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Billet de blog 27 mai 2024

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Projet de loi sur la fin de vie

À quelque 30 années d'intervalle, notre famille a pu constater la déshumanisation de la fin de vie, malgré toutes les annonces et les promesses des différents gouvernements. Comment un mourant devient, dans ses derniers jours, ses dernières heures, une marchandise destinée à « faire tourner » la boutique, malgré sa volonté « écrite » de ne pas faire l'objet d'acharnement thérapeutique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La fin de vie, au crépuscule de sa propre existence, on l'a forcément croisée, plusieurs fois.

Ayant oeuvré durant une dizaine d'années dans une Association de Soins Palliatifs, les échanges et les formations m'ont éclairé sur l'environnement de ces instants particuliers. Moments difficiles, pas toujours !

Mon père, en 1992, ensuite ma mère quinze mois plus tard, en 1993, ont été tour à tour vaincus par le cancer.

Vivant dans un petit village proche d'une ville de province, lorsque tous les soins possibles se sont avérés inopérants, c'est à domicile, dans leur maison qu'ont été organisés ces derniers jours appelés désormais « la fin de vie ».

Le jeune médecin de famille et la toute jeune infirmière libérale qui les suivaient n'ont pas passé le relais à l'hôpital, ils sont venus chaque jour, parfois le matin et soir, pour s'assurer de leur confort.

Ils sont également venus pour échanger avec nous, les enfants qui se sont relayés jusqu'au dernier souffle.

À un moment, il a fallu prendre des décisions difficiles, ils nous ont aidés à y réfléchir, ils ont progressivement usé de la pharmacologie à leur disposition pour sédater au mieux ces patients qui n'avaient pas encore 70 ans et dont le corps, pourtant, n'en pouvait plus.

Après le décès, ils sont restés un peu, aujourd'hui ils parlent encore parfois de ces moments avec ceux de la fratrie qu'ils côtoient.

En 2019, mon beau-père (78 ans), diabétique, a été hospitalisé dans une clinique de Charente-Maritime où un cancer de l'intestin a été découvert, il a aussitôt été opéré et mis sous chimiothérapie.

Une aggravation soudaine de son état l'a fait transporter à Bordeaux...

Et là, durant près de 3 mois, il est passé d'un service à l'autre, d'un hôpital à l'autre, sans qu'en soient expliquées ni les causes, ni les conséquences, à un point tel, que lorsque son épouse qui est restée sur place tout ce temps, arrivait le matin, elle se cassait parfois le nez sur une chambre vide et apprenait, seulement à ce moment qu'il avait été déplacé.

Il a même été question de l'amputer d'une jambe quelques jours avant son décès.

Le miracle s'est produit la veille de son envol définitif, il a enfin été admis en soins palliatifs, il était déjà dans le coma.

Son dossier médical doit additionner un nombre de cas intéressant et doit répondre à l'exigence de « gérer l'hôpital comme une entreprise ».

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