine et en économie, nous sommes forts car nous sommes 500 millions, nous sommes riches de notre histoire, nous sommes prêts à relever le défi de la transition écologique et des crises qui nous attendent. Nos parents et grands-parents en ont supportés d’autres, ils ont reconstruit des pays exsangues et créer, en même temps, un Etat-providence qui fait rêver dans le monde entier. Si nous n’arrivons plus à mener de front cette double réussite c’est en grande partie parce que, depuis 30 ans, les Etats s’endettent auprès de bailleurs de fonds aussi gourmands qu’exigeants. Il existe des marges de manœuvres, à condition de les imaginer et d’avoir le courage de les mettre en œuvre.

Je rêve d’Europe, je pense que l’on peut encore agir sur le réel en s’inspirant de l’idéal, l’Europe peut être un outil, à condition que TAFTA ne soit pas ratifié et les investisseurs et autres multinationales ne s’arrogent pas le droit de dicter leurs politiques aux Etats et aux peuples souverains. L’Europe véhicule notre avenir et transporte nos espoirs. Cela veut dire que l’Europe n’est qu’un moyen et non une fin en soi. De même, cette élection ne résoudra pas toutes les contradictions institutionnelles ou économiques mais elle sera l’occasion de fixer un cap.

Election à un seul tour, tout éparpillement sera fatal et fera le jeu des tireurs de ficelles et des donneurs de leçons. Il faut concentrer le tir pour que l’Europe, dotée d’une majorité de gauche, avance vers plus de démocratie et que son centre de gravité reste européen et ne devienne ni américain ni chinois.

C’est décidé, malgré tout, je voterai socialiste le 25 mai 2014 !

Christophe Lèguevaques, avocat au barreau de Paris

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.