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Billet de blog 21 juin 2022

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« Mandat climat biodiversité  » : la science trouvera-t-elle sa majorité ?

« Nous espérons, pour le dire de manière un peu provocante, avoir la seule majorité absolue en ce lendemain d'élections législatives » a déclaré Christophe Cassou aux journalistes venus assister en nombre au lancement de l'opération « Mandat climat biodiversité ».

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En ce début de semaine, les 577 députés nouvellement élus ont la possibilité d'inscrire leur mandat sous le signe de la biodiversité et du climat en suivant une formation d'une vingtaine de minutes dispensée par des scientifiques de renoms, auteurs notamment des rapports du GIEC et de l'IPBES.

L’évènement initié par Matthieu Orphelin, ancien député et Christophe Cassou, climatologue, se tient devant l’Assemblée Nationale du 20 au 22/06/2022. Il est organisé par le collectif de jeunes Pour un réveil écologique et financé par l’European Climat Foundation (ECF) à hauteur de 5 000€. 

L'opération est bien-sûr symbolique. Les formations proposées sont nécessairement incomplètes, reconnaissent les organisateurs, mais elles sont un préalable à de futurs échanges, un premier pas vers un véritable dialogue entre scientifiques et décideurs. 

L'entreprise est inédite. A News Tank, Matthieu Orphelin explique que l’opération peut être qualifiée de « première mondiale » parce qu’il procède d’une « démarche inversée » consistant à inviter les députés, plus habitués à recevoir qu’à être reçus, et parce que la rencontre proposée figure, symboliquement du moins, dans le kit de formation des nouveaux mandataires.
Les organisateurs souhaitent que cette « première » inspire d’autres initiatives du même genre et débouche sur une formation plus complète et plus systématique des décideurs. Une « nécessité » quand, selon une étude de l’Ademe réalisée en 2020, 21% des députés de la précédente assemblée estimaient que le changement climatique ne fait pas consensus parmi les scientifiques.    

Ce premier pas, le pas qui sépare l'Assemblée nationale et la tente du collectif, est trop grand pour beaucoup de députés, dont certains se disent, comme cet élu LREM croisé en coup de vent devant l'Assemblée, déjà "très renseignés" sur la question.

« Personne n'est suffisamment informé » réagit un bénévole « les enjeux sont trop complexes, nous avons tous beaucoup de choses à apprendre ».

Il ne s'agit plus en effet de sensibiliser mais de former et ce à tous les niveaux. Le collectif « Pour un réveil écologique » milite en ce sens depuis sa création en 2018. Sur son site internet, il dispense de nombreux conseils aux jeunes qui souhaitent « réveiller » leur écoles, universités ou employeurs, et leur fournit des outils pour mesurer l'engagement de ces derniers dans la transition écologique.

Tous les intervenants présent, militants et scientifiques, s'accordent pour dire qu'il faut en priorité constituer un socle commun de connaissances théoriques mais aussi techniques sur le sujet. Ce n'est qu'une fois que toute la société sera formée que l'on pourra réellement s'accorder sur un objectif, et ce n'est que lorsqu'un tel accord aura été trouvé que la question des moyens à mettre en œuvre pourra être débattue.

S'il importe de former les étudiants, leurs enseignants, et les employeurs, qui se trouvent à la tête d'entreprises dans lesquelles les jeunes ne pourront plus accepter de travailler si elles n'engagent pas une véritable démarche de transition écologique, il faut en premier lieu former ceux qui ont le pouvoir (et le devoir) de faire voter la systématisation de ces formations : nos députés, nos sénateurs et nos ministres, lesquels ne sont pas toujours plus éclairés que nous.

Matthieu Orphelin prévient les journalistes spécialisés : vous connaissez très bien ces sujets, ce n'est pas forcément le cas des députés qui vont venir se former, alors ne piégez pas ceux qui auront eu le courage de se montrer.

Du courage, il en faut en effet pour affronter l’armée de presque soixante journalistes venue couvrir l'évènement. La médaille de la bravoure revient à ce titre à Danielle Simonnet, élue parisienne de LFI, première et seule députée à avoir franchi lundi le seuil de la tente de formation, ouvrant le pas, mardi, à nombres de ses alliés de la NUPES et à quelques LREM. Elle mérite des remerciements au nom de la dignité d'élu, mais elle ne peut à elle seule sauver toute la fonction : « Si les autres ne viennent pas ce sera vraiment honteux » accorde-t-elle.

Oui, car en l’occurrence, mieux vaut paraître et prendre le risque d'être un instant ridicule aux yeux de journalistes spécialisés, que de se couvrir de "honte" en ignorant la main tendue de la jeunesse et de la science et de prouver par son absence le peu de considération accordée à la parole des auteurs du GIEC et de l'IPBES.

Chers députés, le temps des scientifiques n'est pas moins important que le vôtre. S'ils ont jugé bon de vous le consacrer, accordez-leur au moins une oreille. Promis, il n'y aura pas d'interro. Les questions sur le changement climatique et la disparition des espèces seront posées avec bienveillance par les scientifiques spécialistes du sujet. L'objectif est de partager des connaissances indispensables et, comme à l'école, il n'y a pas de question stupide. Mieux vaut admettre son ignorance que de faire semblant de savoir.

https://pour-un-reveil-ecologique.org/fr/qui-sommes-nous/ 

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