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Billet de blog 23 août 2022

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Une rentrée sous le signe du plastique ?

Chaque année, les magasins changent de décor à l'approche de la rentrée scolaire et se couvrent de plastiques luisants, odorants, colorés et transparents. Les marques font la promotion du durable, du recyclé et du recyclable, mais surtout et toujours de l'achat en lui-même.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La rentrée des classes approche et les parents se pressent dans les magasins pour dégoter les fournitures qui figurent sur les listes de leurs écoles. Comme chaque année, ils vont acheter, souvent racheter, trousses, stylos, crayons, feutres, gommes et autres incontournables des salles de classe.

La plupart de ces objets sont en plastique. Malgré des progrès en la matière, on trouve encore peu d’alternatives aux outils à base de pétrole. Dans les rayons, les règles en bois et les taille-crayons en métal sont plutôt rares et intéressent peu les enfants qui leur préfèrent des produits plus colorés.

Ce sera donc plastique, ou plutôt « plastiques » car les polymères qui constituent la matière plastique sont de plusieurs types (thermoplastique, thermodurcissable, etc.) et qu’il existe, après adjonction d’additifs, des centaines de formules chimiques différentes. Ces plastiques et les substances qu’ils contiennent parfois peuvent être nocives tant pour l’environnement que pour la santé de ceux qui y sont exposés.

Comme une odeur de produits chimiques…

« Il y a plein de cochonneries dans le plastique et ça se sent » déclare Myriam, une mère de famille croisée au rayon cartables. Il est vrai que l’odeur particulièrement forte qui se dégage des produits accrochés de part et d’autre n’inspire pas particulièrement confiance.

Et à raison. Selon un rapport de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publié le 07/07/2022, des substances chimiques dangereuses pour la santé et pour l’environnement (dont des phtalates, perturbateurs endocriniens notoires) ont ainsi été retrouvées dans certaines fournitures scolaires.

L’industrie du plastique a en fait de nombreux impacts environnementaux. En plus de consommer énormément d’eau et de contribuer à l’épuisement des ressources, elle est à l’origine d’importantes émissions de CO2 notamment lors de l’extraction du pétrole ou du gaz qui composent la grande majorité des plastiques produits.

Par ailleurs, comme l’explique le guide de l’Ademe (Le paradoxe du plastique en dix questions) : « peu de déchets plastiques sont aujourd’hui recyclés et beaucoup finissent incinérés avec les ordures ménagères ou enfouis dans des décharges. S’ils sont abandonnés dans la nature, ils mettront des siècles à disparaître…s’ils disparaissent vraiment ».

Une pollution invisible

D’autre part, on le sait désormais, la pollution plastique n’est pas uniquement de celle que nous pouvons constater au quotidien sur les bords des autoroutes ou sur les plages. Il existe une pollution invisible provoquée par de fines particules (micro ou nano-plastiques) qui contaminent l’eau des océans et l’air que nous respirons.

Ces micro-plastiques proviennent notamment des textiles synthétiques fabriqués à partir de polymères. En ce qui concerne les fournitures scolaires, il s’agit des trousses et des cartables, dont le lavage en machine enverra dans les eaux quantité de particules que ne peuvent éliminer les stations d’épuration.

On préfèrera donc les tissus en fibres naturelles (coton, chanvre, lin…) et surtout, parce que ces matériaux ont aussi un impact écologique, des produits de qualité destinés à durer plusieurs années. Nos enfants, mécontents aujourd’hui, nous remercierons plus tard.

Du recyclable rarement recyclé

Pour ce qui est des crayons, des stylos et des instruments de mesure, les rayons se « verdissent » avec l’introduction d’outils en plastique recyclé.

Problème : cela fait toujours beaucoup de plastique et les plastiques recyclés ne sont pas toujours eux-mêmes recyclables. De plus, même recyclables, ils sont rarement recyclés. Si des initiatives existent, elles ne sont pas forcément connues des consommateurs : les stylos Bic par exemple finissent fréquemment à la poubelle alors qu’ils pourraient être collectés et envoyés par exemple à l’entreprise Terracycle (ce que font de plus en plus de collectivités).

Le recyclage n’est pas une solution neutre en carbone. Il serait préférable de ne pas fabriquer de produits jetables à aussi court terme. On pense bien sûr aux instruments rechargeables, en plastique, en bois ou en métal, déjà présents dans nos grandes surfaces mais encore trop minoritaires.

Le mot d'ordre est de faire durer. Or si la durabilité (diversement comprise) est un argument de vente notamment pour les règles en plastique « incassables », dans les faits la plupart des produits sont renouvelés annuellement car perdus, usés ou « passés de mode ».

Des labels mis en avant mais peu visibles et mal identifiés

Pour s’y retrouver, faire des choix plus respectueux de l’environnement et de la santé des enfants, l’Anses recommande de prêter attention aux labels certifiés qui figurent sur les emballages des produits. Cette recommandation ne touche cependant pas tous les consommateurs potentiels.

Interrogés pendant leurs courses, les clients de plusieurs magasins de la banlieue sud de Paris (échantillon peu représentatif) indiquent ne pas avoir eu connaissance de la publication du rapport de l’Anses et avouent ne pas prêter spécialement attention aux écolabels.

Pour beaucoup, le critère de sélection d’une fourniture demeure le prix et la satisfaction des enfants. « Le critère c’est ça plait ou ça ne plaît pas » explique ainsi le père de deux enfants scolarisés en CP et en CM1 à l’école privée Saint-Marcel (75). Il ajoute ne pas avoir remarqué la présence de produits en plastique recyclé pourtant signalés par des étiquettes représentant des bouteilles plastiques.

Quant aux labels « NF environnement » ou « Nordic swan ecolabel » présents par exemple sur les emballages de certains stylos et de certaines colles, ils ne sont visibles que pour les consommateurs qui les cherchent. « Il faut être un public averti ! » s’étonne le père de famille.

Quelques conseils utiles

Si vous n’avez pas encore réalisés vos achats de rentrée, si achat il y a besoin de faire, n’hésitez pas à consulter les guides pratique publiés par l’Ademe :

https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/labels-environnementaux

https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/845-choisir-des-fournitures-scolaires-sans-risque-pour-la-sante- 9791029713385.html

Vous pouvez aussi vous intéresser aux « règles d’or pour des fournitures scolaires écologiques et pas chères » publiées en 2020 par le Belge Ecoconso.

Notez toutefois que ces labels ne sont pas une garantie parfaite. L’Ademe indique par exemple concernant les deux labels cités plus haut que si « l’étape de fabrication est prise en compte au travers de la limitation des substances dangereuses et quantités de matières non renouvelables […] il n’y a pas d’objectif minimum de réduction de la consommation d’énergie pour cette étape ». De plus bien que « le label privilégie les matières renouvelables […] cela ne garantit pas que les impacts environnementaux importants sont systématiquement réduits ».

Le bon choix consiste donc à éviter d’acheter quand ce n’est pas nécessaire et à faire durer le plus possible ce qui peut encore servir.

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