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Billet de blog 15 février 2017

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Il faudra plus que Donald Trump pour unir les Mexicains

Le message lancé pour unir la société mexicaine face au racisme de l’administration Trump a débouché sur une mobilisation hétérogène et divisée. Certains manifestants ont répondu à l’appel d’unité nationale du gouvernement, d’autres sont venus poursuivre le mouvement contre ce dernier.

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Manifestation #VibraMexico contre Donals Trump © Clement Detry

Tout a commencé lorsque des dizaines d’organisations sociales ont appelé les Mexicains à participer à une mobilisation apolitique en rejet des politiques xénophobes du président étasunien Donald Trump. L’appel, qui contient également des slogans anti-corruption et critiques de l’impunité de la classe politique, a été lancé dans le cadre d’un mouvement autonome puis repris sur Twitter (hashtag #VibraMéxico) par un grand nombre de personnalités, parmi lesquels des pilliers de cette même classe politique jugée corrompue et impunie :

- Isabelle Miranda de Wallace, présidente d’une ONG liée au Parti d’action nationale (PAN).

- Enrique Ochoa Reza, président du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI)

- Vicente Fox, président du Mexique de 2000 à 2006.

- Carlos Slim, milliardaire et intermédiaire de Donald Trump pour la vente de gaz à la Commission fédérale d’électricité (CFE) du Mexique.

- Le président actuel du Mexique, Enrique Peña Nieto.

Deux manifestations, en fin de compte, se sont mélangées bon gré mal gré en une seule devant la statue de l’Ange de l’Indépendance : d’une part le cortège #VibraMéxico, d’autre part le défilé #MexicanosUnidos.

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Manifestation #VibraMexico contre Donals Trump © Clement Detry

Le pari d’unité nationale raté du gouvernement a vu descendre dans la rue la communauté universitaire et les organisations de droits de l’homme, deux secteurs d’opposition tenaces.

Sur cinq manifestants interrogés au hasard, quatre ont tenu à exprimer une opposition ou une attente forte vis-à-vis de la politique intérieure et extérieure du gouvernement d'Enrique Peña Nieto.

“Je ne suis d’accord ni avec la posture de l’administration Trump, ni avec la manière dont notre gouvernement gère ce conflit. Je suis hostile à la politique menée par les personnes actuellement aux affaires dans mon pays”

“Nous manifestons pour la protection de notre pays et contre les mesures prises par le président étasunien. Nous demandons au gouvernement mexicain de défendre nos intérêts et au président d’agir courageusement dans cette situation. Ce dernier doit s’opposer fermement non seulement à la construction du mur frontalier, mais aussi à la violation des droits de nos concitoyens en territoire américain, aux pressions économiques, aux messages bellicistes… Il est temps pour M. Peña Nieto de prendre les devants et de montrer les dents au nom du peuple mexicain. Le moment est venu également d’aller à la rencontre des mobilisations contre la corruption et la hausse des prix et de faire naître l’unité” 

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Manifestation #VibraMexico contre Donald Trump © Clement Detry

“Nous sommes autant outrés par l’attitude de M. Trump que dégoûtés par notre classe politique, un ramassis de corrompus qui se paye notre tête. M. Peña Nieto se comporte vis-à-vis de Donald Trump comme un médiateur tiède et médiocre. Il y a eu deux convocations : une de la part des citoyens pour une manifestation libre et autonome et une autre de la part du gouvernement. Nous autres avons répondu à l’appel des organisation signataires de la convocation #VibraMéxico”.

“Aussi bien Donald Trump qu’Enrique Peña Nieto sont des ignares qui mènent une politique contraire aux exigences actuelles de développement scientifique et culturel. Le renforcement de la politique extérieure mexicaine face aux menaces de cet extrémiste ne sera possible qu’après avoir balayé devant notre porte et éradiqué la corruption”.

“La réforme énergétique, qui a libéralisé les prix du carburant, a été imposée par les Etats-Unis. Les deux mobilisations sont liées et la manifestation d’aujourd’hui est une marche ouverte”.

Le Département de sécurité intérieure des Etats-Unis a été chargé par l’administration du président élu de l’application d’une promesse phare de sa campagne : la construction d’un grand mur à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Les responsables étasuniens continuent cependant d’entretenir le flou sur les modalités et délais de mise en oeuvre du projet, ainsi que sur son coût.

Le peuple mexicain occupe régulièrement les rues, routes et infrastructures du pays depuis début janvier en vue de s’opposer à la hausse des prix de l’essence adoptée en début d’année. Cette augmentation soudaine de vingt pour-cents de tous les prix à la pompe a fait déborder un mécontentement plus général lié à la corruption, à l’impunité de la classe politique,  aux réformes structurelles et à la violence qui règne dans le pays.

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