Clément Detry (avatar)

Clément Detry

Journaliste, correspondant au Mexique et en Amérique centrale

Abonné·e de Mediapart

52 Billets

1 Éditions

Billet de blog 9 décembre 2016

Clément Detry (avatar)

Clément Detry

Journaliste, correspondant au Mexique et en Amérique centrale

Abonné·e de Mediapart

Injure raciste sur des dollars US : "Les Mexicains sont la version humaine des rats"

Un Mexicain de Californie a partagé sur les réseaux sociaux l'image d'un billet d'un dollar américain. Sur le verso de la coupure est inscrite la légende : "les Mexicains sont la version humaine des rats".

Clément Detry (avatar)

Clément Detry

Journaliste, correspondant au Mexique et en Amérique centrale

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Billet d'un dollar contenant la mention "Mexicans are the human version of rats" © José Juarez

José Juarez, un Mexicain de San Diego en Californie, a obtenu samedi en faisant ses courses un billet d'un dollar étasunien contenant la mention "Les Mexicains sont la version humaine des rats" ("Mexicans are the human version of rats"). Il n'a partagé l'image sur les réseaux sociaux que quelques jours après, le 7 décembre dernier. Il explique à un journal local qu'il ne s'était pas aperçu plus tôt de la caractéristique du billet, le message étant inscrit sur le verso.

Illustration 2

Toujours à San Diego, un autre billet injurieux a été trouvée par une certaine Elena Blanco, qui a d'abord essayé d'effacer le message. Les deux coupures ont finalement été rapportées à des banques et retirées de la circulation monétaire.

Elena et Juan n'ont pas porté plainte. La justice étasunienne, traditionnellement, ne poursuit pas les personnes pour propos racistes et discriminatoires, considérant que ces propos sont protégés par le Premier Amendement de la Constitution de 1789. L'ordre juridique étasunien, en vertu du Premier Amendement relatif à la liberté d'expression et des grandes décisions de justice qui lui sont associées, est vu comme le plus protecteur au monde de la liberté d'expression. Pour le meilleur et pour le pire.

Illustration 3
La "carte de la haine" du SLPC © Southern Poverty Law Center

L'organisation de défense des droits civiques Southern Poverty Law Center (SPLC) a suivi les évènements consécutifs à la victoire électorale de Donald Trump et dénombré presque 900 actes d'intimidation et d'agression à caractère raciste ou discriminatoire en dix jours, du 8 au 18 novembre derniers. L'un des critères de classification de ces actes a été l'invocation du nom de Trump au cours de l'action. Les évènements se sont produits dans les écoles et sur les lieux de travail, dans la rue et dans les transports publics, sur la route et dans les magasins, parfois même au domicile des personnes. La plupart des actes d'intimidation et d'agression sont verbaux et écrits (graffitis) mais la part d'assauts physiques est, selon le SLPC, non négligeable. Rappelons également qu'à la fin de la campagne présidentielle, une église à fréquentation noire a été incendiée dans le Mississipi.

Illustration 4
Graffiti "Les vies de noirs n'importent pas et leur vote non plus". A Durham, Caroline du Nord.

De toute évidence, le racisme, la violence et les discriminations ne sont pas une nouveauté pour les multiples minorités qui peuplent les Etats-Unis. Mais les personnes témoignant dans le rapport du SLPC disent subir beaucoup plus de vexations spontanées de la part d'inconnus dans l'espace public. Exemple : une Américaine d'origine asiatique qu'un inconnu intime subitement de "rentrer chez elle" dans une gare à Oakland, Californie.

Autre nouveauté : la violation du domicile des personnes. Toujours durant la période dix jours qui a suivi le jour de l'élection présidentielle, l'appartement d'un noir a été vandalisé et ses murs barbouillés du tag "911 nigger". Le rapport du SLPC mentionne également un certain nombre d'agressions sexistes et homophobes d'un nouveau genre.

Illustration 5
"J'ai dû appeler les secours pour rentrer indemne chez moi. Parce qu'un groupe de bouffons blancs s'approprient la rue et crient "putains de noirs".

M. Donald Trump, dans une interview diffusée le 13 novembre dernier sur CBS news, s'est dit "surpris" d'apprendre que des personnes se considérant comme ses partisans pouvaient se permettre d'injurier et de menacer d'autres personnes juste parce qu'elles sont noire, latinos, homosexuelles... Sommé par les journaliste de CBS news de se positionner sur cette question, le futur président étasunien s'est tourné vers les caméras et a dit à ses troupes de "cesser" (le fameux "Stop it!", qui ne sera pas montré ici). Dans une interview pour le New York Times, il a "désavoué et condamné" tout ce qui se rapporte au mouvement suprématiste blanc ("I disavow and condemn them").

Les incidents rapportés au SPLC sur sa page #ReportHate ne représentent probablement qu'une faible proportion de l'ensemble des actes de haine dus à l'effet post-électoral. Selon le Bureau américain des statistiques judiciaires (Bureau of Justice statistics), les deux-tiers de ce que l'on appelle les "délits de haine" aux Etats-Unis (hate crimes) ne sont jamais rapportés à la police ou à une autre entité.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.