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Billet de blog 8 septembre 2015

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Sit-in de migrants devants la Mairie du 18ème arrondissement de Paris

Jusqu'à 80 réfugiés principalement soudanais occupent le parvis de la Mairie du 18e depuis l’évacuation du square Jessaint vendredi 4 septembre, opération sélective et maladroite à la suite de laquelle 123 personnes se sont vu proposer un hébergement d’urgence.

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Illustration 1

Jusqu'à 80 réfugiés principalement soudanais occupent le parvis de la Mairie du 18e depuis l’évacuation du square Jessaint vendredi 4 septembre, opération sélective et maladroite à la suite de laquelle 123 personnes se sont vu proposer un hébergement d’urgence. Les migrants restant, ceux qui n’ont bénéficié d’aucune solution d’hébergement suite à l’évacuation, campent et manifestent avec l’appui d’autres exilés résidant sur le quai d’Austerlitz ou au collège Jean Quarré dans le 19e arrondissement.

Illustration 2
Nouveau campement de migrants à Paris 18e © Clément Detry


Dans la soirée de dimanche, un rassemblement a eu lieu sous l’oeil attentif de la police, les réfugiés ont aussi reçu matelas, couvertures, pain et quelques dons des soutiens présents. La petite assemblée a chanté et dansé jusqu’à minuit passé.

Un jeune Soudanais originaire du Darfour explique que le collège occupé ne peut héberger tous les migrants à la rue dans le 18ème arrondissement et qu’il faut continuer à demander un hébergement d’urgence pour tous. Pendant qu’il étudiait le droit à Khartoum, le jeune homme a perdu plusieurs membres de sa famille dans les raids aériens gouvernementaux et les agressions de milices arabes anti-noirs Janjaweed. Incapable d’imaginer son avenir professionnel au service de l’Etat soudanais et craignant qu’il ne se fasse remarquer comme opposant à la guerre au Darfour dans la capitale, le jeune homme a préféré partir. Il donne des nouvelles à sa grand-mère par téléphone.

« L’Etat soudanais dépense tout ce qu’il perçoit dans la police et l’armée, le seul débouché économique que je voyais étaient les forces de sécurité, et si je m’étais fait envoyer au Darfour tirer sur les survivants de ma propre famille ? ». Selon lui, le Soudan est gouverné par « des marchands de guerre » dont les intérêts économiques sont tournés exclusivement vers la guerre, la division entre Arabes et noirs au Darfour ayant été au préalable cultivée par une discrimination de la région au regard des dépenses publiques.

Les agents de police présents, d’après les informations du comité de soutien des migrants de la Chapelle, ont pour ordre préfectoral d’encercler le campement, pas de l’évacuer. L’encerclement, selon certains posts Facebook, ferme le passage à des militants venus apporter des couvertures et des vivres. Les soutiens sur place, cependant, maintiennent qu’une évacuation n’est pas à exclure. En attendant, les nuits parisiennes s’étant nettement rafraîchies à la faveur du mois de septembre, les appels à contribution continuent à circuler sur davantage de vêtements chauds, de tapis de sol, de réchaux...

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